Au Louvre, Macron présente au prince héritier saoudien "La Liberté guidant le peuple"
Dimanche soir, le président Macron a fait visiter au prince Mohammed ben Salmane, en voyage officiel en France, l'une des expositions les plus en vues à Paris: la rétrospective de l'oeuvre d'un géant de la peinture française, Eugène Delacroix (1798-1863), au musée du Louvre.
"Le président a souhaité accueillir dans le cadre d'un dîner privé le prince au Louvre, haut lieu du patrimoine culturel français, à l'occasion du lancement de l'exposition Delacroix, peintre connu notamment pour son célèbre tableau 'La Liberté guidant le peuple'", a déclaré à l'AFP une source à l'Elysée.
"C'est un tableau à la fois allégorique et révolutionnaire qui fait l'apologie de la République", souligne auprès de l'AFP François Géré, président de l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS). Lundi soir, M. Macron a tweeté une photo de lui même et du prince en train de contempler le tableau.
https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/983388458436694017
Cette huile sur toile historique a été réalisée en 1830 et inspirée de la révolution des Trois Glorieuses en France. Au centre de l'oeuvre, une fille du peuple, les seins nus, brandit un drapeau tricolore au sommet de barricades, au milieu d'une foule d'émeutiers à Paris.
Un message au prince héritier saoudien ?
Un message politique symbolique à destination du prince héritier d'une monarchie absolue, royaume conservateur au pouvoir autoritaire, dont la société reste dominée par une vision rigoriste de l'islam. "C'est l'action du peuple, c'est l'idée de la République, c'est la liberté et l'union de toutes les classes sociales autour de cela", analyse encore M. Géré, pour qui le fait de montrer ce tableau au prince peut vouloir dire : "vous êtes un réformateur(...) je vous présente quelque chose qui est susceptible de vous inspirer".Le prince, âgé de 32 ans, est en pleine offensive de séduction des Occidentaux pour projeter une image un peu plus libérale de son royaume, même si les ONGs continuent à accuser le royaume wahhabite de multiples violations des droits de l'Homme et de la presse.
Coopération culturelle avec l'Arabie Saoudite
Après la visite du Louvre, le président Macron et le prince ont dîné en tête-à-tête dans un restaurant du musée. Une source au sein de la délégation saoudienne a déclaré que la visite du Louvre a été proposée par les services de M. Macron après que le prince eut annulé une visite culturelle initialement prévue à Marseille (sud-est).La visite du Louvre était en accord avec l'un des principaux thèmes de cette visite de trois jours en France, la coopération culturelle, a souligné la source saoudienne, qui a souhaité garder l'anonymat. Un accord a été signé avec l'Opéra de Paris pour aider l'Arabie saoudite dans l'élaboration d'un orchestre national et d'un opéra. "Et qui mieux que le Louvre peut communiquer cette idée de coopération culturelle?", a poursuivi cette source. "Cela démontre un style français impeccable en terme de politique du +soft power+ pour laquelle la France est célèbre."
Macron cultive la diplomatie à coup de symboles
Depuis son élection en mai 2017, M. Macron a savamment manié les symboles pour renforcer sa politique diplomatique et sa stature à l'international. Le président russe Vladimir Poutine a ainsi eu droit à la visite d'une exposition au château de Versailles (près de Paris) en mai 2017 pour le 300e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Russie, tandis que le président américain Donald Trump a été invité à assister à un défilé militaire et à un dîner dans un restaurant étoilé sur la célèbre Tour Eiffel en juillet dernier.Lors de sa visite en Chine en janvier, M. Macron a offert à son homologue Xi Jinping un cheval de la Garde républicaine française, prénommé "Vésuve du Brekka". Une "diplomatie du cheval" qui semblait répondre à la "diplomatie du panda" pratiquée depuis des décennies par les dirigeants chinois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.