Dürer, Picasso, Degas : la gravure fait impression au musée de Lodève
C'est l'une des très belles expositions de l'été en Occitanie : "Impressions Fortes" ou l'histoire de la gravure à travers une centaine d'oeuvres magistrales. Une collection privée venue tout droit de Suisse jusqu'au Musée de Lodève (34).
Le parcours permet aux visiteurs de découvrir les nombreux procédés rassemblés sous le nom d’estampe et que les plus grands noms de l'histoire de l'art ont pratiquée.
Reportage : L. Beaumel / M. Hahn / S. Bonnefond / F. Rinauro
Pissaro, Picasso, Goya, Dürer : tous férus de gravure
Le parcours de l'exposition se divise en 7 sections thématiques où les planches d’artistes récents dialoguent avec des chefs-d’œuvre consacrés par l'Histoire. Si la technique a évolué au cours des années, l'attrait pour la gravure a toujours fasciné les artistes.Dürer (1471-1528), LE maître en la matière, découvre la gravure à 13 ans et apprend à se servir du burin et de la pointe avec son père. Il en a fait sa discipline et l'enrichit au grè de ses voyages. Ses oeuvres illustrent de nombreux ouvrages de référence.
Goya (1746-1828) réalise une centaine d'oeuvres pour lesquelles il exécutait le plus souvent un dessin préparatoire avant de passer à la gravure. Chez le maître espagnol, la gravure fait donc partie intégrante de sa création, tout comme la peinture, et représente une partie importante de son intense activité créatrice.
Degas (1834-1917) s'essaie lui aussi à la gravure et fait preuve d’une inventivité hors du commun. Il cherche par tous les moyens à obtenir des effets de couleur, de matière, de lumière grâce à des instruments ou des attaques inédites à l’acide. Parmi les oeuvres exposées dans le parcours "Impressions Fortes", il y a ce christ au visage paisible. Cette "Sainte Face" réalisée en un seul trait par Claude Mellan au burin en 1649 reste une œuvre de référence plus de 350 ans après.
"L'artiste a créé le volume grâce à l'éloignement ou rapprochement des lignes et des podis qu'il met dans son burin pour graver la plaque de cuivre", explique Yvonne Papin-Drastik, Conservatrice en chef, Directrice du Musée de Lodève.
Peintre impressionniste de la première heure, Camille Pissarro (1973-1903) s’est également intéressé à la gravure. Cette technique est même devenue une obsession pour le peintre qui l'évoque dans toutes ses lettres adressées à son fils. La plupart des estampes de l’artiste sont en noir et blanc et viennent nourrir son travail sur la couleur. Les eaux-fortes des grands maîtres italiens Canaletto, Piranese mais aussi ceux de l'école hollandaise dont Rembrandt expriment toute la richesse de l'art de la gravure.
Durant sa longue carrière, le frénétique Picasso a également eu sa "période" gravure. Une période qui s'apparente encore une fois à une véritable passion. On compterait pas moins de 30 000 gravures signées par l'auteur de Guernica.
Aujourd'hui, l'art de l'estampe séduit toujours certains plasticiens d'art contemporain. Damien Deroubaix, Rémy Jacquier ou encore Erik Dietman utilisent ces techniques ancestrales pour créer leurs oeuvres.
500 ans de gravure : une technique et un art
En déambulant dans le musée de Lodève, le visiteur découvre le panel complet de toutes les techniques de la gravure, des plus anciennes aux plus récentes. Car sous le terme générique de gravure on regroupe une dizaine de techniques différentes. Lithographie, eaux-fortes, aquatintes, xylogravure, burin, mais aussi photographie, une multitude de techniques permettent la reproduction des estampes.L'exposition du musée de Lodève a été possible grâce au prêt de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint Prex basée à Vevey en Suisse.
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