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"Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo à Eugène Viollet-le-Duc" : la Crypte archéologique rouvre avec une exposition hommage à la cathédrale

Fermée depuis l'incendie de la cathédrale, la Crypte archéologique de l'île de la Cité a rouvert mercredi 9 septembre. 

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Charles Nègre (1820-1880), Le Stryge, vers 1853tirage sur papier salé.  (Musée d’Orsay)

L’idée vient au lendemain de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, explique Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet-Histoire de Paris et de la Crypte archéologique. Elle est formulée par Delphine Lévy, ancienne directrice de Paris Musées, décédée en juillet dernier. "Elle m’a demandé d’organiser une exposition hommage. J’ai évoqué les premiers photographes de la cathédrale au XIXe siècle dont nous conservons les oeuvres au Musée Carnavalet. Elle s’est écriée alors ‘Ajoutons le roman de Victor Hugo !". C’est ainsi qu’est née l’exposition Notre-Dame de Paris, De Victor Hugo à Eugène Viollet-Le-Duc, parcours littéraire et photographique présentant la cathédrale telle que le romancier et l'architecte l'ont imaginée et transformée au XIXe siècle. 

L'exposition inaugure la réouverture de la Crypte archéologique de l'île de la Cité, mercredi 9 septembre. Située sous le parvis Notre-Dame, elle avait fermé ses portes à la suite de l’incendie. Rien n’a été endommagé mais des analyses au plomb ont été effectuées et les vestiges conservés dans la crypte ont dû être examinés. "Il y a également eu la pandémie qui a stoppé les opérations", ajoute Valérie Guillaume.

Victor Hugo sauveur de Notre-Dame 

L’exposition ne présente pas de manière exhaustive l’histoire de Notre-Dame mais se concentre sur le XIX siècle, une époque charnière. Vandalisée pendant la Révolution, mal-aimée pour son style gothique considéré comme "barbare", la cathédrale est menacée de destruction. C’est le roman Notre-Dame de Paris, publié en 1831, qui "sauvera" le monument. "Victor Hugo a soulevé un engouement populaire qui a permis de réunir des fonds pour le préserver", explique Vincent Gille, conservateur à la maison Victor Hugo. C’est donc avec l’histoire de cet ouvrage, commandé par un éditeur qui souhaitait "un roman à la Walter Scott", que s'ouvre le parcours.

François-Nicolas Chifflart (1825-1901). "Les Truands assiégeant Notre-Dame de Paris". Paris, Maison de Victor Hugo. (Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey)

Trois dessins de la cathédrale signés de l'écrivain sont notamment présentés. Comme toutes les œuvres de l’exposition, il s’agit de reproductions, l'humidité et la température de la crypte ne permettant pas une bonne conservation de ces pièces précieuses et anciennes. On retrouve également des peintures représentant les personnages qui hantent la cathédrale de Victor Hugo, le bossu Quasimodo et La Esmeralda, jeune gitane objet de tous les désirs. Une gouache sur papier de François-Nicolas Chifflart revient notamment sur l'incendie qui a marqué cette Notre-Dame imaginaire : celui où Quasimodo déverse du plomb en fusion sur le parvis au moyen d’un feu allumé dans la galerie. Un acte visant à protéger Esmeralda réfugiée dans l'édifice.

La cathédrale au temps des premiers photographes

L’exposition présente ensuite les travaux de restauration conduits par Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus à partir de 1844, rendus possible grâce à l’engouement suscité par le roman. On découvre ces travaux par le biais de photographies, une technique alors à ses prémices : Charles Nègre, Edouard Baldus, Charles Marville ou encore Gustave Le Gray ont immortalisé le monument et son évolution au fur et à mesure du chantier qui durera vingt ans. Un focus est proposé sur la flèche conçue par Viollet-le-Duc, détruite lors de l’incendie de 2019.

Charles Marville (1813-1879), Flèche de Notre-Dame en plomb et cuivre martelé, vers 1860. Tirage sur papier albuminéVue de la flèche conçue par Viollet-le-Duc (Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris)

Un ajout, une chimère sculptée qui veille sur Paris du haut de la tour nord, témoigne de l’influence qu'a eue Victor Hugo sur la restauration de la cathédrale. Le Stryge de Viollet-le-Duc serait directement "inspiré du récit de Victor Hugo", explique Vincent Gille, notamment grâce à des illustrations qui accompagnent le texte. "Le mot stryge vient du latin striga, qui signifie sorcière. C'est l’accusation portée contre Esmeralda", continue le conservateur. La bête incarnerait également Quasimodo, assimilé à une "gargouille" ou encore l'archidiacre Claude Frollo, que l'on retrouve placé au même endroit dans un passage du roman.

Une autre vision du parvis

Les oeuvres sont accompagnées de dispositifs numériques permettant de découvrir les évolutions de la cathédrale en 3D au cours de sa construction. A chaque étape de l'exposition, on retrouve également un pupitre placé à hauteur d'enfant qui résume et simplifie les explications du parcours pour le jeune public. 

L'exposition "Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo à Eugène Viollet-le-Duc" à la Crypte archéologique de l'Ile de la Cité.  (FRANCEINFO CULTURE / MANON BOTTICELLI)

Le parcours "Notre Dame" entoure les vestiges conservés dans la crypte : on peut apercevoir, parmi les ruines, un rempart datant du IVe siècle. On y retrouve également des traces de bâtiments présents autour de la cathédrale au Moyen-Age et leurs évolutions au XVIIIe siècle, encore visibles du temps du Victor Hugo. Les grands travaux commandés par le préfet Haussmann dégageront le parvis pendant la deuxième moitié du XIXe siècle. "En sous-terrain, nous avons la vision que Victor Hugo avait, avec des bâtisses autour de la cathédrale", explique Valérie Guillaume. "C’est cet avant-après que l’exposition permet de voir".

"Notre-Dame de Paris, De Victor Hugo à Eugène Viollet-le-Duc" - Crypte archéologique de l'île de la Cité à Paris (Plein tarif : 9 € / Tarif réduit : 7 € / Gratuit pour les moins de 18 ans) - Réservation en ligne conseillée. 

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