"Le bleu de l'oeil" de Claude Lévêque scintille au musée Soulages
Les univers éthérés de Claude Lévêque s'emparent de Rodez jusqu'au 27 septembre 2015. Le musée Soulages accueille en grande partie l'exposition "Le Bleu de l’œil" du plasticien. Quelques jours avant l'ouverture au public, l'artiste était présent sur place pour une visite guidée. Un voyage sensoriel et onirique où les néons parlent comme des poésies silencieuses. "Il y a une sorte de vision et de métamorphose immergeante dans ce lieu" explique t-il en préambule.
Reportage : F. Torréalba / D. Cantrelle / F. Pourre
Les intuitions se répondent
Pour "Le Bleu de l’œil" au musée Soulages, le visiteur se déplace dans une clarté nocturne sous le ciel ou sous l’océan. Entouré d’ondulations bleutées, son pas s’enlise. Une déambulation dans un espace éthéré à la fois liquide et aérien, parcourue de vibrations qui perturbent la perception sensorielle du lieu.Benoît Décron, conservateur au musée Soulages explique la démarche de la scénographie : "Quand on investit l'art contemporain il n'est pas nécessaire d'avoir trois dictionnaires. C'est aussi ce qu'on ressent de manière intuitive, regarder une oeuvre c'est aussi le lâcher-prise. On a une émotion comme quand on écoute de la musique"
Le musée Soulages devient un océan, une montagne ou une plaine
Le musée Soulages a mis à disposition de Claude Lévêque une immense pièce de quelque 200 m2 de son espace dans lequel deux immenses plaques noires forment un triangle horizontal. En leur sommet, se découpent des formes de montagnes et de plaines lointaines. Derrière cet horizon, la lumière orangée du coucher du soleil. Sur ces murs noirs, une série verticale de lignes bleues-blanches de néons, pas tout à fait droites, pour donner l'impression de "vibrations", explique l'artiste à une poignée de journalistes.Pourquoi le bleu ?
Pour cette exposition dédiée à la couleur bleue, Claude Lévêque a trouvé son inspiration du roman "La Grande Chute" de l'écrivain autrichien Peter Handke. "Soudain le ciel était devenu bleu. Il n'était pas seulement bleu mais bleuissait et bleuissait", y lit-on. Cette couleur permet au personnage qui parle "une illumination des choses qui l'entouraient, la lumière d'un dernier jour". Chez le plasticien le bleu représente la vie et la mort.Dans la même nuance, l'affiche de l'exposition montre le visage d'une vierge polychrome pleine de douceur et d'humilité, datée du XVIe siècle, mais dont Lévêque a coloré les yeux en bleu.
En ville et au musée Fenaille
Toute la ville de Rodez s'est parée aux couleurs de Lévêque. Deux boutiques de la vieille ville se trouvent illuminées de phrases énigmatiques. Des mots inscrits dans des néons blancs-bleus, conçus et écrits "maladroitement de la main gauche" par le filleul de Lévêque, Romaric Etienne, 14 ans.A droite de la porte d'entrée "La mer aveugle" et à gauche "Le long couloir".
La cour du musée Fenaille accueille une installation lumineuse intitulée "Le châtiment". Le dispositif placé au centre du musée, tient en une interminable branche de bois, torse et desséchée, dressée sous le ciel de la verrière obscurcie. Cette sculpture conjugue le hasard de la collecte, un bois flotté aux formes fantastiques, et son tressement de néon rouge.
Indépendant mais pas marginal
Artiste, né à Nevers il y a près de 63 ans, Claude Lévêque est le créateur de plusieurs séries d'installations à Paris, New-York ou Tokyo. Il se définit comme "indépendant et libre de réagir comme il le souhaite"."Le bleu de l'oeil" de Claude Lévêque au musée Soulages et au musée Fenaille de Rodez du 25 avril au 27 septembre 2015
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