Avignon : Raoul Dufy, une légèreté très travaillée à découvrir dans une collection unique
Cette exposition a vu le jour grâce à un collectionneur suisse qui "tient à garder l’anonymat" comme le précise Lauren Laz, la directrice du musée Angladon - Collection Jacques Doucet. Les 52 œuvres exposées proviennent toutes de sa collection. Pour le public, c’est l’occasion unique de découvrir des toiles qui – à part pour deux d’entre elles – n’ont jamais été exposées.
Autre intérêt de l’exposition : elle offre une vision du travail de Raoul Dufy de 1910 jusqu'à sa mort en 1953 et une vision de tous les thèmes chers à l’artiste : scènes de rue, salles de spectacle, champ de courses, ports et plages, ateliers, fenêtres ouvertes sur le paysage...
Une "sérieuse" légèreté
Dans toutes ces toiles, la même délicatesse des couleurs et ce trait où l’effort semble invisible. Facile d’accès par son apparente légèreté, la peinture de Dufy et sa démarche artistique sont pourtant le fruit d’un acte "sérieux", réfléchi où l’artiste a observé, ressenti, digéré le monde qui l’entourait pour en extraire l’énergie vitale, positive.Mes yeux sont faits pour effacer ce qui est laid."
Raoul Dufy
Et de la laideur, il y en eu beaucoup durant la période qui correspond aux toiles exposées (1910-1953). Chez Dufy, il ne faut donc pas confondre légèreté et œuvre légère. "Le coloris est trop puissant pour ne pas lutter contre la grisaille de ces cinquante premières années profondément troubles du XXe siècle" souligne Lauren Laz.
Reportage : France 3 Provence-Alpes - F. Poret / O. Ducros-Renaudin / L. Patris De Breuil Grâce au prêt de cette collection privée, on découvre tous les registres thématiques mais aussi techniques de Dufy et parfois des aspects méconnus de son travail. C’est le cas des estampes dont la série composée pour "Le Bestiaire" de Guillaume Apollinaire, un long poème que le peintre a illustré en 1910 (un travail refusé par Picasso).
Autre collaboration pour des décors de théâtre, des études pour tapisserie ou pour la publicité. L’exposition montre aussi des dessins, gouaches et aquarelles pris sur le vif et qui témoignent de sa collaboration avec le couturier Paul Poiret.
Le sud de la France, un havre de paix et de création
Natif du Havre, Raoul Dufy a trouvé dans le sud de la France une terre et une lumière à la hauteur de sa vision artistique. Si la Méditerranée et sa Riviera l’ont beaucoup influencé, il a aussi trouvé dans le ciel de Haute-Provence une pureté très inspirante.
Installé à Forcalquier où il vécut de septembre 1952 jusqu’à sa mort en mars 1953 (il avait 76 ans), le peintre a trouvé dans cette région plusieurs choses : un air pur et sec qui ont soulagé les douleurs causées par la polyarthrite rhumatoïde dont il souffrait depuis plus de 10 ans et une lumière, des paysages et des couleurs qui ne pouvaient que le fasciner.
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