L'artiste contemporain coréen Lee Ufan, amoureux d'Arles, y ouvre un musée
Il y avait déjà exposé, et publié sa première monographie aux éditions Actes Sud. Lee Ufan vient d'ouvrir à Arles un centre d'exposition.
Après le Japon et la Corée, l'artiste sud-coréen, Lee Ufan a ouvert vendredi 15 avril un troisième centre d'exposition de ses œuvres à Arles (Bouches-du-Rhône), Lee Ufan Arles, où il souhaite faire résonner ses peintures et sculptures avec l'histoire de cette ville romaine.
"On peut qualifier un musée d'art comme un lieu d'exposition mais ce n'est pas tout à fait mon parti pris. Je souhaite que ce soit avant tout un lieu de vie", a dit mardi l'artiste de 85 ans, mondialement connu, lors de la présentation du site à la presse.
"La caractéristique de mon art, ce n'est pas d'imposer un point de vue mais de proposer une rencontre. L'art contemporain s'est construit autour d'un artiste tout-puissant. Mon travail entend prendre du recul, s'éloigner de l'ego, des discours. Posez-vous en face de mes œuvres avec votre coeur, vos sentiments", a-t-il suggéré.
Un nouveau pôle d'art contemporain pour Arles
Avec ce nouvel espace culturel, la ville d'Arles, déjà réputée internationalement pour ses rencontres photographiques, conforte le développement d'un pôle art contemporain, symbolisé par la spectaculaire tour Luma, en miroirs et spirales, de l'architecte américain Frank Gehry.
Pour l'artiste sud-coréen, cette ville du Sud qui l'a accueilli avant même le succès de ses expositions au château de Versailles en 2014 et au Centre Pompidou Metz en 2019, représente une rencontre qui, a-t-il dit, lui a permis "de renouveler ses pensées". Il y a publié en 2012 sa première monographie en français aux éditions Actes Sud et présenté en 2013 l'exposition "Dissonance".
Depuis cet automne, il a également investi sa nécropole avec 13 nouvelles œuvres visibles jusqu'à fin septembre aux Alyscamps. "Ici, on n'est pas en Asie, ni au Japon ni en Corée. Cet endroit est riche en Histoire depuis l'empire romain. C'est la confrontation, la résonance entre cette Histoire et mes œuvres dont j'attends beaucoup en ce lieu", a expliqué l'artiste.
Des liens étroits avec la France
Né en Corée en 1936, Lee Ufan a étudié la littérature et la philosophie. Il est ensuite devenu théoricien du mouvement d'avant-garde "Mono-ha" (l'école des choses), un courant artistique japonais des années 1960-1970 qui met en relation des matériaux industriels - béton, plaques de verre ou d'acier - avec des pierres ou des bois choisis dans la nature, questionnant les rapports entre le naturel et l'artificiel. La peinture de Lee Ufan tend elle vers la représentation d'un signe unique, une ligne ou un point par exemple, jusqu'à l'épuisement de la toile ou de la peinture sur le pinceau, comme une forme de méditation.
"C'est la relation entre le faire et le pas faire, le peindre et le non-peindre qui m'importe", a expliqué l'artiste qui, depuis sa première exposition en 1971 à la Biennale de Paris, a tissé des liens étroits avec la France où il vit et travaille une partie de l'année.
Un hôtel particulier aménagé avec Tadao Ando
Son centre d'exposition arlésien de 1350 m2 occupe les trois niveaux et les 25 pièces d'un ancien hôtel particulier bâti entre XVIe et le XVIIIe siècle et acquis par sa fondation. Il a été aménagé avec l'aide de l'architecte japonais Tadao Ando qui a déjà signé le premier musée Lee Ufan sur l'île japonaise de Naoshima en 2010. Une annexe du musée d'art de Busan (Corée du Sud) ouverte en 2015 est également consacrée à l'artiste.
Lee Ufan Arles présente au public une dizaine de sculptures et d'installations au rez-de-chaussée et une trentaine de peintures au premier étage. Le second étage accueillera des expositions temporaires. Parmi les surprises, une sculpture en spirale, exposée à l'entrée, dissimule en son cœur la projection d'un ciel nuageux : "Lee Ufan regarde souvent le ciel, c'est comme cela que des œuvres lui sont venues", décrypte Jean-Marie Gallais du Centre Pompidou Metz. Au sous-sol, un "espace secret" non-ouvert au public dissimule des peintures et, sur un mur, ce poème signé Lee Ufan : "Au fond d'Arles se trouve une histoire, au fond de l'histoire se trouve une image, au fond de l'image se trouve l'inconnu."
Lee Ufan Arles
5, rue Vernon, 13200 Arles
Tous les jours sauf le lundi, le 24 et le 31 décembre, 10h-18h
Tarifs : 8 € / 5 €, gratuit pour les Arlésiens jusqu'au 15 juin 2022
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