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Le Centre Pompidou consacre une rétrospective à Jeff Koons

Six ans après avoir fait scandale dans les salons du château de Versailles, Jeff Koons est de retour à Paris. Le Centre Pompidou consacre une rétrospective à l’artiste américain. Jeff Koons, figure incontournable de l’art contemporain, continue de faire débat.
Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Rabbit (1986 - Museum of Contemporary Art Chicago, Partial Gift of Stefan T. Edlis and H. Gael Neeson) et Balloon Dog (Magenta - 1994 - 2000 - Photo Santi Caleca / Pinault collection) © Jeff Koons)

Pour balayer l’ensemble de la carrière (35 ans) de Jeff Koons, une centaine d’œuvres ont été réunies. Elles sont présentées de façon chronologique et très didactique. Des  premières pièces, des jouets gonflables ou appareils électro ménagers posés sur des tubes fluorescents, à sa dernière série intitulée Gazing Ball. Ce sont des répliques en plâtre de sculptures classiques surmontées d’une boule de verre bleue. Il ne faut pas oublier les incontournables comme le monumental balloon dog rose prêté par François Pinault.

 

Pour Bernard Blistène, commissaire de cette rétrospective, la présence de Jeff Koons au Centre Pompidou ne fait pas débat : "Koons c'est fondamentalement l'artiste américain de ces trente dernières années. Il fallait faire une rétrospective qui résume trente ans de travail."

 

Parmi ses obsessions, il y a le sexe avec notamment la série Made in Heaven du début des années 90, installée dans un espace interdit aux moins de 18 ans : des photos et des sculptures très explicites dans lesquelles Koons se met en scène avec la Cicciolina, ex star du porno qui est aussi son ex épouse.

Autant de fans que de détracteurs 

 

Jeff Koons a autant de fans que de détracteurs. Ses expositions attirent les foules car l’art de Koons parle à tout le monde : au collectionneur, au critique d’art et au grand public. Sur un plan artistique, certains lui reprochent son manque d’inventivité et de profondeur. On lui fait aussi grief d’avoir été à ses débuts courtier à Wall street. D'ailleurs, aujourd’hui, c’est un business man puisque 130 personnes travaillent pour lui dans son studio de New York : des ingénieurs, des artistes chargés de la réalisation de ses œuvres. A sa décharge, les ateliers ont toujours existé. Michel Ange n’a pas peint tout seul la chapelle Sixtine !

 

C’est donc un businessman qui bat tous les records sur le marché de l’art contemporain. L’année dernière, un de ses Balloon dog s’est vendu 58 millions de dollars à New York - plus de 46 millions d’euros - devenant l’œuvre contemporaine la plus chère au monde. Pas de crise chez Jeff Koons, écoutez bien : En 2000 son chiffre d’affaires était de 5 millions  800 .000 euros. Cette année, il atteint 111 millions d’euros, soit une augmentation de 1800 % en 14 ans. Et entre 2013 et 2014, il a doublé. Jeff Koons est aujourd’hui un des artistes les plus vendus dans le monde. Ce n’est pas étonnant car il ne laisse rien au hasard, allant  jusqu’à adapter sa production au marché selon Thierry Ehrmann, le PDG d’Art Price : "Il sait que les appartements de New York sont limités en taille et il va adapter ses œuvres…"

 

  (Hoover Celebrity III (1980 Photo : Douglas M. Parker Studios, Los Angeles The Museum Of Contemporary Art, Los Angeles, Gift Of Lannan Foundation) et Gazing Ball (Ariadne, 2013 - Photo : Tom Powel Imaging Monsoon Art Collection) © Jeff Koons)

Jeff Koons laissera-t-il sa place dans l’Histoire de l’art ?

 

Ses œuvres sont emblématiques de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Pour autant, le présenter comme le successeur d’Andy Warhol comme le font certains, c’est aller un peu loin comme le souligne le critique d’art Philippe Dagen : "Il y a une différence fondamentale. Warhol était obsédé par la mort. Rien dans l'œuvre de Koons laisse à penser qu'il aille de ce côté plus noir."

 

Si elle ne fait pas de lui le successeur d’Andy Warhol, la rétrospective du Centre Pompidou n’en reste pas moins extrêmement importante pour Jeff Koons car elle apporte une caution à ses œuvres et puis l’annonce de sa tenue a certainement participé à l’augmentation de leur prix au cours des deux dernières années. Un phénomène bien connu des spécialistes du marché de l’art.

 

INFO 4H - 9H 26.11.2014 Jeff Koons laissera-t-il sa place dans l’histoire de l’art ? La réponse d'Anne Chépeau
 

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