Mémorial de Caen : Le "pop art" s'expose pour raconter les bouleversements de la société de 1960 à 1975
Arroyo, Erró, Fromanger, Grau, Messac, Rancillac, Télémaque... Des pièces des plus grands artistes de ce courant, possédées par la fondation Gandur pour l'Art du milliardaire suisse Jean-Claude Gandur, sont exposées au Mémorial de Caen jusqu'au 31 décembre pour l'exposition événement Années pop, années choc 1960-1975. "Télémaque et Rancillac sont les fondateurs, ils sont très importants pour comprendre ce courant", a déclaré à l'AFP Yan Schubert, co-commissaire de l'exposition. Ces artistes se réclament de la "figuration narrative" (...) "ils ne voulaient pas être assimilés à la pop américaine, trop consumériste, leur œuvre est beaucoup plus politique, c'est ce qui fait leur originalité", ajoute-t-il.
Parmi les dix thèmes retenus dans le parcours de l'exposition : "Guerre du Vietnam", "idéologies et affrontements", "juger les criminels nazis", "sociétés divisées", "Franquisme" ou encore "Mai 68". Le Français Fernand Teyssier envoie le message de "la classe ouvrière dézinguée par les US" selon M. Schubert avec La mort de Marat. Un tableau représentant trois membres d'un complexe militaro-industriel devant le drapeau des Etats-Unis surmontant le corps de Marat qui tient dans ses mains une lettre barrée du mot "Prolétariat".
Le collage Silenci de l'artiste espagnole Eulàlia Grau touche immédiatement au but : au premier plan des oiseaux morts, un champignon nucléaire en toile de fond et au milieu deux hommes assis lisant calmement le journal, le danger nucléaire était partout en 1973 mais le monde détournait le regard.
26 artistes exposés
Soixante-neuf pièces de vingt-six artistes de toutes nationalités ayant tous travaillé en France, piochées parmi les 350 œuvres de la collection privée de Jean-Claude Gandur. "Je salue le courage de ces artistes d'avoir écrit une page immédiate d'histoire", a déclaré le collectionneur de 74 ans à l'AFP, en se remémorant cette époque de lutte pendant laquelle il a "pris des coups de matraque".
Ces pièces sont exceptionnelles par leur rareté, la fondation n'ayant pas d'espace d'exposition propre avant peut-être l'ouverture d'un musée dans les années qui viennent, pour lequel la ville de Caen est toujours en compétition avec Strasbourg et Bordeaux. "Il s'agira d'un espace culturel avec de la danse, de la musique, des arts visuels, et cette envie de mettre à disposition de tout le monde mon patrimoine" a expliqué Jean-Claude Gandur, collectionneur depuis ses 17 ans et une "amulette égyptienne achetée avec mon argent de poche".
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