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Et si vous vous offriez une photo d'art...

Paris Photo, au Grand Palais jusqu'à dimanche, est un événement incontournable pour les curieux... mais aussi pour les acheteurs, grâce aux prix qu'il pratique. Francetv info vous guide dans la jungle des galeries.

Article rédigé par Elodie Drouard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
"Vivienne Westwood N° 1, London 2009". (JUERGEN TELLER / GALERIE SUZANNE TARASIEVE PARIS)

Pas besoin de gagner à l'Euro Millions pour acheter une photo d’art. La preuve en déambulant dans les allées de Paris Photo 2013, la foire parisienne dédiée à la photographie, qui se tient au Grand Palais jusqu’au dimanche 17 novembre.

La transparence des prix affichés sous les œuvres, parfois accessibles, incite le visiteur à se lancer. Rappelons que la photographie la plus chère jamais vendue (une œuvre de l'Allemand Andreas Gursky) s'est échangée à 3,2 millions d'euros, très loin du record atteint le 12 novembre par un triptyque du peintre Francis Bacon

Mais comment s’y retrouver lorsque l’on entame une plongée parmi 136 galeries internationales, qui représentent aussi bien les grands noms de la photographie que les jeunes photographes inconnus du néophyte. Combien vaut une photo d’art ? Quels sont les pièges à déjouer si l’on souhaite investir ? Elements de réponse en images.

La photo people

L'exemple : Carla Bruni par Vanessa von Zitzewitz (galerie Bernheimer

  (ELODIE DROUARD / FRANCETV INFO)
 

Le prix : 32 500 euros pour un format 155 x 110 cm, tirage 2 sur 3

Le motif : Vous n’avez jamais entendu parler de la photographe, une aristocrate allemande dont le hobby consiste à photographier les stars et les pur-sang, selon Le Figaro. Mais vous avez un petit faible pour Carla Bruni. Nue.

L’astuce : C’est ce que les galeristes appellent un "achat coup de cœur". Pas franchement raisonné et réalisé indépendamment des tendances du marché. Car, même si, selon Guillaume Lointier, de la galerie Suzanne Tarasieve, "la personnalité photographiée n’a pas d’incidence sur le prix de la photo"  il y a fort à parier que celle-ci ne serait pas vendue à ce prix si Carla Bruni n'était pas mannequin / chanteuse / ex-Première dame.

Pour le même budget, on ne saurait trop vous conseiller de plutôt investir dans un portfolio de Milton H. Greene comprenant dix photos de Marilyn Monroe. Pour 38 000 euros, vous vous offrez un double mythe. Sans pour autant risquer que l’on prenne ces œuvres pour des posters...

  (ELODIE DROUARD / FRANCETV INFO)

Si vous êtes plus audacieux (et plus riche), précipitez-vous sur le triptyque de Juergen Teller révélant la créatrice britannique Vivienne Westwood dans le plus simple appareil, proposé par la galerie Suzanne Tarasieve à 126 000 euros. Une démarche à la fois punk et un beau placement, car ce photographe allemand est un des chantres de la photographie de mode contemporaine. Si votre budget est plus serré, ses photos en compagnie de Charlotte Rampling constituent un must-have absolu (compilées dans le livre Louis XV).

  (DR)

La photo émergente

L'exemple : la série The Car Poolers du Mexicain Alejandro Cartagena (galerie Grafika La Estampa)

  (ALEJANDRO CARTAGENA / GRAFIKA LA ESTAMPA)
Le prix : 3 500 euros la photo de 50 x 31 cm, tirage limité à 10

Le motif : Cette série, exposée cette année à Photoquai, a bénéficié d’une jolie presse en France. Le Mexicain a photographié depuis un pont les pick-up transportant chaque jour les ouvriers de et vers Monterrey.

