Anselm Kiefer au couvent de la Tourette : une quête intérieure sous le béton de Le Corbusier
Pour la 15e Biennale d’art contemporain, Anselm Kiefer a investi le couvent imaginé par Le Corbusier. L'artiste entretient, avec ce lieu, un rapport singulier.
Depuis dix ans, les moines dominicains du Couvent de La Tourette, dessiné dans les années cinquante par Le Corbusier, programment des expositions d’art contemporain. La singularité du lieu, son originalité, composent une alliance qui unit architecture corbuséenne, vie religieuse, vie quotidienne et art contemporain.
À l’occasion de la 15e Biennale d’art contemporain de Lyon, Anselm Kiefer a été invité, par le père Couturier, à revenir au Couvent de la Tourette cinquante-deux années après son premier séjour...
La spiritualité du béton
C'est à l'âge de 21 ans qu'Anselm Kiefer découvre le couvent. Très impressionné par l’architecture de Le Corbusier, il y demeurera trois semaines. Un séjour durant lequel il partage la vie des frères et s'imprègne du lieu. À la suite de ce séjour, il débute une formation artistique à la Kunstakademie à Fribourg-en-Brisgau. Anselm Kiefer dira qu’il a perçu en ce lieu la "spiritualité du béton", matériau dont on sait l’importance qu’il aura dans son oeuvre.
Je lui ai dit si vous exposiez vos oeuvres? Vous y avez séjourné mais maintenant ce sont vos œuvres qui pourraient séjourner
Frère Marc ChauveauCommissaire de l'exposition
Aujourd'hui c'est donc une sorte de retour aux sources de sa création qu'il effectue.
Anselm Kiefer a tracé dans l’art contemporain une voie originale et puissante. Ses expositions à travers le monde, dans les plus grandes institutions culturelles (Grand Palais, Centre Pompidou, Bibliothèque nationale de France, Musée Rodin, etc.), font de lui une figure majeure de la scène artistique contemporaine. Pour l’artiste, ce retour est comme un rendez-vous avec un lieu de spiritualité qui fut déterminant.
Le choix des oeuvres exposées, peintures, sculptures, installations, livres de béton s'est fait en concertation avec les frères dominicains.
Une oeuvre jamais finie
Les œuvres de l'artiste entrent en parfaite résonance avec ce lieu. Sa dimension spirituelle fait naturellement écho aux thèmes religieux qui jalonnent l'oeuvre d'Anselm Kiefer. La lumière dégagée se reflète dans les vitrines disposées par l'artiste et sa matérialité renvoi au béton brut largement utilisé par Kiefer.
Une oeuvre n'est jamais finie, déjà ça existe dans les yeux de ceux qui la regarde, chacun a une autre idée d'un tableau et puis à travers le temps et le lieu ça change
Anselm Kiefer
Ouverture du mardi au dimanche de 14 h à 18 h 30, et sur rendez-vous. Visite guidée pour les groupes sur demande. Dernières entrée à 18 h.
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