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Jouer dans l'Antiquité, tout un art à découvrir au musée gallo-romain de Lyon

Retracer 1000 ans de jeux à travers 300 objets utilisés durant l'Antiquité, c'est l'ambition de "Ludique", une exposition proposée à Lugdunum, le musée gallo-romain de Lyon.

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
A gauche :  Cheval à roulettes, époque romaine (terre cuite) 
A droite : Bracelet hochet, tombe d'un enfant de deux ou trois ans, rue du Renard, Rouen. Ier – IIe s. apr. J.-C. Bronze, ivoire de sanglier, pâte de verre
 (MRAH, Bruxelles / Musée-Métropole-Rouen-Normandie / Yohann Deslandes)

Ludique, c'est le nom d'une exposition proposée jusqu'au 1er décembre à Lugdunum, le Musée gallo-romain de Lyon. A travers trois cents pièces venues de trente-huit musées différents, le visiteur découvre quelle était, dans l'Antiquité grecque et romaine (du VIe s. av. J.-C. au Ve s. apr. J.-C.) la place des jeux et des jouets au cours de la vie, de la petite enfance à l’âge adulte et le rôle social, religieux, identitaire et politique qu'ils pouvaient jouer.

Un osselet en or, en forme de nain qui pouvait servir à consulter les oracles. (Fondation Gandur pour l’Art, Genève / André Longchamp)

On n'a rien inventé !

Certains jeux ont traversé les millénaires à l'image du hochet, de la toupie, des osselets. "On n'a rien inventé !" souligne un jeune visiteur. Mais force est de reconnaître que nos ancêtres savaient s'amuser avec pas grand-chose. De nombreux jeux étaient confectionnés avec des matériaux que les gens trouvaient autour d'eux, de la pierre, du bois, du cuir, des coquilles de noix...

"Ludique" au musée Lugdunum
"Ludique" au musée Lugdunum "Ludique" au musée Lugdunum

Une fonction symbolique

Mais les apparences sont parfois trompeuses. Ce que nous interprétons aujourd'hui comme étant de simples jouets avait une valeur différente dans l'Antiquité. C'est le cas de ces poupées qui représentent des femmes adultes, sortes de "Barbie" antiques. A l'époque, elles avaient une fonction symbolique, représentant la séduction de la mariée et renvoyant les femmes à leur destin : devenir épouse et mère.

Figurine articulée assise de femme enceinte avec une figurine de bébé miniature Myrina, Asie mineure - Ier s. av. J.-C. Terre cuite (Martin von Wagner Museum der Universität Würzburg / P. Neckermann)

Un exemplaire exceptionnel de poupée (photo ci-dessus) représente une femme enceinte, humaine ou divine, ornée de bijoux, trônant, coiffée d’une haute couronne qui était dorée. Son ventre contient un foetus accessible en soulevant un couvercle amovible. Cette figurine, symbolisant la beauté de la mariée et l’espoir de maternité, était peut-être destinée à des rites prénuptiaux.

Jeux de dés et d'argent

Parmi les jeux les plus prisés, les dés occupent une place de choix. On notera d'ailleurs que l'exposition se tient à Lyon, ville natale de l'empereur Claude qui a rédigé le traité intitulé L'art de jouer aux dés. Mais c'est Palamède, un héros grec, qui aurait inventé le dé et les jeux de plateau tels que nous les connaissons durant la guerre de Troie. Une façon de distraire et de garder unis ses compagnons de bataille en attendant la reprise des combats.

Dés, jetons aureus, denier, faux denier et demi-as découverts enterrés dans un petit coffret Lausanne (Entre 68-80 apr. J.-C.) (Musée romain de Lausanne-Vidy)

Les dés sont un jeu d’argent pour les adultes. "Des jeux d'argent assez mal vus" selon Véronique Dasen, professeur d’archéologie classique à l’université de Fribourg et commissaire de Ludique, "car cela dégénérait souvent en disputes ou bagarres. D’ailleurs, à Rome, entre le IIe et le Ier siècle avant J.-C., la République avait interdit ces jeux pour éviter le désordre dans la Cité" explique-t-elle sur le site SpotWeb.fr.

Une source d'inspiration

Organisée en huit thématiques, l'exposition, dont la scénographie propose au visiteur d’évoluer sur une marelle du temps de 600 m², s'intéresse aussi aux jeux contemporains inspirés de l'Antiquité, notamment à travers les grandes batailles et les intrigues mais surtout les personnages forts de l'époque qui inspirent les concepteurs de jeux modernes. 

Des exemples de jeux de société inspirés du monde antique. (P. Perrel  / France Télévisions)

Sous le titre L'Antiquité pixellisée, l'expo montre comment l'univers du monde antique se retrouve dans le jeu vidéo. Dans Caesar, le joueur bâtit et administre sa propre cité ; Total War met au défi de créer et gérer son propre Empire ; Assassin’s Creed Odyssey, jeu vidéo d’action-aventure et de rôle, se déroule dans la Grèce antique lors de la guerre du Péloponnèse.

Il y a l'attrait de ces grands personnages de l'Antiquité qui ont été des bâtisseurs d'empire : César, Alexandre le Grand, Hannibal. Le joueur va s'identifier à ces grands personnages et de manière stratégique, va essayer de conquérir un empire.

Hugues Savay-Guerraz

Conservateur et scientifique

Vraiment ludique !

Au sein de l’exposition, un espace convivial invite le public à expérimenter des jeux antiques. Elle se veut aussi interactive, avec, par exemple, des jeux sur écrans tactiles, des jeux de plateau à tester et Ludix, un jeu de dés géant qui permet d’enseigner le système numérique romain de façon amusante. 

Ludique
Jusqu’au 1er décembre
A Lugdunum, Musée et Théâtres Romains 17, rue Cléberg, Lyon 5e
Ouvert du mardi au vendredi de 11 h à 18 h, les samedi et dimanche : de 10 h à 18 h.
Plein tarif : 7 €. Gratuit pour les moins de 18 ans.

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