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90 ans d'art du Congo font pulser la Fondation Cartier : exposition prolongée

Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
La Fondation Cartier prolonge de près de deux mois son exposition sur 90 ans d'art du Congo. Chéri Samba, Jean Depara, si l'on connaît quelques noms, on ignore généralement tout de la diversité de cet art, en lien avec la société congolaise, souvent plein d'humour, nourri de l'énergie et des couleurs de Kinshasa. Une invitation au voyage, pour en découvrir davantage. Jusqu'au 10 janvier 2016

A gauche © Jean Depara - Photo © André Morin - A droite, photo © Florian Kleinefenn © Chéri Samba

Premières œuvres sur papier connues, dans les années 1920, alors que le Congo est une colonie belge, celles d'Albert et Antoinette Lubaki traitent de la nature, de la vie quotidienne, des fables et des rêves. L'administrateur belge Georges Thiry a découvert à Bukama, au Katanga, leurs cases peintes. Il décide de leur fournir du papier et des aquarelles. Il renouvelle l'expérience avec le tailleur Djilatendo au Kasaï-Occidental et rapporte leurs œuvres à Bruxelles. Ici, Antoinette Lukabi, "Sans titre", c.1929, Collection Pierre Loos, Bruxelles
 (Antoinette Lubaki – photo © Michael De Plaen)
En 1946, le peintre français Pierre Roman-Desfossés fonde à Elisabethville (aujourd'hui Lubumbashi) une académie d'art "indigène", connue sous le nom d'"atelier du Hangar", qui encourage les artistes à s'inspirer de leurs traditions et de leur univers. Elle sera intégrée en 1954 à l'Académie des beaux-arts de la ville. Ses artistes, dont certains inventent des styles et des techniques très personnels, sont exposés dès la fin des années 1940 à Bruxelles, Paris, Londres, Rome puis aux USA. Ici, Mwenze Kibwanga, Sans titre, 1954, Collection Pierre Loos, Bruxelles
 (Mwenze Kibwanga)
Dans les années 1950, Léopoldville (devenue Kinshasa) est en pleine effervescence. Angolais d'origine, Jean Depara s'installe dans la grande ville où il a un studio et témoigne de la vie nocturne trépidante, rythmée par la rumba et le cha-cha, avec ses filles en belles robes et ses musiciens. Ici, Jean Depara, "Sans titre (Moziki)", c. 1955-1965, CAAC, The Pigozzi Collection, Genève
 (Jean Depara Photo © André Morin)
Le portrait photographique est une façon de s'affirmer socialement. Ambroise Ngaimoko, d'origine angolaise comme Jean Depara, ouvre en 1971 le studio 3Z où il réalise des portraits de jeunes Kinois, athlètes ou sapeurs, qu'il met en scène. Ici, Ambroise Ngaimoko, "Euphorie de deux jeunes gens qui se retrouvent", 1972, collection de l'artiste
 (Ambroise Ngaimoko Photo © André Morin)
Avec Chéri Samba, Chéri Chérin et d'autres, à partir des années 1970, Moke fait partie de ceux qui se disent "peintres populaires" et racontent la vie congolaise, exposant dans les rues de Kinshasa, sur les façades de leurs ateliers. Pionnier de ce courant, Moké se dit "peintre reporter de l'urbanité". Ses figures costaud aux formes simples peuplent des scènes de boîtes de nuit, de concerts, de matchs de boxe, des embouteillages, qui empruntent à l'esthétique de la publicité. Ici, Moke, "Kin Oyé", 1983, collection privée, Paris
 (Moke - Photo © André Morin)
Quand il a découvert l'art populaire congolais, le commissaire de l'exposition, André Magnin, galeriste et spécialiste d'art africain, dit avoir été "saisi par la liberté, la variété, l'humour et la beauté des tableaux" qu'il voyait. "J'étais au cœur d'un art sans théorie ni exégèse qui révélait, par l'évocation d'un moment politique ou social, d'un événement minuscule ou écrasant, toute une façon d'être culturelle". Ici, Chéri Samba, "Oui, il faut réfléchir", 2014, collection de l'artiste
 (Chéri Samba - Photo © André Morin)
Souvent autodidactes, les peintres populaires sont révélés au public grâce à l'exposition "Art partout" en 1978, à l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Ils abordent les questions politiques et sociales de leur pays et du monde, dans des tableaux pleins de couleurs et où le texte tient une place souvent importante. Chéri Samba est un des plus connus et ses œuvres sont dans les collections des grands musées du monde. Les autoportraits lui servent à faire passer des messages. "J'aime peindre ce qui incite les gens à réfléchir", dit-il. Ici, "Amour & Pastèque", 1984, Collection privée
 (Chéri Samba - )
Né en 1980, Mika revendique l'héritage des peintres "populaires". Il a étudié, lui, à l'académie des Beaux-Arts de Kinshasa mais il a terminé sa formation dans l'atelier de Chéri Chérin. Récemment, il a repris dans ses peintures les compositions des portraits photographiques de studios, avec des superpositions de motifs textiles au mur et sur les vêtements, mais en couleur. Ici, JP Mika, "Kiese na kiese", 2014, Pas-Chaudoir Collection, Belgique
 (JP Mika – Photo © Antoine de Roux)
Monsengo Shula fait partie d'une deuxième génération de peintres populaires qui s'est formé chez ses aînés. Né en 1959, il est arrivé à Kinshasa en 1975. Ses tableaux au graphisme et aux couleurs particuliers donnant des effets irréels traitent souvent de problèmes internationaux. Ici, Monsengo Shula, "Ata Ndele Mokili Ekobaluka (Tôt ou tard le monde changera)", 2014, collection privée
 (Monsengo Shula – Photo © Florian Kleinefenn)
Peinture, photo, graffiti, matières, les plus jeunes artistes utilisent tous les médiums et continuent à travailler en prise avec la société congolaise et la vie bouillonnante de la cité. Dans sa série "Un regard", Kiripi Katembo a fait le portrait de Kinshasa dans ses flaques d'eau. Un moyen de contourner la méfiance vis-à-vis de l'objectif, et ça donne un résultat fascinant, un monde à l'envers plein de couleurs, entre réel et irréel. Ici, Kiripi Katembo, "Subir", série "Un regard", 2011, Collection de l'artiste
 (Kiripi Katembo)
Fondation Cartier pour l'art contemporain, 261 boulevard Raspail, 75014 Paris
tous les jours sauf lundi, 11h-20h, nocturne le mardi jusqu'à 22h
tarifs : 10,50 € / 7 €
 (Fondation Cartier)

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