#MeToo : "Homme violent" ou "homme de son temps", un musée de Barcelone débat du rapport aux femmes de Pablo Picasso
Accusé d'avoir été misogyne voire agressif avec les différentes compagnes de sa vie, Pablo Picasso voit son image écornée par le mouvement MeToo. Le musée qui lui est dédié à Barcelone a organisé cette semaine un séminaire sur son rapport aux femmes.
Il s'agit certainement de l'un des plus grands peintres de tous les temps. Plus de cinquante ans après sa mort, l'image de Pablo Picasso est cependant écornée par le mouvement #MeToo. Le peintre est souvent dépeint, depuis quelques années, comme un homme qui fut misogyne, agressif, pervers ou encore violent.
En juin 2021, des féministes organisaient une manifestation en plein cœur du musée Picasso de Barcelone, pour dénoncer "un artiste agresseur de femmes".
Dans un podcast écouté par plus de 250 000 personnes en France, Picasso est décrit comme un homme violent jaloux et pervers.
Pablo Picasso, un "égocentrique"
Pour tenter de répondre aux critiques, le musée qui lui est dédié à Barcelone a organisé, dans la semaine du 7 au 14 mai, un séminaire sur le rapport du peintre avec les femmes. Androula Michael, maîtresse de conférences en art contemporain chez Université de Picardie Jules Verne, était présente à ce séminaire : "Picasso était bien sûr quelqu'un d'égocentrique, qui n'était peut-être pas un homme exemplaire en tant qu'époux ou en tant que père, estime-t-elle. Cependant, nous n'avons pas de preuve pour l'accuser, le condamner."
Pour Androula Michael, les critiques à l'encontre de Pablo Picasso tombent même parfois dans l’erreur de l’anachronisme. Elle prend l'exemple du tableau "La femme qui pleure", datant de 1937 : "Il ne s'agit pas d'une femme qui subit des violences. Il faut connaître le contexte de 1937, avec la guerre civile."
"Il faut reposer chaque fois le contexte avant d'énoncer des lieux communs."
Androula Michael, maîtresse de conférence en art contemporainà franceinfo
Loin d'être un procès, le séminaire sur Picasso a permis d’engager un débat contradictoire et à bonne distance sur l’artiste. Pour le directeur du musée Picasso de Barcelone, Emmanuel Guigon, le lieu d'exposition ne pouvait pas faire l’économie d’un débat. "Nous ne sommes pas là pour créer des caricatures. Le débat autour de Metoo est tout à fait pertinent." Le directeur ajoute : "Que Picasso ait été violent avec les femmes, je n'y crois pas. Qu'il ait été un homme de son temps, du 18ème siècle, andalou, sans doute très séducteur, ça va de soi."
Il sera désormais, sans doute, de plus en plus difficile d’organiser des expositions sur Picasso sans évoquer sa vie privée. À Barcelone, le musée a peut-être trouvé la bonne méthode : débattre des sujets qui fâchent, en multipliant les points de vue.
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