L’astuce : Un excellent placement, même si c'est surtout la série qui est intéressante. Si votre budget ne vous permet pas, tel un François Pinault, d'acheter toute une série d'un coup, vous reviendrez l’année prochaine pour compléter votre collection. Car, comme le souligne Eric Rodrigue, de la galerie RX, "aujourd’hui, c’est vers les pays émergents qu’il faut se tourner pour investir dans la photographie d’art, et plus particulièrement vers les pays sud-américains comme le Chili et la Colombie. Et dans une moindre mesure vers la Russie.”

La jeune photographie

L'exemple : Les portraits de Dorothée Smith (galerie Les Filles du calvaire)

"Sans titre, Sub Limis, 2010". (DOROTHEE SMITH)

Le prix : De 1 250 à 4 600 euros, selon les formats

Le motif : Parce qu'investir dans un jeune artiste, c'est faire un pari sur l'avenir. Aujourd'hui abordable, sa cote peut tout aussi bien s'envoler que retomber comme un vieux soufflé si, par exemple, l'artiste décide subitement d'arrêter la photographie. Si vous ne souhaitez pas spéculer, vous pouvez aussi laisser parler votre cœur et vous laisser séduire par le charme très particulier de ces portraits.

L’astuce : Comment éviter de se planter lorsque l'on achète le travail d'un jeune photographe ? En s’intéressant au parcours de l’artiste, comme le rappelle Sébastien Ruiz, de la galerie du jour agnès b. Ainsi, "un photographe issu d’une école de photographie reconnue, comme Arles ou Le Fresnoy, est un gage de qualité".

D'autre part, on ne saurait trop conseiller à un futur acheteur de se faire une culture photographique avant d’envisager un achat. Certes, il faut "acheter en suivant son cœur", comme le martèlent tous les galeristes, mais il faut tout de même avoir quelques bases. Comme le souligne Guillaume Lointier, il est recommandé de "lire des livres de photo, se renseigner sur les galeries de référence et aiguiser son œil avant de céder à un achat compulsif".

La photo de l’artiste mort

L'exemple : Diane Arbus (galerie Westlicht)

  (ELODIE DROUARD / FRANCETV INFO)

Le prix : entre 85 000 et 220 000 euros (pour la célèbre photo des jumelles), tirage sur 50 imprimé en 1973

Le motif : Parce que tout le monde connaît Diane Arbus, pilier de la photographie humaniste américaine. Il s’agit plus, dans ce cas, d’un placement financier.

L’astuce : La photographe s’étant donnée la mort en 1971, ces tirages ont donc été réalisés post-mortem et à 50 exemplaires. Beaucoup trop, pour l’essentiel des galeristes interrogés à l’occasion de Paris Photo, qui recommandent de privilégier des éditions inférieures à dix. Comme le rappelle Eric Rodrigue, de la galerie RX, il faut "privilégier l’achat de photos vintage, c’est-à-dire dont la prise de vue et le tirage ont été effectués par l’auteur". N’oubliez pas également de réclamer un certificat d’authenticité délivré par les ayants droit ou la galerie.

Le tirage presque épuisé

L'exemple : Gilbert Garcin (galerie Les Filles du calvaire)

  (GILBERT GARCIN / GALERIE LES FILLES DU CALVAIRE)

Le prix : 1 250 euros pour un 20 x 30 cm, édition de 12 tirages

Le motif : Tout le monde a entendu parler de ce fringant jeune homme de 84 ans qui a attendu la retraite pour se mettre à la photo. Depuis, on s’arrache ses photomontages surréalistes, et Gilbert Garcin était cet été un des artistes emblématiques des Rencontres photographique d’Arles. Marseille lui consacrera sa première rétrospective début 2014, comme le rappelle Télérama.

L’astuce : Fort d’un succès croissant, de nombreux tirages de Gilbert Garcin arrivent à expiration. Selon la galerie Les Filles du calvaire, qui le représente, "plus vous atteignez la fin d’un tirage, plus le prix de celui-ci augmente". L’occasion ou jamais d’investir.

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