Dans la maison-atelier de Foujita à Villiers-le-Bâcle
Lunettes rondes, coupe au bol, tenues excentriques et esprit de fête, Foujita (1886-1968) laisse une empreinte indélébile dans le milieu de l'art. Du triomphe des Années folles à Montparnasse aux peintures religieuses de la fin de sa vie, Foujita reste une figure artistique unique en son genre. En 1960, il achète une petite maison à Villiers-le-Bâcle, dans la vallée de Chevreuse, où il aspire à une retraite mystique et artistique avec sa femme, recevant seulement de très bons et vieux amis. Cette modeste maison-atelier se visite le week-end sur réservation.
Reportage : C. Laronce / M. Berrurier / X. Deperthes / G. Pinol / D. turpin / G. Orain / S. Lacombe
Montparnasse et les Années Folles
Foujita arrive de son Japon natal en 1913, à 27 ans. Un rêve pour le jeune homme, fils de militaire. Il débarque dans le quartier de Montparnasse et fait la connaissance du peintre chilien Manuel Ortiz de Zarate qui l'entraîne chez Picasso. Il devient l'une des stars de l'Ecole de Paris et fréquente tout le milieu artistique de l'époque.
Modigliani, Fernand Léger, Matisse mais aussi Soutine, Paris est une fête sans fin. ll rencontre sa première femme, Fernande Barrey à la Cité Falguière et l'installe chez lui. Dans leur appartement, une baignoire et l'eau chaude font le bonheur de ses modèles, dont Kiki de Montparnasse qui devient l'une de ses muses. Jusque dans les années 1930, il mène une vie de bohème à l'image de celle qu'il se faisait de Paris.
Après de nombreuses conquêtes amoureuses et un gros chagrin d'amour, le peintre rentre chez lui au Japon où il rencontre sa dernière et cinquième épouse Kimiyo. Apaisé et détaché, Foujita revient en France en 1950 avec son nouvel amour.
Un havre de paix après la fête
C'est en 1960 dans ce site préservé de la vallée de Chevreuse que l'artiste se régénère. Au dernier étage, l’atelier est conservé intact. Pinceaux, pigments, maquettes et peintures murales laissent un indice précieux de la préparation de l’œuvre réalisée dans la chapelle Notre Dame de la Paix à Reims. Des objets chinés dans le monde entier habitent les lieux et rappellent la personnalité excentrique du "Maître du trait".
La maison a conservé l’atmosphère intime du peintre de l'Ecole de Paris, le curieux peut notamment dénicher de drôles de petits détails. Comme cet adhésif collé au-dessus de la cheminée qui célèbre la première nuit d'amour avec Kimiyo en ces lieux en 1961.
Né au Japon, mort en Suisse et enterré dans une de ses oeuvres, la chapelle Foujita de Reims, il a entre-temps choisi la nationalité française et la religion catholique. Une grande rétrospective lui sera consacré à Reims cet automne.
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