Paris propose de sauvegarder les créations et les archives de Sonia Rykiel après la liquidation de sa maison
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé le 25 juillet la liquidation immédiate de la société. Le stock et les fonds de commerce, mais aussi et surtout le nom Sonia Rykiel, doivent être vendus en tant qu'actifs.
La mairie de Paris a incité le 26 août le ministère de la Culture à sauvegarder les créations de Sonia Rykiel, dont la liquidation a été prononcée cet été, que la ville pourrait accueillir dans son Musée de la mode, le Palais Galliera.
Pour Christophe Girard, l'adjoint à la Culture de la maire de Paris, "il convient d'éviter à tout prix" que ne soient dispersés les vêtements, accessoires et archives du fonds Sonia Rykiel, rassemblés par sa fille depuis 2007, souligne-t-il dans une lettre à Franck Riester dont l'AFP a eu copie.
"Conformément aux souhaits de la maison Rykiel, nous sommes parfaitement disposés à l'accueillir au sein du Palais Galliera. Cela permettrait non seulement de le conserver dans des conditions optimales mais aussi de le valoriser culturellement et scientifiquement", propose Christophe Girard.
La Ville de Paris a déjà inauguré en 2018 une "allée Sonia-Rykiel", entre la rue de Rennes et la rue de Sèvres.
Liquidation de la société en juillet 2019
Après le décès de l'icône du style parisien le 25 août 2016, l'accumulation de pertes financières et un essoufflement créatif ont eu raison de sa maison, sa notoriété ne lui ayant pas permis d'éviter la liquidation.
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé le 25 juillet la liquidation immédiate de la société qui employait 134 salariés. Le stock et les fonds de commerce mais aussi et surtout le nom "Sonia Rykiel" doivent être vendus en tant qu'actifs. Christophe Girard en appelle "à la vigilance du ministre", "en espérant que le liquidateur puisse accepter cette alternative".
La reine du tricot
Sonia Rykiel, surnommée "la reine du tricot", a marqué de son empreinte la mode en mettant notamment au goût du jour le pull-over. Le noir, les rayures, l’envers mais aussi les matières comme l’éponge, dont elle sait faire les joggings les plus élégants, les dentelles et les fourrures évoquent aussi le vocabulaire poétique de cette créatrice qui aimait jouer avec les mots qui devenaient des inscriptions et des slogans poétiques sur ses vêtements.
Sonia Rykiel avait fait ses débuts de créatrice dans les années 50, en lançant ses premiers pull-overs. Dès 1962, elle dessine et fait confectionner ses premières robes de future maman et ses tricots ajustés montrant les courbes féminines. Elle fonde sa maison en mai 1968 avec sa première boutique installée à Saint-Germain-des-Près. La maille devient sa matière de prédilection : elle crée des mini-pulls dont elle chamboule les proportions. En 1974, elle invente la "démode" et propose une nouvelle philosophie faite de coutures à l'envers, de "pas d'ourlé", de "pas doublé". Cette pionnière utilise le noir à la fin des années pop : couleur synonyme pour elle de séduction et de liberté, elle bouscule l’élégance bourgeoise des années 70. Ce noir signe par là même la modernité de la maison, bien avant que les créateurs japonais, puis belges ne s’en emparent.
Pendant plus de 40 ans, la maison Sonia Rykiel a été une affaire familiale dirigée par sa fondatrice mais en 2012 la créatrice est malade, sa fille Nathalie a pris progressivement le relais dans la maison. Elle finit par céder la marque à une famille hongkongaise. Les actionnaires vont injecter 200 millions d'euros mais rien n'y fait. Sonia n'est plus là, sa fantaisie non plus et les clientes ne suivent plus.
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