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"Puissiez-vous vivre une époque intéressante" : voici le mot d'ordre de la Biennale d'art de Venise 2019

La Biennale d'art de Venise ouvre ses portes samedi avec certaines oeuvres politiques, reflets un monde tourmenté. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des visiteurs regardent l'oeuvre "Flight" de l'artiste polonais Roman Stanczak, lors d'une visite en avant-première de la Biennale d'art de Venise, le 9 mai 2019. (TIZIANA FABI / AFP)

La Biennale d'art de Venise fait le pari cette année de s'immerger dans le temps présent, aussi inquiétant soit-il, en invitant des artistes du monde entier prêts à rompre avec les schémas classiques.

L'édition 2019, qui s'ouvre samedi 11 mai et jusqu'au 24 novembre, ambitionne de décrire le monde "sans tomber dans le piège du marché", a précisé le président de la Biennale, Paolo Baratta.

79 artistes invités à présenter deux oeuvres chacun

L'événement a choisi le mot d'ordre "May you live in interesting times" (puissiez-vous vivre une époque intéressante), expression que les Britanniques utilisent ironiquement pour souhaiter le pire à celui qui la reçoit. En l'occurrence, elle renvoie aux "temps difficiles" que la Biennale veut mettre cette année en valeur.

Quelque 79 artistes ont été invités dans la Cité des Doges par l'Américain Ralph Rugoff, directeur artistique de la Biennale. A chaque artiste il a été commandé deux oeuvres: l'une pour la zone historique des jardins et l'autre pour celle de l'arsenal, lieux traditionnels où se tient la Biennale.

Unique rendez-vous d'art comptant des pavillons nationaux (90 pour cette édition), la Biennale accueille cette année des nouveaux pays comme le Ghana, le Pakistan, Madagascar ou encore la Malaisie et la République dominicaine.

Le "Mur Ciudad Juarez, 2010" de l'artiste mexicaine Teresa Margolles, exposé lors d'une visite en avant-première de la Biennale de Venise le 9 mai 2019. (TIZIANA FABI / AFP)

Plus de femmes et moins d'Europe

Ce grand rendez-vous mondial de l'art contemporain est marqué cette année par la présence plus importante de femmes que d'hommes, et d'un plus grand nombre d'artistes provenant d'Amérique et d'Asie plutôt que de la vieille Europe.

"Il est nécessaire d'avoir des oeuvres avec des clés de lecture différentes, pour entrer en contact avec le grand public", a expliqué à la presse M. Rugoff. Il est indispensable de provoquer des interrogations, et non des messages, en ces temps de "fake news", d'actualité omniprésente et immédiate, ne reposant parfois que sur l'émotion."

Des oeuvres très politiques

Tradition oblige, la Biennale a décidé de récompenser d'un Lion d'or pour sa carrière le sculpteur et poète américain Jimmie Durham pour ses oeuvres à la fois iconoclastes et "profondément humanistes", selon les organisateurs. A bientôt 79 ans, Durham, qui a du sang cherokee dans les veines, est surtout connu pour ses oeuvres politiques dénonçant, entre autres, le colonialisme.

Autre artiste "politique" invitée, la Mexicaine Teresa Margolles qui présente un mur érigé de barbelés et constitué des blocs de ciment d'une école où l'on peut voir les impacts de balles là où quatre personnes ont été tuées.

L'épave du Barca Nostra, un chalutier ayant fait naufrage en Méditerranée en 2015 avec 700 migrants à son bord, est exposé à la Biennale d'art de Venise, à l'arsenal. (FELIX H?RHAGER / DPA)

Le choc d'une épave de migrants

L'une des installations les plus percutantes est à voir à l'arsenal, où se trouve l'épave d'un chalutier ayant fait naufrage en 2015 en Méditerranée, entraînant dans la mort plus de 700 migrants qui tentaient la traversée vers l'Europe. L'artiste suisse Christoph Buchel est à l'origine de cette oeuvre, muette, sans aucune inscription ou ajout de la part de l'auteur, mais dont la seule présence glace le sang de celui qui connaît la tragédie.

L'édition 2019 pourra également compter sur la présence d'artistes confirmés comme la Française Dominique González-Foerster, l'Allemande Rosemarie Trockel, le Libanais Lawrence Abu Hamdan, l'Américain George Condo ou le Vietnamien Danh Vo.

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