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La Lune : zone imaginaire à défendre, événement au Centre Pompidou

En ce jubilée de l’alunissage de la mission Apollo 11 le 29 juillet 1969, le Centre Pompidou à Paris consacre sa 14e programmation "Hors-Pistes" (projections, installations, performances, conférences) à l’astre sélène. Multidisciplinaire, l’événement explore notre satellite à la fois comme sujet scientifique, exploratoire, imaginaire, mais aussi environnemental et politique.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Eclipse de Lune, janvier 2019, Paris
 (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Il faut descendre au Forum -1 du Centre Pompidou pour aller sur la Lune, dans une suite d’installations contemporaines qui militent pour une "zone imaginaire à défendre". D’entrée, l’on se retrouve dans un salon des années 60 reconstitué avec deux postes de télévision face à un canapé et deux fauteuils on l’on s’installe. Sur le poste de droite défilent des images de Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la Lune, et à gauche "Le Voyage dans la Lune" (1902) de Georges Méliès. Un joli parallèle ludique.

Espaces planants

Le jeu est une des composantes de ce parcours lunaire. Comme cette projection d’un travelling autour d’un cratère sélène. Très réaliste en noir et blanc, l’image est en fait une maquette filmée disposée tout à côté, autour de laquelle un petit train électrique tourne muni d’une mini caméra. L’installation rappelle la légende urbaine selon laquelle la mission Apollo 11 aurait été reconstituée en studio par un certain Stanley Kubrick ("2001 : L’Odyssée de l’espace").

Plus loin, une salle planétarium propose des projections animées de la Lune dans ses différentes phases, plus ou moins en surface, avec des effets d’ombre et de lumière merveilleux. En fond sonore sont lus des extraits d’ouvrages scientifiques, poétiques ou romanesques autour du satellite. Un espace planant sur fond de plages sonores électroniques, fascinant et hypnotique.
"Un Film à jamais" : Lune "coexistent" (Centre Pompidou)
 (Frank Smith)
D’autres investigations artistiques ont une approche plus résolument historique ou politique. Ainsi de grands panneaux cartographiques ou infographiques évoquent le cheminement de la conquête lunaire des années 20 aux missions de la Nasa, ou une représentation de l’exploitation capitalistique de l’espace. Des installations évoquent une Lune rurale rêvée, on les Afronauts, un programme spatial zambien improbable, élaboré à partir de 1964.

L'art pour Lune

La Lune est également un lieu où ont été déposées des œuvres d’art, telle "Fallen Astronaut", une figurine de l’artiste belge Paul Van Hoeydonck embarquée à bord d’Apollo 15. Elle repose désormais sur le sol lunaire avec une plaque commémorative portant les noms des quatorze astronautes décédés au cours de missions spatiales. "Moon Museum" est une petite tuile de céramique rassemblant une œuvre collective (dont Andy Warhol) fixée sur la partie inférieure du module lunaire (LEM) resté sur notre satellite. Le projet "MoonArk" est également collectif et constitué de quatre structures pentagonales ("Terre", "Métasphère", "Moon", "Ether") qui seront envoyées sur la Lune en 2021.
Lowry Burgess / Centre Pompidou
 (Lowry Burgess / Centre Pompidou)
Installation dotée d’une projection, "The Moon Goose Analogie" d’Agnes Meyer Brandis s’inspire d’un roman de 1638, embryonnaire de la science-fiction , "The Man in the Moon" du britannique Francis Godwin. Son protagoniste s’envole vers la Lune à bord d’un char tracté par des oies lunaires… Une performance quotidienne de Sarah Fortais, "Voyageur", voit l’artiste en tenue d’astronaute explorer les rues de Paris en récoltant des objets recueillis sur son parcours, comme le firent Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune en 1969. Chaque jour, à 17h00, elle dépose dans son installation l’objet de sa récolte.

Quelque 25 installations participent de ce parcours lunaire où se croisent art, films et conférences. Un regard tourné vers l’astre sélène, mais aussi vers la Terre, puisque c’est depuis la Lune que l'humanité a découvert de l’extérieur dans toute sa splendeur sa planète d’origine. C'est en même temps un regard tourné sur l'homme, dans son rapport à l'univers. Une vision nouvelle, exploratrice, avec un fond idéologique revendiqué, à laquelle invite  "La Lune : zone imaginaire à défendre" jusqu’au 3 février au Centre Beaubourg.  

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