Les squelettes s’emparent d’Epinal avec le génial graveur mexicain Posada
Fascinant avec ses squelettes au large sourire, Posada, maître de l’imagerie populaire, décore la ville d’Epinal du 15 au 17 septembre.
Vous les avez déjà vus, tant ils ont imprégné l’imagerie populaire. Les calaveras, le terme vient du Mexique. Ce sont ces squelettes qui tournoient et gesticulent en habits des vivants ou coiffés d’un chapeau. Ils s’esclaffent les mâchoires bien ouvertes. Ils nous miment, nous les vivants, dans des postures qui nous ridiculisent ou nous effraient. Leur maître, celui qui les a le mieux dessinés, est un Mexicain au destin tragique. José Guadalupe Posada, né en 1852, produira une dizaine de milliers de gravures, pas que des squelettes, avec un talent fou. Travailleur acharné, il mourra seul en 1913, enterré dans une fosse commune. La reconnaissance sera pour lui post mortem.
"Posada, aussi grand que Goya..." pour le peintre Diego Rivera
Des peintres comme Jean Charlot ou Diego Rivera, des écrivains comme André Breton et les surréalistes verront en lui, quelques années plus tard, un précurseur, un grand artiste au trait étonnement expressif. Le talent de Posada ne se limite pas aux calaveras. Il mettra son art au service de la presse bon marché et de la littérature populaire pour des caricatures, des illustrations, des contes pour enfants ou des images pieuses. Son œuvre sera copiée et inspirante. Elle imprègnera une culture populaire de la publicité au tatouage, du street art à la bande dessinée comme la série Monsieur Mardi-Gras Descendres d’Eric Liberge ou les dessins de Muzo dans Un mort par jour.
La rétrospective que propose le musée de l’Image d’Epinal est une première en France. Elle retrace l’opulence et la diversité créative du graveur mexicain. Pour les journées du patrimoine, elle est ouverte et gratuite samedi et dimanche. Profitez-en car l’exposition ferme ses portes ce week-end, le 18 septembre, après avoir reçu plus de 10 000 visiteurs. Posada est aussi célébré à Epinal pour la Fête des Images 2022 pendant trois jours à partir du jeudi 15 septembre. A 20h30, chaque soir un spectacle de dix minutes sera projeté place des Vosges. La création, mise en scène par Marie-Jeanne Gauthé, redonne vie aux squelettes de Posada qui semblent troublés par un jeune couple d’amoureux.
Des squelettes et des monstres
La Fête des Images 2022, dont le thème est Démons & merveilles, propose en plus une dizaine de spectacles. Stan, l’auteur de la série Vortex avec Vince et Chronokids avec Zep, projettera place de l’Atre une Odyssée… monstre. "Un conte-spectacle où le bestiaire fantastique de Stan Manoukian jongle avec l’architecture des lieux. La promesse d’un voyage burlesque, diablement drôle, jonglant avec nos peurs d’enfant", peut-on découvrir sur le programme de la manifestation en lien au bas de cet article.
Enfin, une fois ces festivités terminées, vous pourrez toujours vous replonger dans l’univers de Posada à travers deux ouvrages de qualité. Posada, confession d’un squelette, biographie de Samuel Dégardin illustrée par des gravures de l’artiste lui-même. Aussi drôle qu’indispensable aux éditions Martin de Halleux (18,50 eurs). La célèbre maison d’édition de bande dessinée L’Association propose elle un ouvrage complet sur la production de l’artiste mexicain avec notamment la traduction en français de textes accompagnant les gravures. Posada, Génie de la gravure est dans toutes les bonnes librairies au prix de 45 euros.
Exposition Posada, Génie de la gravure au musée de l'Image d'Epinal, jusqu'au 18 septembre 2022.
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