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Grogne des intermittents : les gros festivals menacés

En colère contre leur nouvelle convention d'assurance-chômage, les intermittents du spectacle, qui demandent le retrait du texte, menacent pour se faire entendre de perturber les festivals.
Article rédigé par Agathe Ranc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Sur le pont d'Avignon, les intermittents tentent de faire entendre leurs revendications © MAXPPP / La Provence)

20.000 spectateurs étaient attendus ce soir sur les bords de la Garonne pour la première grande soirée du festival Rio Loco, l'un des plus importants de la ville de Toulouse. Mais face à la détermination des intermittents du spectacle, la mairie a annoncé l'annulation de la première journée.

La centaine d'intermittents, installés sur la scène principale, en centre-ville, a en effet voté le blocage de la première journée. Comme ailleurs en France, ils protestent contre l'adoption de leur nouvelle convention d'assurance-chômage, signée en mars par le patronat et trois syndicats (CCFDT, FO, CFTC). Mardi, une soirée "avant-première" de ce festival de musqiues du monde avait déjà été perturbée.

"A huit jours de l'agrément de la convention par le gouvernement, nous n'avons pas d'autres recours, explique la Coordination des intermittents et précaires de Midi-Pyrénées. Nous avons épuisé tous les moyens en terme d'actions de sensibilisation, d'informations, de manifestations ."

La menace Avignon

En l'absence d'accord sur la convention, la tenue du festival de théâtre d'Avignon  pourrait être compromise. Le personnel du festival "in " a "exigé " que François Rebsamen, ministre du Travail, refuse l'accord, et menace de faire valoir son droit de grève dès le 4 juillet, soit le jour de l'ouverture. Sur France Info , Olivier Py, le directeur du festival, explique avoir toujours trouvé les revendications des intermittents "légitimes " sur un accord "qui n'est pas bon et ne doit pas être signé ". Il espère qu'une solution d'accord pourra être trouvé afin de "sauver les festivals ".

 

11.06.2014 Olivier Py : "Sauver les festivals en 15 jours"

 

Depuis une semaine, une trentaine de manifestations ont été perturbées en France, selon la CGT-spectacle. Parmi ces manifestations, le Printemps des comédiens de Montpellier. Hier, la grève a été reconduite pour 48 heures, ce qui a conduit à l'annulation de plusieurs spectacles.

Le fantôme de 2003

Face à cette situation, certains craignent un "2003 bis ". Cette année-là, date de la dernière grande réforme du régime des intermittents, le festival d'Avignon avait été annulé pour la première fois depuis sa création, ainsi que ceux d'Aix-en-Provence ou de La Rochelle, notamment.

Les organisateurs de vingt festivals français, comme les Vieilles charrues, les Eurockéennes ou la Route du rock, tous membres de la Fédération internationale des festivals, ont signé un communiqué demandant que soient prises en compte les revendications des intermittents. Rappelant que les 20 festivals signataires "comptent à chacune de leurs éditions plus de 5.000 salariés sous le régime de l’intermittence ", ils demandent la suspension de la réforme appellent "à la mobilisation de tous ".

 

"Nous ne voulons et nous ne pouvons revivre 2003 ", écrit de son côté le Syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles et diffuseurs indépendants de musique (Profedim) dans une lettre ouverte au gouvernement.

Les intermittents rencontreront jeudi le médiateur nommé par le gouvernement sur le dossier, le député Jean Patrick Gille. La CGT a également annoncé qu’elle s’engageait devant les tribunaux. Elle assigne en justice les signataires de la convention d’assurance-chômage, estimant que les négociations ont été "déloyales ".

Une nouvelle journée d’actions est prévue le 16 juin, et aucun préavis de grève n’a été déposé pour le mois de juillet, précise la CGT-spectacle qui explique que c’est "parce qu'ils espèrent bien être entendus ".

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