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Nicolas de Staël, dix ans de traditions et de ruptures racontés en 50 toiles à Brioude en Haute-Loire

Artiste phare du XXe siècle, Nicolas de Staël a connu une période d'intense recherche picturale de 1945 à 1955. Une décennie retracée dans une très belle exposition au Doyenné de Brioude.

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Exposition Nicolas de Staël au Doyenné de Brioude. (S. Trentesaux / France Télévisions)

Nicolas de Staël fait partie de ces peintres extrêmement prolifiques qui vivaient pour leur art dans une ardeur créatrice dévorante. De 1940 à 1955, le peintre né en Russie a peint plus d’un milliers de toiles, détruisant certaines au fur et à mesure de son travail.

Au Doyenné, espace d'art moderne et contemporain à Brioude (Haute-Loire), ce sont une cinquantaine d’œuvres qui sont exposées pour raconter dix années de production. Certaines viennent du Centre Pompidou Beaubourg mais aussi de nombreuses collections privées.

Exposition Nicolas de Staël au Doyenné de Brioude. (S. Trentesaux / France Télévisions)

Le public pourra aussi découvrir neuf peintures sur papier jamais exposées, des études préliminaires réalisées par Nicolas de Staël en amont de sa célèbre toile Parc des Princes (tableau qui fut adjugé à 20 millions d’euros en 2019 lors d’une vente chez Christie’s, un record pour l’artiste). Cette toile est exposée à Brioude tout comme la lettre qu’il écrivit à son ami René Char après avoir vu un match dans la célèbre enceinte sportive.

Expo Nicolas de Stael Brioude

Une (trop) lente reconnaissance

L’exposition retrace la période 1945-1955, très féconde pour Nicolas de Staël d’un point de vue artistique, avec des choix très personnels. D'abord figurative, sa peinture a définitivement pris le chemin de l’abstraction. Il commence à être connu à la suite d'une exposition à la galerie Jeanne Bucher à Paris en avril 1945.

Mais malgré cette reconnaissance, de Staël et sa famille vivent dans le dénuement. Il est alors marié et père de deux enfants. Si aujourd’hui, ses toiles se vendent à des millions d’euros, il a bataillé quasiment toute sa vie avec les difficultés matérielles. La mort de Jeannine, son épouse, en 1946, rend encore plus précaire son équilibre malgré un remariage dans les mois qui suivent.

Dans les années 50, il revient un peu à la figuration et connaît enfin un succès international, une sorte d’embellie finale qui va se traduire concrètement dans ses toiles. Au Doyenné de Brioude, un étage est consacré à cette année lumineuse, de 1953 à 1954. En Provence, le peintre réalise plus de 250 toiles, gorgées de couleurs et de ces ocres chaleureux qui rougissent la terre. Sa palette se colore et sa matière s’étire là où auparavant elle s’accumulait en amas de matière travaillés au couteau. Il s’installe à Antibes en septembre 1954 sans sa famille et peint sans relâche des natures mortes, des paysages… Il produit beaucoup, mais si sa peinture est effectivement lumineuse, lui reste angoissé.

Exposition Nicolas de Staël au Doyenné de Brioude. (S. Trentesaux / France Télévisions)

Le 16 mars 1955, à 41 ans, il se donne la mort en se jetant dans le vide, laissant une toile inachevée (Le concert). Une issue dramatique pour un artiste qui considérait la peinture comme sa priorité absolue, voire sa raison de vivre. En témoigne ces mots :  "Toute ma vie, j’ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, pour me libérer de mes impressions, de toutes les sensations, de toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai trouvé d'autre issue que la peinture."

Exposition "Nicolas de Staël, traditions et ruptures". Jusqu'au 10 octobre 2021. Le Doyenné - place Lafayette - 43100 Brioude.
Ouvert tous les jours sauf le lundi matin.
Tél. : 04 71 74 51 34

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