"The Fountainhead": une parabole sur la création qui fait l’unanimité à Avignon
Connu pour ses adaptations de grands classiques du cinéma, Ivo van Hove s’attaque pour la première fois à un roman qui l’a fasciné. Ce livre qu’Ayn Rand, d’origine russe, a écrit en 1943 est peu connu en Europe, mais il est devenu par sa défense de la primauté de l’individu sur le collectif, la référence de la droite ultra libérale américaine.
The Fountainhead raconte la rivalité entre deux architectes, Howard Roark et Peter keating, dans le New-York des années 20. Roark, le surdoué, le moderniste qui prône l’intégrité du créateur et refuse toutes concessions et Peter keating, tout aussi ambitieux mais opportuniste, défend une architecture qui doit plaire au plus grand nombre.
Sur la grande scène de la cour du lycée Saint Joseph, des tables de dessins, des plans du grand architecte Frank Lloyd Wright qui a inspiré le personnage de Roark, au fond des percussionnistes et toute une régie son. Au centre un écran où sont projetées les créations audacieuses dessinées en direct par Roark, incarné par le très impressionnant Ramsey Nast.
Il y a aussi toute une histoire d’amour et de perversité autour du personnage de Dominique Francon (Halina Reijn), elle-même fille d’architecte, partagée entre Roark et Keating. La vidéo nous montre les images de son déchirement amoureux.
Autour de ce trio passe tout ce qui faisait la vie New-Yorkaise, dont un magnat de la presse à scandale joué par Hans Kesling, qui ressemble un peu à Orson Welles.
La mise en scène très cinématographe de van Hove est à la fois simple et spectaculaire, comme lorsque Roark dynamite un programme de logements sociaux non conformes à ses plans.
Il a aussi cet art du rythme et de la rupture. On garde littéralement les yeux rivés sur la scène durant les quatre heures que dûrent le spectacle, en néerlandais surtitré ! Mais on ne s’ennuie pas une seule seconde, tenu par cette histoire à rebondissements multiples comme une bonne série télé, grâce aussi à la limpidité et à l’intensité du jeu des acteurs.
La pièce se termine comme le roman, par un long monologue à plusieurs lectures, qui fait l’éloge des créateurs contre les parasites, puis peu à peu de l’individualisme contre le collectif, créant un malaise et une fascination qui est fidèle à la pensée d’Ayn Rand. Tout le problème étant, et c’est très subtilement souligné par van Hove, de savoir si on fait bon usage de cette pensée là…
The Fountainhead (La source vive) dans la cour du Lycée Saint-Joseph (Avignon)
D'après Ayn Rand
Mise en scène Ivo van Hove
13, 15, 16, 17, 18, 19 juillet à 21h
Réservation : 04 90 14 14 14
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