Le musée du verre de Conches-en-Ouche expose 150 chefs d'œuvres de l'Art nouveau issus des cristalleries Legras
C'est une cristallerie moins connue que Daum, Gallé ou Baccarat et pourtant, la production de la verrerie Legras a régulièrement été récompensée lors d’expositions internationales entre 1880 et 1900.
Le musée du verre de Conches-en-Ouche dans l'Eure, vient tout juste de recevoir une importante donation de la fondation Vitrat composée de 150 pièces du célèbre verrier François-Théodore Legras (1839-1916). Ce don fait l'objet d'une exposition jusqu'au 25 novembre 2023.
Une verrerie utilitaire et créative
Le parcours du musée du verre évoque trois périodes stylistiques de la manufacture Legras : les années 1880, la période Art nouveau puis la période Art déco avec une stylisation des motifs.
Certaines de ces créations, comme les vases de style Pompéi, ont été mises à l'honneur lors de l'Exposition universelle de 1889. L’entreprise a produit des flacons à parfum, des services de table ou encore des carafes pour la distillerie d’Ivry-la-bataille.
À côté des objets pharmaceutiques, commerciaux ou utilitaires, les cristalleries Legras développèrent aussi leurs activités vers la création d’objets d’art, dont les décors émaillés, dorés et parfois gravés de fleurs, de feuilles et de paysages firent la réputation des établissements. "Il y a un ensemble assez important de verreries dites 'Art nouveau' car elles sont inspirées par le style naturaliste de l'époque où l'on aime les motifs floraux, les paysages que l'on reproduit sur des verreries", détaille Éric Louet, conservateur du musée du verre.
Le maître verrier utilisait de multiples techniques. Comme celle où les verriers conjuguent acide et émail. Des décors émaillés de fleurs, de feuilles et de paysages appliqués à la fois à la surface des verreries simples destinées à l'usage de la table et des verreries d'art plus prestigieuses. "On grave à l'acide les couches de verre de manière à dégager le motif floral ou le paysage qui peut être ensuite repris à l'émail pour être rehaussé", explique encore le conservateur.
Une cristallerie aussi importante que Baccarat
À la fin du XIXe siècle, le Grand Est brille par ses verreries et cristalleries de renom. Daum, Gallé, Lalique ou Baccarat sont, aujourd'hui encore, des noms qui font rêver les collectionneurs. En région parisienne, les cristalleries de Seine-Saint-Denis ont également produit de nombreuses pièces.
Créée en 1859, la cristallerie de Saint-Denis est intimement liée au parcours de François-Théodore Legras, qui en fut le gérant à partir de 1867. Arrivé à Saint-Denis à 24 ans, ce maître verrier vosgien d’origine modeste passe de simple ouvrier à directeur de la verrerie en seulement trois ans. Au début du XXe siècle, près de 1400 personnes travaillent dans les ateliers, mais en 1957, un incendie ravage la manufacture. Dès lors, l'identification des modèles est très compliquée et la production Legras tombe un peu dans l'oubli. "Elle n'a pas pu être étudiée comme beaucoup d'autres verreries situées autour de Nancy, alors que c'était une verrerie aussi importante que Baccarat", raconte encore Eric Louet.
La donation de la fondation Vitrat a permis de découvrir des documents d'archives que l'on croyait détruits. Grâce à ce don, le musée du verre de Conches-sur-Ouche a pu effectuer un véritable travail d’identification et de classement selon les périodes et les techniques employées. L'exposition met en lumière 50 années de création de la production Legras.
Exposition "Verreries Legras, la donation Vitrat" au musée du verre de Conche-sur-Ouche jusqu'au 25 novembre 2023.
Horaires : ouvert de mars à novembre, du mercredi au dimanche, de 14h à 18h
Tarifs : 6 €, gratuit tous les 1er dimanche du mois.
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