Lieux culturels fermés : "Continuer à jouer, ne jamais céder"
Afin de respecter les consignes de sécurité du ministère de la Culture après les attentats, la plupart des établissements culturels publics parisiens resteront fermés dimanche. Il en sera de même pour de nombreux lieux privés. Le ministère recommande leur fermeture ou alors leur demande de renforcer leurs mesures de sécurité. La fermeture pour respecter le deuil, assurer une sécurité maximale, ou alors, l'ouverture des portes des salles, comme un pied de nez aux terroristes, le choix n'est pas facile pour les acteurs du monde de la culture.
L'homme de théâtre "doit continuer à jouer, ne jamais céder"
Jouer pour marquer sa résistance face à la barbarie. C'est la volonté d'Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Théâtre de la Ville et du festival d'Automne à Paris. Il va tout de même appliquer la mesure du ministère mais veut rouvrir au plus vite. "La responsabilité d'un homme de théâtre ou de la culture, c'est de continuer à jouer, de ne jamais céder " estime M. Demarcy-Mota. "Je peux comprendre " que le ministère appelle à la fermeture, dit-il, car "le premier enjeu c'est la mise en sécurité des personnes qui travaillent et du public pour pouvoir ouvrir dès lundi ". Pour le directeur du théâtre de la Ville, en tant qu'artiste, il "doit continuer à parler ".
"Que voulez-vous faire contre des gens qui entrent en courant avec des kalachnikovs ?"
Dominique Revert est producteur de spectacles, il programme le festival des Inrocks . Sa société est aussi copropriétaire du Bataclan, la salle dont le public a été décimé par les terroristes. Très affecté par les horreurs commises dans le lieu de culture qu’il dirige, il ne souhaite pas non plus "baisser les bras ". Il l'annonce, "les concerts continuent, les groupes et artistes qui ont décidé de jouer continuent, par exemple Marilyn Manson, qui joue au Zénith mardi soir, a décidé de faire le concert. " D'après lui, il est "évident qu’une partie du public va nous lâcher, mais on n’a pas d’ordre de fermer. (…) C’est à nos risques et périls, il faut que la sécurité soit assurée, mais que voulez-vous faire contre des gens qui entrent en courant avec des kalachnikovs ? On va renforcer toutes les mesures de sécurité en coopération avec les salles que l’on loue ", annonce-t-il. D'après Dominique Revert, "la semaine prochaine, tous les producteurs de spectacles et propriétaires de salle vont se réunir et on va faire quelque chose ".
"Même si le public a des craintes ou des appréhensions, on doit jouer"
"C’est la culture qui est attaquée " s'insurge Jean-Marc Dumontet qui préside l'association des Molières et produit de nombreux artistes comme Nicolas Canteloup et Alex Lutz. "Après ce qu’on a vécu vendredi, on ne craint plus rien, annuler une date, qu’il y ait un peu moins de public, ce n’est pas grave. (...) Même si le public a peut-être des petites craintes ou des appréhensions , poursuit-il, on doit jouer, montrer qu’on ne baisse pas la garde, qu’on ne veut pas céder à ces chantages" .
Cinémas fermés samedi et dimanche
Comme les musées et certains théâtres, les cinémas ont également pris des mesures de sécurité et appliqué les consignes de la préfecture de police. Samedi, les cinémas Gaumont Pathé, UGC et MK2 ont annoncé qu'ils fermaient leurs salles. Une décision maintenue dimanche par le groupe Gaumont Pathé, comme indiqué sur twitter.
Suite aux événements d'hier et des décisions prises aujourd'hui, les cinémas parisiens intramuros + Stade de France resteront fermés demain.
— Gaumont Pathé (@GaumontPathe) November 14, 2015
Selon Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français, la fermeture des cinémas parisiens ne se prend "pas à contrecoeur ", mais il souhaite tout de même les voir rouvrir le plus rapidement possible car "le cinéma fait partie de notre vie, de la culture, le cinéma c'est la liberté d'expression ". D'après lui, "il est important que la culture puisse continuer et qu'on puisse essayer, dans une forme de résistance, de dir e (aux terroristes) : ce n'est pas comme ça que vous y arriverez ".
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