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Antoni Gaudí au musée d'Orsay : mobilier, photos, dessins évoquent l'univers du génial architecte de la Sagrada Familia

Antoni Gaudí, ce n'est pas seulement l'architecte de la Sagrada Familia. Il a aussi imaginé des meubles et inventé des espaces de vie et des façades extravagantes pour des bourgeois catalans qui lui ont commandé leurs maisons. Plongée dans son univers au musée d'Orsay (jusqu'au 17 juillet)

Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
L'exposition Gaudí au musée d'Orsay, les boiseries du vestibule de la Casa Milà (© Sophie Grépy)

Comment faire entrer la démesure de d'Antoni Gaudí dans les salles d'un musée ? Le musée d'Orsay à Paris consacre une exposition au génial architecte catalan, avec des plans, des dessins, des meubles, des photos, qui vous donnera envie d'aller voir ses réalisations à Barcelone.

On est accueilli par le décor de boiseries monumentales qui ornaient le vestibule de la "Casa Milà", réalisée entre 1905 et 1910 par Antoni Gaudí (1852-1926), un des immeubles imaginés pour les riches entrepreneurs barcelonais. Rien n'est symétrique, rien n'est droit dans ces panneaux de chêne sculptés et ces portes vitrées aux motifs pleins de courbes caractéristiques de l'Art nouveau. Ils sont décoratifs et aussi très fonctionnels, intégrant des bancs ou des placards.

Gaudí n'est pas né dans la haute bourgeoisie pour laquelle il travaillera. Issu d'une famille de chaudronniers, il étudie l'architecture à Barcelone et doit rapidement travailler. Les dessins de ses premiers projets montrent son goût pour la couleur. Il collabore dans un premier temps avec des architectes déjà installés.

Anonyme, Cheminées et toit-terrasse de la Casa Milà,1906-1916, tirage à partir d’un négatif sur plaque de verre, Barcelone, Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya  (Photo © Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya)

Influences variées

Ses influences variées sont évoquées par ses lectures à la bibliothèque de l'Ecole d'architecture de Barcelone, des dessins de Viollet-le-Duc, à l'architecture arabe avec des photos de l'Alhambra. On peut découvrir son atelier installé près du chantier de la cathédrale inachevée de la Sagrada Familia à travers des reconstitutions, des photos, des moulages de figures, un miroir en angle qui lui permettait différentes vues d'un objet.

Principal mécène de Gaudí, Eusebi Güell découvre en 1878 l'architecte, dont il partage la foi religieuse et la passion pour la Catalogne, les deux hommes ne se quitteront plus. Entre 1884 et 1887, Gaudi travaille à la Finca Güell, la propriété de l'industriel et intellectuel près de Barcelone, qu'on découvre à travers des photos de la grille d'entrée, avec son pilier au sommet sculpté, végétal et complexe. Pour le même commanditaire, Gaudí imagine ensuite le Palais Güell, dans le centre de la capitale catalane. Les inspirations s'y mêlent, de la Renaissance italienne à l'art gothique en passant par l'art mudejar (nom donné aux chrétiens de langue arabe). En témoignent des photos des intérieurs et des meubles qui ont fait le voyage à Paris : des fauteuils et un paravent rococo ou une extraordinaire coiffeuse art nouveau à cinq pieds et au miroir penché.

Des trencadís, mosaïques de morceaux de céramique brisée, qui épousent des formes bombées, un plan et des photos évoquent le Park Güell (1900-1914), créé à Barcelone entre 1900 et 1914 où l'architecte épouse les formes du paysage, où nature et architecture se mêlent.

Vue de l'exposition Gaudí au musée d'Orsay. Au centre une coiffeuse pour le palais Güell (1886-1889) (© Sophie Crépy)

Immeubles barcelonais

Outre Güell, Gaudí a construit diverses maisons et immeubles pour de riches bourgeois barcelonais. Une photo du fumoir de la Casa Vicens (1883-1889) fait penser à un salon arabe et son plafond en alvéoles à l'architecture de l'Alhambra. Tout comme une grande photo en papier peint d'un coin de la façade, qui mêle briques, céramiques émaillées, grilles et fenêtre en bois ajourée qui évoque les moucharabiehs. La grille du jardin en fer forgé répète un motif de feuille de palmier moulée dans un premier temps dans l'argile.

Quand Gaudí réaménage un immeuble comme la Casa Batlló, la façade devient méconnaissable avec ses garde-corps en forme de masques, ses colonnes en forme d'os en bas, sa toiture aux tuiles colorées. Son revêtement est orné de fragments de verre et de céramiques de couleurs douces formant un décor aquatique.

De la Casa Milà, on retiendra le plan impressionnant tant il est peu rectiligne : les pièces sont comme des alvéoles arrondies reliées par des couleurs sinueux.

Antoni Gaudi (1852 –1926), projet pour l’église de la Colonie Güell, vers 1908-1910, fusain et rehauts de blanc sur photographie, Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya (Photo © MNAC, Barcelona, 2022)

Edifices religieux, de Montserrat à la Sagrada Familia

L'intérêt de Gaudí pour les constructions religieuses, témoignage de sa foi catholique, ne se limite pas à la Sagrada Familia, son projet démesuré de cathédrale. Dès sa sortie de l'école d'architecture, en 1878, il aspire à créer un tel édifice qui serait son grand œuvre. Avant de s'y atteler, il a participé à la restauration de la cathédrale de Barcelone et à celle du monastère de Montserrat. Il a restauré le chœur de la cathédrale de Majorque et il a conçu le Palais épiscopal d'Astorga à Léon et le collège des Thérésiennes à Barcelone. Il se préoccupe de la lumière, de l'acoustique, il crée des vitraux et du mobilier d'église qu'on peut voir dans l'exposition.

Un gros plan sur le mur et les voûtes de la crypte qu'il a dessinées pour l'église de la cité ouvrière Colonia Güell nous fait apprécier la variété des matériaux utilisés : brique, plâtre, vitrail, carreaux de terre cuit incrustés d'éléments de terre émaillée de couleurs vives. Un dessin extravagant témoigne du projet pour l'extérieur de l'église (1908-1910), qu'il n'a finalement pas réalisé mais qui annonce les formes de sa cathédrale.

De la Sagrada Familia, on voit les étapes de la construction grâce à un diaporama, des plans et des dessins. A partir de 1910 Gaudí s'y consacre exclusivement et ce projet l'occupe tellement qu'il habite sur place les dernières années de sa vie. Renversé par un tramway, il meurt en 1926 en laissant son grand projet inachevé. Conscient qu'il ne pourrait pas terminer le travail, il avait tenu à construire en entier une façade, celle de la Nativité. Oubliée pendant quelques années, l'oeuvre de Gaudí est devenu une des principales attractions pour les touristes à Barcelone.

Gaudí
Musée d'Orsay
Esplanade Valéry Giscard d'Estain, 75007 Paris
Tous les jours sauf les lundis, 9h30-18h, le jeudi jusqu'à 21h45
Tarifs : 16 € / 13 €, 10€ le jeudi à partir de 18h (12€ si réservation en ligne)
Du 12 avril au 17 juillet 2022

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