Exposition Clouds en Belgique : le château du Roeulx dans les nuages
Michèle Moutashar, conservateur en chef honoraire du patrimoine, avait imaginé l'exposition "Nuage" au Musée Réattu d'Arles (2013) dont elle était alors la directrice. C'était la réalisation d'une idée qui lui était venue il y a plus de trente ans alors qu'elle contemplait les nuages du Corrège dans la coupole de la cathédrale de Parme.
Il s'agissait non pas de s'attacher à l'image, à la représentation de cet objet en constante métamorphose, métaphore du vivant, mais d'aller au-delà, de se "mettre à l'écoute d'un frisson (…), à la recherche de concentrés de vie, de tourbillons d'énergie" et de montrer "des œuvres qui sans en être ne parlent que de nuages".
Michèle Moutashar ne pensait pas possible de réinventer l'exposition ailleurs qu'à Arles, mais elle a été charmée par la grande pelouse du château du Roeulx dont le "tangage imperceptible de courbes et de contrecourbes dont les vagues et les ourlets se croisent" la rapprochait d'une sculpture. Ce "volume vivant" deviendrait le "premier objet de l'exposition". Il accueille aujourd'hui deux têtes en dentelle d'acier de Jaume Plensa, "Marianna et Nuria", toutes en transparence.
Un nuage au-dessus du bassin central
La nouvelle exposition allait forcément être différente, compte-tenu de la présence du parc de 4 hectares qui entoure le château du Roeulx, à 18 km de Mons. Des œuvres ont été créées spécialement, comme le véritable nuage conçu comme "une sculpture vivante" par l'artiste genevoise Anne Blanchet au-dessus du grand bassin central. Ses formes varient avec les conditions météo, il s'élève plus ou moins haut, c'est une œuvre incontrôlable, imprévisible.L'artiste belge Bob Verschueren a glané des fragments végétaux dans le parc et en a fait un flux de branchages, gros serpent qui semble vouloir relier l'extérieur et l'intérieur ("Induction").
Des pierres de méditation chinoises
Toujours dehors, un jardin de méditation chinois a été reconstitué sur un bassin avec trois rochers aux formes étranges datant de la fin de l'époque Ming. Ces pierres de méditation étaient alors récoltées au fond d'un grand lac à l'ouest de Shanghai.Car, pour Michèle Moutashar, les nuages nous ramènent sans cesse à la culture chinoise qui y voit la manifestation de l'énergie vitale. Comme les "champignons-nuages" de Jacqueline Salmon, créés pour l'exposition, photographies de lingzhi, "champignons de l'immortalité" pour les Chinois : "un nuage d'orage et un nuage d'aurore, le sombre et le blanc, opposés et vibrants comme le yin et le yang de la culture qui les a inspirés", écrit l'artiste.
De la cacahuète à la poussette
Tony Cragg fait tourbillonner le bronze ("Must Be", 2012) tandis que Jan Van Muster reflète le ciel dans sa "Battery for Five Fingers", sphère de granit noir poli où on pourrait se recharger à l'énergie de la pierre. Les "Génies" (2012-2015) de Jean-Blaise Picheral, découpés dans de la tôle d'acier à partir de l'agrandissement d'empreintes digitales et posés au sol, semblent répondre à l'"Ombre de nuage" (1958) de Jean Arp.A l'intérieur, c'est l'ombre d'une cacahuète que Marina Abramovic projette sur un mur ("Cloud With Its Shadow", 1971), Charlotte Charbonnel met les nuages dans des bocaux ("Aperçu de nuage"), des nuages qui se promènent en poussette avec Françoise Coutant ("Petite colère", 2003, et "Promenoir à nuages", 2003) tandis que Michel François suspend une grappe de sacs plastiques transparents pleins d'eau ("Retenue d'eau", 1998), créant du merveilleux avec de l'anodin. Perrine Lievens, elle, accroche une énorme barbe à papa blanche sur des tréteaux.
Et le Belge Magritte, bien sûr, icône du surréalisme chez qui le nuage était un motif récurrent, est présent avec deux tableaux.
Exposition Clouds, Château du Roeulx, Le Roeulx (18 km de Mons) – Belgique, dans le cadre de Mons 2015, capitale européenne de la culture,
Du mardi au vendredi, 11h-18h
Samedi et dimanche, 10h-18h
Fermé de lundi
Tarifs : 12€ / 9€ /
Du 21 mai au 18 octobre 2015
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