"Après la haine, l'amour reprend le dessus": une librairie féministe parisienne sauvée de la faillite "grâce" à une polémique sur les réseaux sociaux
C'est ce qu'on pourrait appeler un sacré retournement de situation, pour Juliette Debrix et Annabelle Chauvet, les deux gérantes de la librairie "Un livre et une tasse de thé", située dans le 10e arrondissement. Il y a encore une semaine, elles étaient au bord de la faillite et leur établissement menacé de fermeture. Aujourd'hui, les dettes vont être épongées et les caisses renflouées après un étonnant rebondissement venu des réseaux sociaux.
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Tout commence le lundi 10 juillet dernier, lorsqu'un journaliste indépendant, Jérôme Godefroy, partage sur Twitter un article de Télérama : "La difficile survie des petites librairies". Dans cet article, les deux jeunes femmes parlent de la cagnotte en ligne qu'elles ont lancée pour essayer de sauver leur établissement : il leur faut 80 000 euros pour pouvoir éponger leur dette. Mais dans son tweet, le journaliste critique la démarche, expliquant avoir changé de libraire : "Pendant plus de 15 ans, j’y ai acheté presque tous mes livres et j’en achète beaucoup. Depuis qu’elle est devenue en novembre 2020 une 'librairie féministe', je me sens évidemment exclu". Avant de préciser : "Désolé, le militantisme clivant, c’est mauvais pour le commerce. D’ailleurs, la boutique est au bord de la faillite".
Un tweet, repartagé des centaines de fois, et surtout, qui provoque un déferlement de messages de haine à destination des deux gérantes. Juliette Debrix reconnaît qu'elle a du mal à dormir depuis, à cause des messages d'insultes qu'elle reçoit. "Un livre et une pétasse" "ce sont deux thons", énumère rapidement la libraire. Elle en a reçu plus de 200 de ce genre en quelques jours.
Un "élan de haine qui a permis que l'amour prenne le dessus"
Pour autant, pendant que certains internautes envoient des insultes, d'autres, émus devant ce déferlement de haine, viennent en aide à la boutique. La cagnotte en ligne de Juliette et Annabelle a reçu ces dernières heures seulement près de 23 000 euros, et affiche ce vendredi 14 juillet un montant de plus de 90 000 euros.
La libraire est désormais sauvée, de quoi donner un grand sourire à cette fidèle cliente, venue donner un bouquet de fleurs aux deux libraires. "Je suis hyper contente pour tout le monde. De se dire que c'est cet élan de haine qui a permis en fait que l'amour prenne le dessus."
Depuis, les deux gérantes de la librairie ont porté plainte contre X. Les harceleurs risquent jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.
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