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Corse : Bonifacio accueille sa première biennale internationale d'art contemporain

Anish Kapoor, Mao Tao... Une quinzaine d'artistes de différents pays exposent leurs œuvres jusqu'en novembre 2022 dans six sites emblématiques de Bonifacio qui étaient jusque-là inaccessibles au public, selon l'un des créateurs de la biennale. L'exposition s'intitule "Rouge Odyssée".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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Prisca Meslier, cofondatrice de la Biennale d'art contemporain à Ajaccio, observe un écran sur lequel on peut voir l'œuvre "La Mer" de l'artiste Ange Leccia, le 21 juin 2022 à Bonifacio (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

Du tourbillon "hypnotique" du Britannique Anish Kapoor à la lune fantasmée du Chinois Mao Tao, du street-art californien à des créations vidéos corses ou marseillaise, Bonifacio, à l'extrême sud de la Corse, accueille sa première biennale internationale d'art contemporain. Au total, une quinzaine d'artistes français, marocain, américains, britanniques, brésilien, néerlandais, turque et chinois exposent leurs œuvres jusqu'en novembre dans six sites emblématiques pour la plupart "restés fermés au public jusqu'à présent", offrant une "redécouverte patrimoniale et artistique de la ville", explique à l'AFP Dominique Marcellesi, 30 ans, l'un des deux créateurs de cette biennale.

Une plongée dans les thèmes de l'exil et du déracinement

Dans cette cité de 3 000 habitants qui accueille quelque deux millions de visiteurs annuels, notamment l'été, cette première exposition, baptisée Rouge Odyssée, fait référence à l'Odyssée d'Homère qui est passée par Bonifacio et plonge le visiteur, à travers vidéos, installations et graffitis, dans la Méditerranée et les thèmes de l'exil, du déracinement, des mouvements migratoires ou de l'esclavage. "Nous souhaitions amener dans un espace rural et insulaire une offre culturelle habituellement cantonnée aux grands espaces urbains et mondialisés", tout en mettant "aussi en lumière la production artistique corse", commente Dominique Marcellesi.

L'exposition a été pensée en trois parties, la première évoquant "le mouvement des éléments, du temps, de la nature", détaille le co-créateur de la manifestation. Le parcours débute à la micro-chapelle Saint-Roch, qui n'ouvre habituellement ses portes qu'une fois par an, pour une messe, avec Lavezzi, un film de l'artiste corse Mélissa Epaminondi montrant une mer Méditerranée filmée au ras de l'écume, calme ou déchaînée, puis parée d'un filtre rouge évoquant "autant le désir que le danger", pointe Prisca Meslier, co-fondatrice de la biennale.

Deux touristes observent le tourbillon de la "Descension" d'Anish Kapoor, le 21 juin 2022 à Bonifacio (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

L'œuvre de Kapoor, "la plus emblématique" de l'expo, a nécessité "une énorme ingénierie"

Puis, dans le jardin du bastion, le regard glisse du panorama époustouflant des falaises blanches de calcaire plongeant dans le bleu de la Méditerranée à l'œuvre Descension du célèbre plasticien britannique Anish Kapoor : un tourbillon de liquide noir de trois mètres de diamètre qui semble disparaître dans le sol, à l'infini, dans un bruit d'ogre. Déjà exposée, notamment à Versailles et New York, "cette œuvre est la plus emblématique de l'exposition, elle a nécessité une énorme ingénierie pour l'intégrer à l'architecture bonifacienne qui est protégée", souligne Prisca Meslier.

"C'est impressionnant, effrayant au départ et totalement hypnotique, on a du mal à s'extraire", s'enthousiasment auprès de l'AFP Nathalie et Xavier Sulmont, deux architectes lyonnais en vacances. Pour la deuxième partie de l'exposition, sur "le mouvement des corps, des individus dans l'espace", la déambulation à travers la ville haute mène jusqu'à l'ancien cinéma, fermé en 1965, qui accueille les créations de deux artistes : le film The Leopard du Britannique Isaac Julien sur l'exil migratoire et l'œuvre visuelle de la féministe turco-française de 84 ans Nil Yalter, née au Caire et élevée à Istanbul : "la Méditerranée, c'est elle", résume la curatrice.

Pour la troisième partie, qui scrute "l'étape de la rencontre", direction la caserne Montlaur, fermée depuis la fin des années 80. Le site accueille six artistes. Brille notamment la jeune Marseillaise Sara Sadik, avec deux œuvres dont un film, projeté sur écran géant, qui puise dans l'univers graphique des jeux vidéos et raconte les aspirations de Zine, jeune homme des quartiers populaires de la cité phocéenne.

Figure également le Chinois Mao Tao avec Fishing the Moon, une mise en valeur lumineuse et liquide d'une lune noire au bout d'un couloir où "deux haut-parleurs diffusent la fréquence de sept hertz qu'émet la terre dans l'univers, ainsi que l'esprit humain en phase de méditation", explique la fondatrice.

"Rouge Odyssée", à Bonifacio, en soirée jusqu'au 6 novembre 2022. Infos sur le site Derenava.com

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