Jesùs Rafael Soto, artiste de la vibration, au Centre Pompidou
Jesùs Rafael Soto (1923-2005), né au Venezuela et arrivé à Paris en 1950, est une figure majeure de l’art cinétique qui a rapidement exposé dans le monde entier. Il était pourtant peu représenté dans les collections publiques françaises. La dation à l’Etat français par sa famille en 2011 de vingt œuvres de 1955 à 2004 offre un panorama complet de son œuvre.
Le visiteur est accueilli par son magistral "Gran doble escritura" acheté par le Centre Pompidou en 1977, une oeuvre qui résume bien son travail. En haut, le cadre de bois est peint en blanc avec des stries noires. Des tiges métalliques blanches suspendues en avant du cadre créent des vibrations visuelles quand on se déplace devant. En bas, c’est l’inverse : ce sont des tiges noires qui dansent devant un fond noir strié de blanc.
Admirateur de Mondrian et Malevitch, Soto voulait dépasser ses maîtres. Il a voulu piéger le mouvement perpétuel du réel, sa pulsation, en la transformant en vibration.
La petite exposition à la galerie du Musée national d’art moderne du Centre Pompidou est un régal pour les yeux.
En 1955, Soto crée ses premières œuvres en volume sur plexiglas : un motif peint est répété sur un cadre en bois et sur un plexiglas, transparent, placé en avant du premier. Les deux motifs se superposent, dans un jeu avec l’ombre. Les formes semblent vibrer et bouger. L’œuvre dépend désormais du spectateur, elle est conditionnée par sa présence et le lieu où il se tient.
Rapidement, Soto se met à placer des formes en avant de cadres striés, ("Premier carré vibrant", 1958). Il peut s’agir de tiges métalliques blanches, jaunes, noires, de carrés, qui se fondent dans l’arrière-plan et semblent perdre leur volume. Le fond de ces "Vibrations" est entièrement strié ou en partie seulement. Les interférences entre les deux plans créent un mouvement optique.
L’artiste plante aussi verticalement des tiges sur de grands cadres horizontaux ("Extension", 1989) : on se trouve comme devant un grand bloc liquide où des masses flottantes semblent se déplacer en une onde rouge et noire quand on fait le tour de l'oeuvre.
La subtilité de la vibration atteint son comble avec "Cuadrado virtual cobalt" de 1979. Ici les tiges métalliques sont courbes, bleues au milieu, noires aux extrémités.
Dans les années 1980, Soto crée un nouveau type de mouvement avec la série "Ambivalences" ("Senegalés", 1988). Cette fois-ci, ce n’est pas le visiteur qui crée la vibration en bougeant, c’est l’œuvre qui vibre toute seule. Des carrés, formes chères à Mondrian, de couleurs et de tailles différentes, sont placés devant le cadre. Bien que situés dans le même plan, ils semblent flotter à des distances différentes dans l’espace, dans une "danse de rentrées ou de saillies imprévisible", selon les mots de l’artiste.
L’œuvre qui frappera le plus le visiteur sera bien sûr le grand "Cube pénétrable" créé pour l’exposition Soto de 1997 au Jeu de Paume. Avec elle, on n’est plus seulement dans la sensation optique. La vibration se fait tactile, la sensation est jubilatoire et saisit le visiteur tout entier, qui pénètre dans une jungle mouvante de tiges suspendues au plafond.
Soto dans la collection du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, galerie du musée, niveau 4
Tous les jours sauf mardi, 11h-21h
Tarifs : 11€ à 13€ / 9€ à 10€
Du 27 février au 20 mai 2013
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.