Cet article date de plus de huit ans.

Vendeur

Au cinéma le 4 mai
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (©)

Jouez et gagnez des places pour découvrir Vendeur un film de Sylvain Desclous avec France Info !

Synopsis

Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis trente ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière. Ses amis, ses femmes et son fils, Gérald, qu’il ne voit jamais. Et sa santé. Quand Gérald vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur. Contre toute attente, Gérald se découvre un don.

Entretien avec Sylvain Desclous

L’idée m’est venue devant un reportage télévisé ayant pour sujet un vendeur « extra », qui désigne, dans le jargon des cuisinistes, un vendeur qui n’est pas salarié mais qui passe de magasin en magasin. Alors que l’angle du reportage était plutôt celui des réussites matérielles et sociales que ce métier peut engendrer, j’y ai surtout vu le prix à payer.

Le vendeur dont on faisait le portrait menait en effet, dans l’exercice de son travail, une existence très solitaire, et à mes yeux, assez triste. Le contraste que montrait le reportage entre la « richesse » de la vie professionnelle de cet homme, faite de rencontres, d’échanges et de challenges, et le néant de sa vie personnelle, m’a frappé. Je me suis alors dit qu’il y avait là matière à faire un film... Pour y avoir fait de nombreuses incursions dans ma vie professionnelle antérieure, je connais un peu le monde de l’entreprise et je sais à quel point les gens peuvent aussi y être malheureux. Une sorte d’insatisfaction personnelle et/ou existentielle, planquée sous le masque de la réussite... En tous cas, il y avait là un bon terreau pour faire un film avec des personnages à la fois ordinaires et singuliers, complexes et attachants.

  (©)
Avant de commencer à écrire, je me suis documenté. J’ai rencontré des vendeurs, j’ai assisté à des séances de coaching où on leur apprend à maximiser leur savoir-faire, je les ai regardés travailler aussi, bref, j’ai passé du temps avec eux. Tout ce « travail d’approche » m’a conforté dans l’idée que oui, il y avait chez certains d’entre eux, les meilleurs, quelque chose que j’avais envie de montrer à l’écran, car certains vendeurs sont de grands comédiens ! Pour décrocher un contrat, ils sont capables de parler pendant des heures avec des clients, de les faire rire, de les émouvoir, de les faire parler aussi... Cela masque parfois une grande solitude.

  (©)
Nous devions tourner dans des zones commerciales et des magasins de cuisine, qui ne sont pas, a priori, les lieux les plus esthétiques du monde. Ni les plus gais. Or je voulais donner à ces endroits une sorte de beauté, pour qu’ils génèrent de l’émotion, de la poésie, et de la vie aussi. Un traitement réaliste, avec une caméra à l’épaule accrochée aux basques du personnage, en plans serrés, par exemple, aurait été, je pense, à l’encontre du résultat recherché. Avec mon chef opérateur, on a visionné beaucoup de films, surtout des films américains, comme L’Épouvantail de Jerry Schatzberg ou The Yards de James Gray, ou encore Under the Skin de Jonathan Glazer, qui font souvent la part belle au plan large, et donc au décor. On a traité avec le même soin l’apparence des personnages, leurs voitures, leurs vêtements, les lieux où ils vont. Je ne voulais pas d’une imagerie naturaliste. Cela aurait été une facilité.

  (©)
Quand on me demande ce que raconte mon film, je commence toujours en disant que c’est l’histoire d’un homme qui s’appelle Serge. C‘est dire que ce film est avant tout pour moi le portrait d’un homme qui a sacrifié beaucoup de sa vie à son travail. Après, c’est vrai qu’au-delà de ce portrait, j’ai eu envie de brosser celui d’un monde du travail où l’obsession de la performance et du chiffre a pris le pas sur d’autres valeurs plus essentielles à mes yeux.

Biographie du réalisateur

Avec Vendeur, Sylvain Desclous signe son premier long métrage. Auparavant, il a réalisé cinq courts et moyens-métrages : CDD/I (2005), Là-bas (2009), Flaubert et Buisson (2011), Le Monde à l’envers (2012) et Mon Héros (2015), ces deux derniers ayant été sélectionnés dans de nombreux Festivals et pour les César du meilleur court métrage.

Né en 1973 dans la région parisienne, Sylvain a fait des études de sciences politiques, de droit, d’économie et de lettres. Il a ensuite exercé plusieurs métiers, notamment dans l’édition et l’organisation.

 

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.