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Le Centre Pompidou-Metz fête ses 10 ans avec deux expositions phares : Yves Klein, et le folklore dans l'art contemporain

Pour son 10e anniversaire, le Centre Pompidou-Metz propose un dialogue entre Yves Klein et une trentaine d'artistes, ainsi qu'une exposition dédiée à l'inspiration folklorique dans l'art contemporain.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 4min
Centre Pompidou-Metz, 2010 (© Shigeru Ban Architects Europe et Jean de Gastines Architectes, avec Philip Gumuchdjian pour la conception du projet lauréat du concours / Metz Métropole / Centre Pompidou-Metz / Photo Philippe Gisselbrecht)

Pour célébrer ses 10 ans, le Centre Pompidou-Metz propose dans son programme d'été de faire dialoguer Yves Klein, célèbre pour ses monochromes bleus, et une trentaine d'artistes contemporains étrangers. Une autre exposition est dédiée à l'influence du folklore dans l'art moderne. 

La guerre omniprésente

Les deux expositions "sont des projets très européens qui montrent la façon dont le Centre Pompidou-Metz est au coeur d'un territoire plus vaste que la France", a annoncé en préambule Emma Lavigne, directrice du Palais de Tokyo après avoir été à la tête de l'institution messine pendant quatre ans. Elle est la commissaire de l'exposition Le ciel comme atelier, Yves Klein et ses contemporains.

En neuf sections, un dialogue thématique se construit entre Yves Klein (1928-1962), peintre emblématique de l'après-guerre, et des artistes allemands, italiens, japonais, contemporains avec lesquels il avait "des affinités profondes".

Dans la première salle, baptisée Le monde année zéro, fait référence aux destructions de la Seconde Guerre mondiale sur lesquelles il faut créer "un art nouveau". Une Anthropophagie bleue, hommage à Tennessee Williams, fait référence à une bataille d'Yves Klein, et le Combattant chinois d'un rouge carmin de l'artiste japonais Kazuo Shiraga sont côte à côte.

Yves Klein, Grande Anthropophagie bleue, Hommage à Tennessee Williams, (ANT 76), 1960. Pigment pur et résine synthétique sur papier marouflé sur toile, 407 x 275 cmParis, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne (© Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, 2020 © Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP)

"La guerre est omniprésente dans la trajectoire des artistes de l'exposition. Il y a le désir fou au milieu des décombres de réinventer une créativité", note Emma Lavigne.

Le feu comme nouveau matériau

La section III, intitulée Zones blanches, raconte l'influence des peintres italiens comme Enrico Castellani, Piero Manzoni ou Lucio Fontana sur Yves Klein.

La salle suivante met en exergue la volonté des artistes d'expérimenter le feu comme nouveau matériau. "Le feu est quelque chose qui attaque la toile, mais aussi qui la sublime. Yves Klein disait : 'Mes oeuvres d'art sont les cendres de mon art'", explique Emma Lavigne devant le cliché en noir et blanc Yves Klein travaillant aux peintures de feu à la Plaine-Saint-Denis.

Dans le dernier espace, Visions cosmiques, se côtoient les installations lumineuses des Allemands Otto Piene et Günther Uecker. "On plonge dans une obscurité qui pour ces artistes évoquait une peur latente, une menace", analyse Emma Lavigne.

Kazuo Shiraga, Chizensei Kirenji [Le combattant chinois Du Xing dit Face de Démon], 1961. Huile sur toile, 130 × 162 cm (© The Estate of Kazuo Shiraga.Courtesy of Fergus McCaffrey, New York / St. Barth. © Jan Liégeois / courtesy Axel & May Vervoordt Foundation)
L'exposition, programmée jusqu'en février 2021, "est extraordinaire et très attendue", a commenté la directrice du Centre Pompidou-Metz, Chiara Parisi, qui se réjouit de voir "le public revenir de façon décidée".

Folklore : faire rencontrer le présent et le passé

L'établissement culturel, fermé pendant trois mois en raison de l'épidémie de coronavirus, a rouvert ses portes le 12 juin avec l'exposition Folklore, prévue jusqu'en octobre (à l'origine, elle devait commencer le 21 mars). "Cette exposition pose la question de ce qui pourrait réunir deux univers que tout oppose en apparence : l'art moderne, perçu comme une rupture avec le passé pour créer quelque chose de nouveau, et le folklore, assimilé au passé, à la tradition, au collectif, à l'immatérialité", détaille Jean-Marie Gallais, l'un des commissaires de l'exposition.

Vassily Kandinsky, Ovale n°2, 1925. Huile sur carton ovale, 34,5 x 28,7 cmParis, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne (© Centre Pompidou, MNAM-CCI/Service de la documentation photographique du MNAM/Dist. RMN-GP)

La première section analyse l'influence du folklore dans les oeuvres des Français Paul Gauguin et Paul Sérusier, du couple Vassily Kandinsky et Gabrielle Münter, ou du Roumain Constantin Brâncusi.

A travers six salles riches d'objets, de photographies et de tableaux, le visiteur découvre, entre autres, les ambiguïtés et paradoxes du folklore, le vivier de motifs pour le mobilier et les costumes qu'il constitue ainsi que la façon dont il est étudié et sauvegardé.

La dernière partie s'ouvre sur le monde en s'attardant par exemple sur l'épopée à travers la planète d'un arbre remporté par un duo d'artistes, Marcus Gossolt et Johannes M. Hedinger, lors d'une coutume de mise aux enchères du dernier tronc coupé durant l'hiver dans une vallée en Suisse.

L'exposition, visible jusqu'en octobre, s'achève sur une sculpture colorée en acier, fibre de verre et résine du collectif Slavs and Tatars, représentant le Mollah Nasreddine. "C'était un religieux philosophe mi-savant mi-bouffon, qui collectait les us et coutumes au XIIIe siècle et distribuait sa morale par l'humour ou l'absurde", chevauchant un âne à l'envers, explique M Gallais. "Cette figure correspond bien à ce qu'est le folklore et son potentiel pour les artistes qui créent le futur en étant dans le présent, tout en regardant dans le passé". 

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