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"C’est un bonheur d’être de nouveau dans un musée" : à Paris, le musée Jacquemart-André rouvre et prolonge l’exposition Turner

L’exposition composée de prêts de la Tate Britain de Londres se poursuit jusqu’au 11 janvier 2021.

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Une visiteuse de l'exposition Turner le jour de la réouverture du musée Jacquemart-André à Paris. L'exposition avait fermé le 14 mars après un week-end d'ouverture.  (Manon Botticelli / Franceinfo Culture)

C’est comme s’il avait fermé hier. Au musée Jacquemart-André, rouvert ce 26 mai, des éléments viennent néanmoins rappeler que les temps ont changé : le plexiglas à l’accueil, le nombre limité de visiteurs, tous portant un masque... Ils étaient un petit nombre le matin de la réouverture à retrouver les collections de cet hôtel particulier du XIXe siècle. "Quand j’ai vu les réservations sur internet, j’ai sauté dessus", raconte Françoise, une des premières visiteuses de la journée. Pour elle, direction l’exposition Turner, prolongée jusqu’au 11 janvier 2021. "C’est un bonheur d’être de nouveau dans un musée", s'exclame-t-elle.

Les visiteurs comptent bien profiter de l’affluence réduite dans les salles d’exposition. "On apprécie de retrouver ce lieu si silencieux", commente Nicole, croisée à l'accueil. Pour beaucoup, il s’agit de la première sortie culturelle post-confinement. Le musée Jacquemart-André, situé au cœur du 8e arrondissement, est l’un des rares musées parisiens ayant été autorisé à accueillir du public pour l’instant.

Visite limitée à une heure

La fermeture, le 14 mars dernier, a été difficile pour ce musée qui avait inauguré depuis deux jours à peine une exposition très attendue : Turner. Peintures et aquarelles, une rétrospective du peintre romantique anglais composée d'oeuvres prêtées par la Tate Britain de Londres. "C’était une vraie frustration pour les équipes de devoir fermer aussi rapidement", se souvient Foulques d’Aboville, directeur Île-de-France de Culturespaces, l'entreprise qui gère le musée Jacquemart-André.

Françoise et Nicole étaient les premières à pouvoir admirer les toiles du peintre anglais J. M. W. Turner, depuis la réouverture du musée Jacquemart-André ce mardi 26 mai.  (MANON BOTICELLI / FRANCEINFO)

Point positif, pas de foule devant les toiles du maître britannique. Le nombre de personnes dans l'exposition est limité à 60 et le temps de présence à une heure. Ces restrictions sont censées garantir un espace de 4 mètres carrés par visiteur. Pour éviter les files d’attente, les réservations sont obligatoires avec un créneau toutes les quinze minutes. Le port du masque est exigé et une prise de température effectuée à l’entrée du musée. Les horaires d'ouverture ont été décalés pour éviter au public et personnel les heures de pointe dans le métro. C’est cet ensemble de mesures qui a permis au musée de rouvrir.

"Nous avons présenté notre plan à la Préfecture de Police début mai, envoyé un dossier à la DRAC [direction régionale des affaires culturelles ndlr] et à la Ville de Paris. Une équipe de la Préfecture est ensuite venue visiter les lieux", explique Foulques d’Aboville. Le musée a ainsi pu obtenir une dérogation, comme le prévoit le décret publié le 11 mai par le gouvernement. 

Après plus de deux mois de portes closes, la réouverture prenait un caractère "urgent" pour ce musée privé qui fonctionne sans fonds publics. Autre point de discussion, le prolongement des prêts Turner par la Tate Britain (toujours fermée à l'heure actuelle), une négociation qui s'est faite "en bonne intelligence", témoigne Foulques d'Aboville. Au grand soulagement du public : "J’étais angoissée à l’idée que les tableaux ne partent avant que j’aie pu les voir", souffle Marie Pierre, visiteuse de la première heure.

Voyage en terre romantique

Effectivement, elles n’ont pas bougé. Disposées dans un parcours chronologique de huit salles, les oeuvres de Joseph Mallord William Turner appellent au voyage. Ses paysages lumineux nous emmènent dans la campagne anglaise, en passant par les Alpes et la lagune vénitienne. C’est au fil de ses voyages que le peintre évolue. Au début, il réalise des peintures d’architecture académiques. En 1802, la paix d’Amiens lui permet de visiter l’Europe. C’est l’Italie qui va marquer le plus profondément son œuvre. "C’est comme si la lumière du Sud l’avait électrisé", expliquait le conservateur Pierre Curie à l’ouverture de l’exposition en mars dernier.

"C’est extraordinaire" s’extasie Françoise, rencontrée devant la grande huile Le Rameau d’or (1834). "Ce n'est pas tous les jours qu'on peut aller à Londres", plaisante-t-elle. Toutes les oeuvres de l'exposition ont été prêtées par la Tate Britain de Londres.  (Manon Botticelli / Franceinfo Culture)

"Il y a un Turner officiel, qui peint des tableaux d’histoire jusqu’à la fin de sa vie, et puis il y a l’expérimentateur, qui essaye des choses de plus en plus audacieuses", continuait-il. L’exposition confronte ces deux facettes avec une dizaine de toiles exposées de son vivant et une soixantaine d’aquarelles "personnelles", ses supports d'expérimentation artistique. 20 000 de ses dessins et aquarelles ont été légués à la National Gallery après sa mort. Certaines sont tellement modernes qu'elles ont fait penser que Turner fut un précurseur de l’impressionnisme. Pierre Curie corrige : "C’est une idée fausse. En revanche, l’impressionnisme a offert un nouveau regard sur sa peinture et a permis qu’on redécouvre ces œuvres".

Pas d'impressionnisme chez Turner donc. Le spectateur en trouvera en revanche dans un autre lieu culturel parisien fraîchement rouvert : l’Atelier des Lumières, également géré par Culturespaces. Son exposition immersive Monet, Renoir... Chagall. Voyages en Méditerranée, fermée en mars quelques semaines après son ouverture, profite également d’un deuxième départ. Elle est visible jusqu’au 3 janvier 2021.

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