Théâtre : "La Brande", pour en finir avec les clichés sur la folie

Au théâtre de la Cité Inernationale à Paris jusqu'au 5 février, Alice Vannier présente "La Brande", pièce écrite d’après l'histoire de la clinique la Borde, créée par le Dr Jean Oury en 1953 dans le Loir-et-Cher.
Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
"La Brande" d'Alice Vannier au Théâtre de la Cité Internationale (LUC JAQUIN)

Alors que les soignants alertent depuis des années sur l'état délabré de la psychiatrie en France, voilà une pièce qui, le temps du spectacle, redonne espoir. Alice Vannier s'est librement inspirée de l'histoire d'un lieu expérimental créé après guerre, La Borde, dans le Loir-et-Cher, un travail documenté et drôle en même temps, pour en finir avec les clichés sur la folie.

Dans le bouillonnement intellectuel et politique de l'après-guerre, Jean Oury développe le concept de psychothérapie institutionnelle. En 1953, ce psychiatre engagé ouvre la clinique de La Borde (elle fonctionne toujours). Dans ce lieu, soignants et soignés se confondent dans les tâches quotidiennes, tout est fait pour occuper le temps présent, sans exclure ceux qu'on considère comme fous. Pour préparer ce spectacle, Alice Vannier a passé deux semaines à La Borde : "Ce qui était passionnant, raconte-t-elle, c'est que moniteurs et pensionnaires, c'est comme ça qu'ils appellent aussi les patients, étaient complètement confondus. Nous-mêmes, on ne se savait pas qui était qui. Du coup ça nous est apparu important que le public se perde comme nous on s'est perdues dans cet endroit." 

"Ce n'est pas parce que les gens souffrent qu'ils n'ont pas d'humour et qu'ils ne sont pas drôles."

Alice Vannier, metteuse en scène

à franceinfo

Ne pas différencier les soignants des soignés, le principe est appliqué aux six interprètes qui sont tout à tour l'un et l'autre, dans un formidable esprit de troupe. Embarqué dans cette mise en scène, le public oublie le statut de chacun, comme nous sommes tous névrosés, la notion de normalité s'efface. Et l'humour, jamais en surplomb, opère : "Si tu n'as pas d'humour, tu meurs, dit Alice Vannier. À la Borde, parfois, une personne arrivait vers moi et me disait 'Connasse !' Ce n'est pas grave, il y a des choses vraiment drôles, tu ne peux pas passer ta vie à avoir de la peine."

Entre situations tragicomiques et envolées dialectiques, La Brande trouve son bel équilibre. Merci au philosophe danois Kierkegaard pour cette citation à méditer par les temps qui courent : "La temporalité dans son impatience ne veut rien entendre de l'éternité."

La Brande d'Alice Vannier au Théâtre de la Cité Internationale jusqu'au 5 février

Théâtre : "La Brande", pour en finir avec les clichés sur la folie. Le reportage de Thierry Fiorile

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