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Un prix littéraire, ça vous change un écrivain en ennemi public numéro 1

Le prix Décembre a été remis à Mathieu Riboulet. L'occasion de poursuivre notre série d'articles sur les effets d'un prix littéraire sur un auteur.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Pascale Roze, après avoir reçu le prix Goncourt pour Le Chasseur Zéro (Albin Michel), le 11 novembre 1996 à Paris. (ROUSSIER / SIPA)
PRIX LITTERAIRES - A l'occasion de la remise des prix Décembre à Mathieu Riboulet pour Les oeuvres de miséricorde (Verdier), jeudi 8 novembre, voici le cinquième épisode de notre série d'articles sur les effets des prix littéraires sur les écrivains primés. Après "une vedette en pleine promotion""un artiste maudit",  "un gestionnaire de fortune", "une poule aux œufs d'or", aujourd'hui "l'ennemi public (littéraire) numéro 1". 
 
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Evidemment, être choisi parmi ses pairs peut faire des jaloux. Pascale Roze, prix Goncourt en 1996 pour Le chasseur Zéro (Albin Michel), en a fait les frais. Couronnée à la place d’Eduardo Manet grâce à la double voix du président du jury, François Nourissier, elle essuie de violentes critiques dans les médias. "Ça a basculé le soir même du prix. Laure Adler a dégommé mon livre sur France Culture avec une violence surprenante, et il a eu moins bonne presse après le Goncourt qu’avant. Avant, j’étais prometteuse. Après, j’étais intrigante", racontait-elle au Nouvel Observateur en 2007. Il lui a fallu plusieurs livres et un changement d’éditeur pour retrouver l’intérêt du public et de la critique.
 
Autre écrivaine à avoir essuyé de sévères attaques : Paule Constant, prix Goncourt pour Confidence pour confidence (Gallimard) en 1998. Son crime ? Avoir été sacrée à la place du grand favori, Michel Houellebecq et ses Particules élémentaires. Ce dernier ne la loupe pas. "Son livre est médiocre mais pas antipathique, plutôt raté", persifle-t-il dans Libération. Le roman suivant de Paule Constant, Sucre et secret (Gallimard), paru en 2004, est mal accueilli. Il l’a pourtant sauvée, comme elle l’explique un an plus tôt dans L’Express : "Ce qui m'a sauvée, c'est de me remettre aussitôt à écrire. Là, je me sens habitée, inspirée. En fait, j'écris comme si mon roman était une œuvre posthume." 
 
Daniel Pennac ne s'est pas non plus fait un ami en obtenant le prix Renaudot en 2007 pour Chagrin d'école (Gallimard), alors qu’il ne figurait même pas dans la sélection finale. L'auteur l'a emporté après dix tours de scrutin par six voix contre cinq pour Christophe Donner (Un roi sans lendemain, Grasset), le grand favori des pronostics…. Ce dernier n'a pas du tout apprécié. Et s'en est surtout pris au juré Franz-Olivier Giesbert, l'accusant d'avoir "manipulé les délibérations". De rage, il a fait retirer son livre des sélections des prix Médicis et Interallié.

Prochain épisode : un prix littéraire, ça vous change un écrivain en "globe-trotteur".

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