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"Le Roi Arthur" règne à La Cartoucherie de Vincennes dans une version royale

Quel meilleur écrin que le théâtre de pierre de l’Epée de Bois, à La Cartoucherie de Vincennes, pour donner une adaptation du cycle arthurien ? Grâce à ses roches ancestrales qui constituent le fond de scène, le décor est là. Ensuite, le texte et l’interprétation sont fidèles à la tradition de Malory qui fit une synthèse de la complexité originelle de la légende du roi Arthur à la Renaissance.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Le Roi Arthur" : Jean-Philippe Bêche,  Antoine Bobbera, Lucas Gonzalez,  Jérôme Keen, Erwan Zamo dans la mise en scène Jean Philippe Bêche (2018)
 (Cedric Vasnier)

Un mythe présent

Arthur, Merlin, Guenièvre, Morgane la fée, Lancelot, Gauvin, Perceval, réunis sur scène. L’événement est assez rare pour être souligné, grâce à l’adaptation du cycle arthurien par Jean Philippe Bêche, adaptateur, auteur et metteur en scène. L’origine du mythe remonte à la nuit des temps. On en perd la source, jusqu’à ce que Thomas Malory en fasse la synthèse ("La Morte d'Arthur", 1469) à partir des romans de Chrétien de Troyes (XIIe siècle), pour le transmettre dans toute sa puissance. Il s’avère toujours pertinent au regard de l’incertitude qui fragilise l’Union européenne contemporaine. Car en parlant de l’unification du royaume de Bretagne médiéval, "Le Roi Arthur" résonne avec la crise que traverse l’Europe d’aujourd’hui.
Cela s’appelle la modernité : la prescience d’un discours et sa pérennité à travers les âges. Arthur est éternel et s’avère encore plus d’actualité de nos jours. Ces histoires de pouvoir, de querelles entre royaumes, d’incestes, d’adultères, de "terre gaste" (terre malade qui renvoie à l’écologie) et d’idéal (le Graal) parlent du monde dans lequel nous vivons. Les mythes sont là pour nous ramener aux fondamentaux.

Sens de l’épique

Comme John Boorman se référait déjà à Malory dans son film "Excalibur" (1981) pour visualiser une synthèse de la légende du Roi Arthur, Jean Philippe Bêche s’abreuve à cette même source. L’on y retrouve des raccourcis un peu semblables, comme de fondre les personnages de Perceval et de Galaad en un seul pour simplifier l’intrigue. Mais les grandes lignes du récit sont respectées avec un sens de l’épique indispensable à la transmission du mythe. Ainsi si le cadre aux réminiscences médiévales du Théâtre de l’Epée de bois est idéal à la pièce, les costumes, même s’ils sont modernisés, conviennent parfaitement, avec un bémol pour la robe un peu "flashy" (très variétés des années 70) que porte Morgane. Mais les combats à l’épée sont spectaculaires et de toute beauté, sauf la mort d’Arthur et de Mordred, ratée lors de la Première et qui a été sans doute été corrigée depuis.
Jean Philippe Bêche parvient à donner sur scène tout le souffle arthurien, dans un beau spectacle visuel avec un texte de belle facture. Il a la source d’inspiration pour y parvenir, mais c’est aussi un risque que de s’attaquer à un tel monstre littéraire. Il évite bien des écueils, bénéficiant d’un beau décor et d’éclairages suggestifs, mais surtout d’acteurs remarquables tant dans la maîtrise d’un texte difficile, que dans leur prestation physique. Ce "Roi Arthur" arrive au bon moment, alors que l’Europe se cherche et aurait bien besoin d’un unificateur inspiré, comme le fut le souverain de Camelot.

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