Jim Dine en 28 oeuvres : la donation de l'artiste exposée au Centre Pompidou
Né en 1935 à Cincinnati (Ohio), Jim Dine a travaillé aux États-Unis où il reste basé, à Londres où il s'est arrêté plusieurs fois. Mais depuis 2001 il passe une partie de son temps à Paris et travaille dans un grand atelier à Montrouge, aux portes de la capitale. Pour "rembourser la France d'une dette culturelle et personnelle", qu'il affirme avoir, il a décidé de faire don au Centre Pompidou de 28 œuvres. Pour "saluer ce geste", le Musée national d'art moderne les expose. Ces pièces, peintures, sculptures, installations, traversent toute son œuvre, du début des années 1960 aux toutes dernières années. C'est donc une sorte de mini-rétrospective qu'on peut voir au Centre Pompidou.
Jim Dine est aussi poète (et encore photographe mais cet aspect de son œuvre n'est pas représenté dans la donation) : on accède à l'exposition par une première salle centrale où l'artiste a inscrit au fusain, sur les murs peints en gris, les vers de 9 poèmes écrits sur lui et Paris ("About Me in Paris") entre 1968 et 2017.
Un "expressionnisme romantique"
Jim Dine est un des pionniers du happening et de la performance en art, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, avec Claes Oldenbug, Marcus Ratliff, Allan Kaprow, Robert Whitman. "Car Crash", qui évoquait ses accidents de voiture, donnée en 1960 à la Reuben Gallery à New York, est sa performance la plus connue.Certains ont voulu associer Jim Dine au pop-art mais il rejette cette classification : même s'il en est contemporain et qu'il utilise comme les pop-artistes des couleurs vives et des objets, il n'a aucun lien avec la culture populaire et la publicité, fait-il valoir : dans une interview récente à Apollo Magazine, il revendique davantage d'intériorité et d'excentricité, il se réclame littéralement d'un "expressionnisme romantique".
Les outils de son enfance
Couleurs et outils traversent l'œuvre de Jim Dine : les outils sont un élément autobiographique, ils évoquent son enfance et la quincaillerie de son grand-père chez qui il a vécu après le décès de sa mère. Les couleurs aussi rappellent les pots de peinture en bâtiment qu'on y trouvait.Dans les années 1960 et 1970, il crée des installations intégrant des nuanciers : dans "A Thin Kindergarten Picture", une grande bande de carrés de couleurs est accrochée au-dessus d'une série d'outils délicatement appuyés au mur. Dans "Sawhorse Piece", un long nuancier peint est posé sur des tréteaux et, dessous, des pots de peinture vides, des pinceaux, des débris évoquent l'atelier.
Les outils qui, au-delà du souvenir, expriment aussi la dimension physique du processus de création, habitent encore ses œuvres dans les années 2000 : il les accroche sur un cadre de paravent, les moule en bronze et les peint de couleurs vives comme des jouets d'enfants, les colle sur des tableaux et y projette de la peinture, en fait des ceintures pour des Vénus taillées à la tronçonneuse dans de grands troncs d'arbres.
Pinocchio, une figure fétiche
Autre motif récurrent de l'œuvre de Jim Dine, le cœur, comme cette grande sculpture en paille issue d'une installation de 1966-1969 ("Straw Heart"). Il y a aussi la robe de chambre, présente dans une toile monumentale, incarnation métaphorique de l'artiste. Ou les "Pinocchio" : il a vu le personnage dans le film de Walt Disney avec sa mère en 1940 et le petit bonhomme au long nez, à la fois touchant et un peu ridicule, devient une figure fétiche à laquelle il s'identifie. Il le sculpte dans le bois, ou le peint dans un polyptique de personnages réunis autour de la mort ("Ape, Police, Doctor, Soldier, Me", 1997).C'est dans la deuxième moitié des années 1980 qu'il s'est mis à peindre des figures humaines, des têtes inspirées de l'art grec, égyptien ou africain, et aussi des créatures un peu inquiétantes et sans visage, dans des polyptiques assez puissants qui contrastent avec la plus grande légèreté qui semblait caractériser ses créations plus anciennes.
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