Le Brésilien Jaider Esbell, figure majeure de l'art indigène contemporain, est mort à 41 ans
L'artiste brésilien a été retrouvé mort mardi à son domicile de Sao Paulo, ont annoncé les autorités, sans préciser les causes du décès.
Jaider Esbell, l'un des grands noms de l'art indigène contemporain, a été retrouvé mort le 2 novembre à son domicile de Sao Paulo. Les autorités n'ont pas précisé les causes du décès. Esbell avait 41 ans.
Attrait marqué pour les mouvements autochtones
Issu du peuple Macuxi installé dans l'Etat de Roraima, Jaider Esbell nourrissait depuis l'enfance un véritable appétit pour les mouvements sociaux indigènes. À 18 ans, il avait rejoint la capitale, Bela Vista, où il a travaillé pour la compagnie publique d'énergie Eletrobras le jour et dans une bibliothèque la nuit. L'occasion de voyager et d'approfondir encore ses connaissance sur les peuples autochtones.
Il s'était essayé à cette époque à la peinture et la litterature, mais avait alors détruit l'ensemble de son oeuvre. Ce n'est que plus tard, après l'obtention d'un diplôme de géographie spécialisation gestion de l'environnement et l'acquisition de la bourse Funarte - qui soutient l'oeuvre culturelle au Brésil - qu'il avait assumé pleinement sa vocation artistique.
Figure de proue de l'art indigène
Il tenait un rôle central dans l'affirmation de l'art indigène contemporain au Brésil. "Avec clarté et générosité, il était un des principaux représentants des artistes de peuples autochtones, bâtissant des ponts pour favoriser les échanges de connaissances avec le circuit de l'art contemporain", ont déclaré les organisateurs de la Biennale de Sao Paulo - où l'artiste était l'un des principaux exposants - dans un communiqué lui rendant hommage.
Il y présentait entre autres une sculpture gonflable monumentale représentant deux serpents géants multicolores flottant sur un lac. Nommée Entités, la structure accueille actuellement - et ce depuis septembre - les visiteurs de la Biennale sur le lac du parc Ibirapuera. Francesco Stocchi, commissaire de la Biennale qui se tient jusqu'au 5 décembre, a déploré auprès de l'AFP ce décès "totalement inattendu, surtout quand on connaît son tempérament et son rôle de catalyseur d'énergies".
Brazilian artist Jaider Esbell (1979-2021) passed away. Esbell belonged to the first nation Macuxi. His recent installation in Porto Alegre is so powerful and reminds Dahomey's Dan. Esbell's memory and work remain alive. Pictures: newspapers Zero Hora and Correio do Povo. pic.twitter.com/fkNyvwQ3Yn
— Ana Lucia Araujo, PhD (@analuciaraujo_) November 3, 2021
Un engagement écologique
"Mon oeuvre majeure est politique, pas ces dessins colorés, pas le serpent sur lac. Ce ne sont que des éléments pour attirer l'attention pour discuter de questions comme le réchauffement climatique et l'urgence écologique", avait expliqué Jaider Esbell à l'AFP en septembre. "Nous sommes à un moment-clé car tout le monde se bat, mais personne ne se bat pour l'urgence écologique", avait insisté l'artiste, originaire de la réserve indigène de Raposa Serra do Sol, dans l'Etat de Roraima (nord), une terre marquée par les conflits fonciers.
Son galeriste avait annoncé récemment l'acquisition de deux de ses oeuvres par le Centre Georges Pompidou de Paris. En 2016, il avait remporté le prix PIPA, un des plus importants de l'art contemporain au Brésil.
Jaider Esbell, an Indigenous artist whose work is currently on view at the Bienal de São Paulo, was found dead at 41 yesterday https://t.co/sGOSCkkNwS
— ARTnews (@artnews) November 3, 2021
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