"La vie en vrai (avec Anne Sylvestre)", histoires de femmes à travers le temps

Marie Fortuit et Lucie Sansen rendent hommage à la chanteuse disparue en 2020 à 86 ans dans un spectacle musical qui relie plusieurs générations de femmes.
Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Lucie Sansen et Marie Fortuit dans "La vie en vrai-avec Anne Sylvestre" au théâtre de l'Athénée (GUILLAUME NIEMETZKI)

Le répertoire d'Anne Sylvestre dépasse largement celui des chansons pour enfants, les fameuses fabulettes. Quatre ans après sa mort, la chanteuse engagée inspire la jeune génération des artistes femmes d'aujourd'hui qui l'ont découverte sur le tard. Dans les années 70, la chanson Frangines était reprise comme un hymne dans les manifs du MLF. 50 ans plus tard, la musicienne Lucie Sansen et la metteuse en scène Marie Fortuit lient cette histoire à la leur.

Dans la salle, les chansons d'Anne Sylvestre réunissent plusieurs générations de femmes, explique Marie Fortuit : "Douce maison est une chanson écrite en 1978 qui raconte un viol par la métaphore du cambriolage d'une maison. On sent à quel point le public, quand il comprend par lui-même ce dont il est question d'un point de vue politique, est beaucoup plus impliqué dans la lutte. Ce qui me touche, c'est de tisser ce lien entre les générations qui est tellement nécessaire aujourd'hui."

"Quand on chante 'Les gens qui doutent' avec le public, on célèbre la vulnérabilité comme une force."

Marie Fortuit metteuse en scène

à franceinfo

Entre les chansons, des archives, comme un extrait de Radioscopie de Jacques Chancel sur France Inter, où le journaliste se permet de dire à Anne Sylvestre qu'elle est d'une agressivité certaine : banale misogynie de l'époque. Des textes, tel Le complexe de la sorcière d'Isabelle Sorente. Un spectacle qui sublime la poésie combattante d'Anne Sylvestre, Lucie Sansen a soigné les arrangements : "J'ai voulu, pour chaque chanson, repartir du texte. Il y a au piano une multitude de possibilités de sentir les élans, de laisser la respiration du chant, c'est tout le plaisir de l'accompagnement du chant."

Et c'est évidemment avec Les gens qui doutent que se clôt ce spectacle. Revisitée par Vincent Delerm, Anne Chéral, entendue au cinéma chez Christophe Honoré, dans Plaire, aimer et courir vite en 2017, cette chanson prend aujourd'hui une dimension cathartique : "Quand on la chante avec le public, dit Marie Fortuit, on célèbre la vulnérabilité comme une force. La chanson est peut-être encore plus contemporaine aujourd'hui, comme un retour d'une puissance de la douceur, dans une époque tellement violente. Les gens qui disent et se contredisent, c'est une autorisation à penser contre soi-même, à refuser les étiquettes dans une forme de crise permanente". Avec humour, entre douceur et colère, les deux jeunes artistes saluent leur aînée, leur grande "frangine".

"La vie en vrai (avec Anne Sylvestre)", histoires de femmes à travers le temps. Reportage de Thierry Fiorile
La vie en vrai (avec Anne Sylvestre) au théâtre de l'Athénée jusqu’au 5 mai et en tournée

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