En Normandie, une expo rend hommage à Francisque Poulbot, le dessinateur des gamins de Paris

Tout le monde connait le nom de Poulbot mais pas forcément l’histoire et la carrière de celui qui se cache derrière ce patronyme. L'exposition proposée jusqu'en février 2024 à La Maison des Barils aux  Barils (une commune située au sud-ouest d’Evreux dans l’Eure) par Jules Privé, son arrière-petit-neveu et ayant-droit, permet d’en savoir plus sur l’artiste et sur l’homme. 

Dessinateur de la butte Montmartre

Il faut d’abord dissiper une confusion assez fréquente quand on évoque les dessins de Poulbot. Il ne s’agit pas de ces enfants, dotés de grands yeux avec de longs cils et d’une frimousse au nez retroussé. Le père de ces titis parisiens-là s’appelle Stanislas Pozar dit Michel Thomas (1937-2014).  

Les dessins de Francisque Poulbot (1879-1946) sont peut-être moins reconnaissables et pourtant, c’est bien lui qui, le premier, s'intéresse aux gamins qui peuplent les rues du maquis à Montmartre, à l’époque où ce quartier de Paris est un bidonville où vit une population misérable. Vie quotidienne, école, jeux, famille, mais aussi injustices sociales, Poulbot s’attache à décrire au plus juste la vie à Montmartre tout en gardant une pointe d’humour et de dérision notamment lors de la Première guerre mondiale. 

Poulbot dessine la Butte mais il s'engage aussi pour elle et pour sa population. En 1920-1921, il contribue avec les artistes Willette, Forain, Raoul Guérin et Maurice Neumont à la création de "la République de Montmartre" dont l'objectif est de préserver la Butte. Après la guerre, ses terrains vagues et ses friches attisent l’avidité des promoteurs qui veulent déloger les familles.

Des talents multiples

Affichiste, dessinateur et illustrateur, Francisque Poulbot publie ses dessins dans le journal L’Assiette au beurre, ses affiches publicitaires vantent Le Bon Marché et Le Moulin de la Galette. Quant à ses illustrations, elles émaillent Les Misérables, de Victor Hugo et le roman de Jules Renard Poil de Carotte. 

L’exposition proposée aux Barils révèlent des croquis inédits, réalisés pendant le Première guerre mondiale, des photographies, des projets d’affiches, des documents sonores ainsi qu’un documentaire de l’INA, Les Enfants de la butte, réalisé en 1947 par Jack Pinoteau (le frère du réalisateur Claude Pinoteau). 

Une vie pour les enfants

Francisque Poulbot et son épouse Léona Ondernard (1881-1958) n’ont jamais eu d’enfant. Mais c’est à eux qu’on doit la création en 1923 d’un dispensaire baptisé Les P’tits Poulbots qui vient en aide aux déshérités de Montmartre et à leurs familles. Toujours à destination des enfants, le dessinateur invente en 1908 dix-huit poupées, représentant chacune un quartier de Paris. Parmi elles, Nénette et Rintintin, seront réadaptées par les marraines de guerre pour devenir des porte-bonheurs destinés à soutenir les soldats partis au front. 

Si Poulbot a vécu pendant vingt ans dans le Calvados en Normandie, il a gardé un attachement profond à la butte Montmartre. Aujourd’hui, les touristes peuvent passer devant la maison qu’il a fait construire (et où il est mort) au 13, rue Junot dans le 18e arrondissement. Là encore, il a rendu hommage à ces gamins de de la Butte avec, en façade, une mosaïque qui représente des têtes d’enfants. 

Exposition "Poulbot, enfants de Montmartre", à la Maison des Barils - 5 route de Verneuil aux Barils jusqu'au 29 février 2024 - du vendredi au dimanche de 14 h 30 à 19 h. Entrée libre et gratuite