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Jean Cocteau à Menton : du poète reconnu à l'artiste incompris

Le musée Jean Cocteau à Menton propose "Démarche d'un poète", un nouveau parcours muséographique qui retrace en cinq séquences les grandes étapes de la vie du poète. S’appuyant sur les nombreuses œuvres et les documents issus de la collection Séverin Wunderman, l’exposition permet de mieux comprendre la complexité de l’homme et la richesse d’un parcours artistique qui ne fut pas toujours compris.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean Cocteau, un artiste multiple et un homme complexe. Ici, dans son appartement rue d'Anjou à Paris.
 (LIDO/SIPA)

Inauguré en 2011, le musée Cocteau de Menton possède la plus grande collection publique mondiale consacrée à l’artiste. Le musée a vu le jour grâce à la donation du milliardaire et collectionneur américain Séverin Wunderman. Manuscrits, tableaux, films, sculptures... Il possédait 990 œuvres signées de Cocteau.

  (France 3 Culturebox)
C’est sur elles que s’appuie le nouveau parcours muséographique du musée, divisé en 5 séquences :

- "Ecrire avec son sang" : le portrait du poète, de sa naissance artistique au mythe du personnage qu’il invente 
- "Rencontres" : l'importance de l'amitié et les collaborations fructueuses
- "Poétique de la peinture" : le passage de l'écriture à la peinture sous l'impulsion de Picasso 
- "L’Engagement solitaire" : l'incompréhension que suscita Cocteau
- "Rêves" : l'univers féérique et merveilleux de Cocteau

Un itinéraire qui permet de saisir toutes les nuances de la personnalité de Cocteau et l'incroyable richesse de son oeuvre.

Reportage : France 3 Côte d'Azur B. Peyrano / J. Sara

Un touche-à-tout qui dérangeait

Cocteau était avant tout poète mais aussi romancier, auteur de théâtre, critique, scénariste, dialoguiste, réalisateur de cinéma, acteur, dessinateur, peintre, créateur de costumes, de décors et de ballets. Un artiste total en somme mais ce que le grand public ignore, c'est que cette pluridisciplinarité lui a été souvent reprochée tout comme le caractère mondain de sa vie (Raymond Queneau avait cette boutade : "Un cocktail, des cocteaux") et son côté dandy qui cachait un homme profond, porté sur l’introspection.

Interviewé dans Libération en 1985, Jean Marais qui rencontra Cocteau en 1938, disait ceci :

Cocteau mondain? Il avait surtout envie de faire plaisir aux gens, même si c'était souvent dur, s'il se sentait malade, il se forçait. Il était aussi très sensible aux attaques personnelles, mais refusait le plus souvent d'y répondre."

  (France 3 Culturebox)

Critiques et brouilles

En matière de critiques, Cocteau ne fut effectivement pas épargné, notamment pour son film "Le sang d’un poète" (1930) ou sa pièce "Bacchus" (1951) qui fit scandale et créa la polémique. François Mauriac accusa violemment Cocteau de ridiculiser l’église catholique. L’artiste se brouilla également avec André Gide, Marcel Proust et les surréalistes.

A noter que le parcours du musée Cocteau reprend le titre d’un ouvrage publié par Jean Cocteau en 1953, en Allemagne  (et pas en France) "Démarche d’un poète", dans lequel il livre des réflexions sur les arts, la vie, le sexe, les rencontres, les désillusions... Il y parle notamment des critiques dont il est l’objet :

"On compte les marcheurs solitaires, parmi lesquels je me range, et ma promenade sera d’une solitude incompréhensible puisque n’empêchant pas qu’on me prête des intentions funestes, qu’on me les invente, que les phares me cherchent et qu’on m’accuse d’herboriser à gauche ou à droite de la route, d’y récolter des plantes inadmises par la pharmacopée."
 
Jean Cocteau, Démarche d’un poète (Der Lebensweg eines Dichters, 1953), réédition Bernard Grasset, 2013
  (DR)

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