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L’humoriste François-Xavier Demaison se raconte dans "Di(x)Vin(s)", au théâtre de l’Œuvre : enivrant

Dans son nouveau spectacle, le comédien et humoriste salué pour son incarnation de Coluche en 2006, rembobine ses souvenirs et croque quelques personnages truculents de sa vie, au fil de dix bonnes bouteilles bues en bonne compagnie.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le comédien François-Xavier (dit "FX") Demaison au Théâtre de l'Oeuvre, qu'il co-dirige, pour son nouveau spectacle "Di(x)Vin(s)", le 16 février 2022 à Paris 9e. (FRED DUGIT / MAXPPP)

Après des mois de fermeture des théâtres, forcément, François-Xavier Demaison, dit FX, est heureux de retrouver le public pour son seul en scène. Or, que fait-on quand on retrouve de vieux amis ? On ouvre une bonne bouteille. Le comédien et humoriste va déboucher (virtuellement) dix flacons remarquables durant ce spectacle, le bien nommé Di(x)vin(s), comme autant de machines à remonter le temps. Du Saint-Pourçain autour duquel trinquèrent ses grands-parents en 1973, au Syrah Côte-Rôtie d’Yves Gangloff dégusté en avril 2022, ces breuvages sont autant de prétextes à dérouler les souvenirs, avec une verve désopilante.

Un affectueux regard dans le rétro

Sur scène, Demaison respire l’amour du théâtre. Il y a de la gourmandise dans son interprétation, de la truculence dans les personnages plus ou moins intimes qu’il choisit d’incarner. Et souvent beaucoup de tendresse derrière la dérision. Hauts en couleurs, tous sont un régal. Même les lieux. La Creuse de ses grands-parents, par exemple, pays calme s’il en est. Là-bas, c’est bien simple, "il y en a qui se tireraient une balle rien que pour entendre du bruit".

Pour fêter ses 18 ans et sa réussite au baccalauréat, ses parents cassent leur tirelire et l’emmènent au Grand Véfour, où il déguste un Château Ducru-Beaucaillou. "Première bouteille, première ivresse", se remémore-t-il. "Avec nous, t’auras pas un bel héritage mais t’auras de beaux souvenirs", lui lâche son père, qui, pour souligner son propre embonpoint, ajoute : "Avant, ta mère c’était ma moitié. Maintenant c’est mon tiers". Ça sent le vécu. Et l'affection.

FX Demaison dans son spectacle "Di(x)vin(s)" au Théâtre de l'Oeuvre (Paris 9e), en avril 2022. (BAZIL HAMARD)

De "Flashdance" à la boxe, un show physique

Le Morgon de Marcel Lapierre, bu en compagnie d’une amoureuse en 1995, "aura toujours le goût de l’insouciance". Et des relents du film Flashdance, dont Demaison mime la fameuse chorégraphie – à mourir de rire. Magnifiquement croqués aussi, sa vieille copine américaine Wendy Jackson qui "adore le France", et surtout l'inoubliable ami catalan, un ogre viril fou de rugby - "ici c’est l’ovalie (…), ici c’est la bienséance, c’est la courtoisie, enculééé !".

En un battement de cils, nous voici en Italie, en compagnie de l’ombrageux viticulteur Giuseppe Quintarelli qui refusait en séance de dégustation que soit recraché son vin – ç’eut été lui cracher à la figure. On découvre aussi sa fille, une ado de quatorze ans très "wesh" qui voudrait nettoyer la planète – "bah déjà, qu’elle range sa chambre" -, et Gérard, son prof de boxe aux faux-airs de Bébel, qui nous rejoue le match LaMotta vs Robinson avec un appétit réjouissant. On s’y croirait.

FX Demaison dans son spectacle "Di(x)vin(s)" au Théâtre de l'Oeuvre (Paris 9e), en avril 2022. (BAZIL HAMARD)

Quatre-vingt-dix minutes d'ivresse du jeu

Pendant une heure trente, le comédien âgé de 48 ans révélé en 2006 dans le biopic Coluche, l’histoire d’un mec d’Antoine de Caunes, partage avec nous son amour de la vie. Monté sur ressorts, il ne s’économise pas, dansant, chantant – en faux Serge Reggiani miaulant le confinement avec des sanglots dans la voix -, cavalant jusqu’au balcon, imitant Lagerfeld, Cocteau et Cluzet, et jouant tous les personnages avec une justesse et un entrain qui font plaisir à voir.

FX Demaison est homme à aller au bout de ses rêves. Cet ancien fiscaliste qui a quitté un cabinet d’audit à New York en 2001 pour assouvir sa passion de la scène, co-dirige depuis 2016 le théâtre de l’Œuvre à Paris (9e), où il joue pour la première fois. Quant au vin, son autre passion, il fait le sien depuis 2018, le Mirmanda, un Côte-du-Roussillon créé avec le sommelier Dominique Laporte dans les Pyrénées-Orientales, son fief depuis qu’il a rencontré il y a six ans sa nouvelle épouse Anaïs, une Catalane. On n’a pas encore goûté le Mirmanda, mais le cru Demaison 2022 est décidément délectable.

"Di(x)vin(s)" de FX Demaison, mise en scène Eric Théobald
Jusqu’au 7 mai (tous les jeudis, vendredis et samedis)
De 22 à 39 €
Théâtre de l’Oeuvre - 55 rue de Clichy Paris 9e
Réservations par téléphone: 01 44 53 88 88

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