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Un prix littéraire, ça vous change un écrivain en artiste maudit

Alors que le prix Femina a été remis lundi, voici le deuxième épisode de notre série d'articles pour comprendre les effets d'un prix littéraire sur un auteur.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Jean Carrière, prix Goncourt en 1972 pour L’Epervier de Maheux (Pauvert), prend la pose le 11 mars 1994. (ANDERSEN / SIPA )

PRIX LITTERAIRES - Le nom du lauréat du Femina est désormais connu. Patrick Deville a été récompensé lundi 5 novembre pour Peste & Choléra (Editions du Seuil). A cette occasion, voici le deuxième épisode de notre série d'articles sur les effets des prix littéraires sur les écrivains primés. Après la vedette en pleine promotion, aujourd'hui, "un artiste maudit".

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Pour certains écrivains, recevoir un prix littéraire n’a rien d’un enchantement et tout d'un cauchemar. L’exemple le plus notoire est celui de Jean Carrière, prix Goncourt en 1972 pour L’Epervier de Maheux (Pauvert), son deuxième roman. L'auteur sombre ensuite dans une sévère dépression, qui durera plusieurs années. En 1987, il raconte sa descente aux enfers dans Le Prix d'un Goncourt (Laffont/Pauvert) : "Le prix Goncourt est un gâteau couvert de mouches, et bourré de fèves sur lesquelles on se casse les dents."

Pascal Lainé garde, lui aussi, un goût amer de son Goncourt pour La Dentellière (Gallimard), en 1974. Dans un brûlot intitulé Sacré Goncourt (Fayard), publié en 2000, il regrette que toute l’attention des médias soit encore focalisée sur "cette histoire à l’eau de rose", alors que son œuvre compte plus de vingt livres.

"Les critiques ont été beaucoup plus dures"

Interrogé en 2007 par Le Nouvel Observateur, Frédérick Tristan, prix Goncourt en 1983 pour Les Egarés (Balland), évoque lui aussi cette difficulté à se défaire de l’étiquette du prix, aux yeux de la critique comme du public. "Les critiques ont été beaucoup plus dures pour les [livres] suivants. Je m’étais perdu, à leurs yeux. Je n’étais plus l’auteur un peu rare qu’ils aimaient. (…) Beaucoup de mes lecteurs se sont dit : 'Ça y est, il est devenu une pute'. Il m’a fallu plusieurs livres pour les reconquérir."

Comme le résumait Jean Vautrin (Goncourt 1989 pour Un grand pas vers le Bon Dieu) dans L’Express en 2003, le Goncourt "est un rebond de la peur ; à la fois une libération et une obligation : celle d'être à la hauteur".

Prochain épisode : un prix littéraire, ça vous change un écrivain en "gestionnaire de fortune".

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