Entre féerie kitsch et métavers, l'univers foisonnant de Patrick Moya enchante le château de Courcelles, en Moselle
Les talents de Patrick Moya sont multiples et c’est ce qu’entend montrer l’expositon proposée jusqu’au 2 juillet au Château de Courcelles à Montigny-lès-Metz (Moselle). Avec son titre, Moyaland, on pourrait accuser l’artiste d’un excès d’égocentrisme. Il faut dire que Patrick Moya prend souvent comme prétexte son nom et son image.
Mais derrière ce narcissisme apparent se cache une démarche quasi visionnaire. "J’ai fait un travail autour de l’idée que l’artiste devait être au centre de l’œuvre, explique Patrick Moya devant l’une de ses créations où son nom s’inscrit en lettres 2D. Dans les années 75, j’écrivais déjà que les futurs ordinateurs pourraient tout faire tout seuls et que le seul moyen pour l’artiste de rester au centre, c’était d’écrire son nom et d’avoir son image".
Enchanté et pervers
Le parcours de l’exposition donne à voir la capacité de l'artiste à appréhender des univers très différents. Il y a le figuratif, "enchanté et légèrement pervers" – une définition donnée par la journaliste Florence Canarelli qui lui a consacré un ouvrage, Le Cas Moya (Baie des anges Editions) - où des ours en peluche, des Pinocchios et des éléphants volants se croisent au milieu d’un déluge de couleurs acidulées.
Jumeau numérique
L’autre partie de l’exposition est tournée vers les mondes virtuels. L'artiste a créé son propre métavers, un monde parallèle dans lequel on retrouve son avatar et son univers artistique. L’exposition du Château de Courcelles y est reproduite et sera visible même quand sa jumelle “physique” aura fermé ses portes.
Touche-à-tout
Né à Troyes en 1955, c'est à la Villa Arson de Nice que Patrick Moya fait ses études d'art dans les années 1970. Bientôt soutenu par la principale galerie de l'Ecole de Nice, il présente dès 1996 de grandes toiles et des sculptures au MAMAC, le Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de la capitale azuréenne.
Très vite, il est exposé dans le monde entier. Après l'Italie où il présente son travail très régulièrement depuis 1987, on le croise à Londres, en Allemagne, aux Etats-Unis, à Hong Kong, Taiwan, au Japon, en Corée, etc. Aux expositions de peintures et de sculptures s'ajoutent les performances ou happenings, sans oublier la création d'affiches ou les dessins de presse. Face à cette profusion de créations et d'activités, diffcile de croire que Moya voulait être, comme il le dit lui-même, "un artiste minimal. Mais en allant en Asie, j'ai découvert les mangas et des villes pleines d'images. Je me suis dit qu'il fallait que je m'ouvre à toutes les possibilités : la télé, le ciné, la BD..."
La Dolly de Moya
Moya est aussi à l’origine de personnages récurrents, devenus “cultes” à l’image de la brebis Dolly. Créée en 1998 d'après le premier mammifère cloné de l'histoire, elle est devenue la mascotte de soirées techno branchées, les "Dolly Party", au cours desquelles Patrick Moya intervient régulièrement pour des performances.
Cette apparente légèreté côtoie des aspirations plus profondes. En témoigne son travail dans la chapelle Saint-Jean (XVIIIe) à Clans, dans les Alpes-Maritimes, désormais plus connue sous le nom de "chapelle Moya".
Patrick Moya est également à l'honneur à la Maison de la Céramique Terra Rossa de Salernes (Var) où l'artiste expose peintures et céramiques jusqu'au 15 juillet.
Expo "Moyaland" de Patrick Moya, jusqu'au 2 juillet au Château de Courcelles, 73 Rue de Pont-à-Mousson, 57950 Montigny-lès-Metz - Ouvert les vendredis, samedis, dimanches, de 14h à 18h. Entrée libre - Contact : 03 87 55 74 07
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