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La Frick Collection prête ses peintures, pastels et gravures de James Whistler au musée d'Orsay

Quatre peintures, trois pastels et des gravures de James Whistler, chefs-d'œuvres de la Frick Collection, rejoignent pour quelques semaines les trois tableaux du peintre américain conservés au musée d'Orsay (jusqu'au 8 mai 2022)

Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
James Abbott McNeill Whistler, à gauche, "Arrangement en gris et noir n° 1, ou la mère de l'artiste (1804-1881)en 1871", Acquis de l'artiste par l'Etat pour le Luxembourg,1891, Paris, Musée d’Orsay - A droite, "Nocturne : Venise", 1880, Pastel sur papier teinté brun, New York, The Frick Collection (A gauche © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt - A droite © The Frick Collection; photo: Joseph Coscia Jr)

La vingtaine d'œuvres de l'Américain James Abbott McNeill Whistler que possède la Frick Collection ont traversé l'Atlantique pour se poser quelques semaines à Paris. Paysages et portraits peints et dessins de Venise sont au musée d'Orsay, pendant que le site de la collection, à New York, est en travaux.

L'ensemble est petit mais représentatif du travail de l'artiste : quatre peintures, trois pastels et douze eaux-fortes, auxquelles s'ajoutent trois peintures des collections d'Orsay. Il tient dans une petite salle du musée mais il ne faut pas bouder son plaisir. Certaines de ces œuvres n'avaient pas fait le voyage depuis la rétrospective de 1905 à l'Ecole des beaux-arts, d'autres n'étaient jamais venues à Paris.

James Whistler (1834-1903), connu pour ses marines et ses vues de la Tamise, naît aux Etats-Unis, grandit entre la Russie et l'Angleterre et choisira de vivre à Londres, mais il est familier de Paris. Il y étudie en 1955, va au Louvre, se lie avec Gustave Courbet, Fantin-Latour et Alphonse Legros, et reviendra souvent. Il est pourtant peu représenté dans les collections françaises.

Outre-Atlantique, Henry Clay Frick (1849-1919), magnat de l'industrie et amateur d'art, lui donne au contraire une place importante dans sa collection. L'industriel s'intéresse d'abord essentiellement à l'art ancien, mais il ouvre ensuite sa collection à ses contemporains et Whistler y est le plus représenté, avec 20 œuvres.

James Abbott McNeill Whistler, "Symphonie en gris et vert : l'Océan", 1866, Huile sur toile, New York, The Frick Collection (© The Frick Collection; photo: Joseph Coscia Jr.)

Des titres musicaux

Avant de devenir un phare des symbolistes, Whistler est marqué par le réalisme d'un Courbet, une influence qu'on décèle dans son Homme à la pipe, portrait d'un colporteur des Halles peint vers 1859, légué à l'Etat français en 1909 et conservé au musée d'Orsay. C'est une des rares œuvres de l'artiste dans les collections publiques françaises. Avec le portrait monumental de sa mère baptisé Arrangement en gris et noir n° 1 de 1871. Une toile épurée à la palette austère, exposée aussi à Orsay. Grâce à l'appui de quelques personnalités proches de Whistler, l'Etat l'acquiert en 1891 pour une somme modeste concédée par l'artiste qui espère un jour entrer au Louvre.

C'est bien plus tard, en 1995, que les musées nationaux achètent Variations en violet et vert. Ce paysage emprunte à l'art japonais, une des influences de l'artiste : il y voit les bords de la Tamise en format vertical avec de délicates branches fleuries et une femme avec une ombrelle.

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A la recherche d'harmonies formelles, Whistler donne à ses œuvres des titres musicaux, Harmonie, Arrangement, Symphonie, Nocturne… Comme la Symphonie en gris et vert : l'Océan, peinte au Chili en 1866. Il compose un vaste paysage où l'étendue de l'eau et du ciel n'est perturbée que par quelques navires au loin, un bout de jetée et, nouveau clin d'œil au Japon, des branches légères au premier plan.

James Abbott McNeill Whistler, "Le Cimetière : Venise", 1879, Pastel et traces de dessin au crayon graphite sur papier teinté brun, New York, The Frick Collection (© The Frick Collection; photo: Joseph Coscia Jr)

Cours et grands espaces de Venise

Baptisés également "symphonie" et "arrangements", trois grands portraits en pied sont exposés côte à côte : l'un léger et clair, décoratif, dans les rose, pour la femme d'un de ses mécènes, beaucoup plus sombres, dans les bruns et les noirs, pour celui de la peintre Rosa Corder que la critique de l'époque a comparé à Velàzquez, et celui du comte Robert de Montsquiou-Fezensac.

Il faut s'attarder enfin sur les douze gravures et trois pastels sur papier brun vénitiens, réalisés sur le motif à Venise : des vues rapprochées dans les petits canaux, où il saisit une façade abimée, des cours sombres, des mendiants dans un passage. Ou au contraire de larges espaces, comme dans le pastel Le Cimetière, où il capte merveilleusement la lumière.

James McNeill Whistler, chefs-d'œuvre de la Frick Collection, New York
Musée d'Orsay, 62 rue de Lille, 75007 Paris
Tous les jours sauf lundi, 9h30-18h, le jeudi jusqu'à 21h45
Tarifs : 16 € / 13 €
Du 8 février au 8 mai 2022

James Abbott McNeill Whistler, "Deux porches", Eau-forte et pointe sèche sur papier vélin, Inclus dansVenice, A Series of Twelve Etchings (First Venice Set), New York, The Frick Collection (© The Frick Collection; photo: Joseph Coscia Jr.)

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