Une plongée dans les rêves et les désirs des habitants des XIVe et XVe arrondissements de Marseille. L’exposition Le désir de regarder loin est présentée au fort Saint-Jean et au Centre de conservation et de ressources (CCR), deux sites du Mucem, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Elle est le fruit des trois années de résidence de l’artiste italienne Ilaria Turba au ZEF- scène nationale de Marseille. L’artiste a organisé des ateliers participatifs dans les quartiers nord proches du Merlan (scène nationale) et de la Gare Franche (maison d’artiste). Avec une question au cœur de sa démarche : comment rendre sensibles et visibles les désirs immatériels ? L’un de ces ateliers a conduit les habitants à produire des pains rituels, ou "pains du désir". Inspirée par la collection de pains rituels du Mucem, autrefois utilisés lors d’événements festifs ou religieux, l’artiste a proposé aux habitants de façonner un pain ayant la forme de leurs désirs. "Ce sont des pains qui racontent des désirs, donc ils racontent des petites histoires", décrit l’artiste Ilaria Turba. "Ils ont été fabriqués collectivement dans des ateliers à la Gare Franche".Des porte-bonheursMatérialiser ces désirs, pour ensuite autoriser chacun à regarder plus loin. "Notre génération, ma génération en particulier, n’arrive plus à prendre le temps de regarder loin", avance Ilaria Turba. "Nous sommes tout le temps en train de regarder notre téléphone, notre ordinateur. Cette idée de prendre le temps et de voir autrement, pour moi, c’est un peu la base pour construire ensemble notre futur".Voir cette publication sur InstagramUne publication partagée par Mucem (@mucem_officiel)En parallèle, la plasticienne s'est plongée dans les réserves du Mucem à la recherche d'anciens porte-bonheurs et surtout de l'émotion cachée derrière ces artefacts. "On a dans nos réserves des objets posés sur nos étagères", avance Émilie Girard, conservatrice du patrimoine. "Tout le travail d’Ilaria consiste à faire ressortir les personnes qui ont fabriqué ces objets, les sentiments qu’elles y ont mis. C’est quelque chose qui est intrinsèque au travail de l’ethnologue qui va collecter ces objets et raconter leur histoire. La démarche d’Ilaria, l’artiste, et la nôtre, les conservateurs, est finalement assez proche." Sur les traces du projet au fort Saint-JeanEn résonance avec ces objets du passé, l’artiste a réalisé des "amulettes contemporaines". Sous la forme de petites plaques de métal avec des motifs choisis par les participants des ateliers, ces amulettes ont été fabriquées dans la rue en juillet dernier, avec la collaboration de l’artiste Ettore Tripodi. Elles seront mises en jeu lors d’une "Loterie des désirs", mi-septembre, avant la clôture de l’exposition.Au fort Saint-Jean, les visiteurs pourront retracer ce projet multiforme étape par étape, grâce à des installations, photographies, enregistrements audio et vidéo. Des médiateurs seront présents pour recueillir les désirs des visiteurs, les transposer en affiche et ainsi prolonger la dimension participative de l'exposition. A voir jusqu'au 27 septembre prochain. "Le désir de regarder loin"Jusqu'au 27 septembreMucem, fort Saint-Jean - Galerie haute des OfficiersJusqu'au 5 juillet 2021 de 10h à 19hDu 7 juillet au 30 août 2021 de 10h à 20hCentre de Conservation et de Ressources (CCR)En accès libre du lundi au vendredi de 14h à 17h et sur rendez-vous de 9h à 12h30