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Jacques Weber joue le débat présidentiel de 1988 : "La politique et le théâtre laissent des répliques d'anthologie"

Entre les deux tours de la Présidentielle (2-7 mai 2017), Jacques Weber et François Morel vont jouer au Théâtre de l'Atelier le débat présidentiel qui opposa Mitterrand à Chirac en 1988. Invité du 13 heures de France 2 Jacques Weber raconte cette nouvelle aventure.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jacques Weber invité sur le plateau de France 2 pour la pièce "1988 Le Débat, Mitterrand Chirac"
 (France 2 / Culturebox)

Jouer un débat politique sur une scène de théâtre c'est une performance plutôt rare, Jacques Weber et François Morel relèvent le pari sur les planches du théâtre de l'Atelier du 2 au 7 mai.

Les deux comédiens jouent le débat présidentiel qui opposa François Mitterrand à Jacques Chirac le 28 avril 1988. Après avoir campé Valery Giscard d'Estaing en 2007, Jacques Weber revient dans la peau de Mitterrand. Il en parle sur le plateau du journal de France 2. 


Ce soir du 28 avril 1988,  l'échange avait commencé vivement avec Jacques Chirac qui ouvrit le débat :

Permettez-moi juste de vous dire que, ce soir, je ne suis pas le Premier ministre et vous n'êtes pas le Président de la République. Nous sommes deux candidats à égalité et qui se soumettent au jugement des Français, le seul qui compte. Vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand

Ce à quoi François Mitterrand avait rétorqué :

Mais vous avez tout à fait raison monsieur le Premier ministre

Des phrases restées célèbres

Cet échange d'anthologie est assez savoureux. "Un peu comme au théâtre, des répliques sont restées célèbres. Il y a celle-ci, il y a celle de 1974 : 'Vous n'avez pas le privilège du coeur', 'Vous me parlez de l'homme du passé, vous êtes maintenant l'homme du passif.' Et tout cela est resté, comme des répliques de Cyrano ou du Misanthrope", observe le comédien Jacques Weber.
Ces phrases ont rejoint dans nos mémoires les répliques célèbres de notre littérature et plus particulièrement de notre répertoire théâtral. Ce débat fut "joué" et enregistré, il dort à présent dans les archives de l’INA, nous le "jouons" et comme le disait Louis Jouvet : "Au théâtre on joue, au cinéma on a joué." 

Des codes puisés dans le théâtre antique

Concernant le débat politique, Jacques Weber rappelle que les codes qui régissent le dialogue sont assez proches de ceux du théâtre antique. Chez les Grecs déjà, la démocratie athénienne est dirigée par l'art oratoire et l'argumentaire. Eschyle, Sophocle ou Euripide, les premiers auteurs de théâtre, semblent fabriquer un outil pour faire réfléchir le citoyen sur la politique, pour faire œuvre de pédagogie.

Pour autant, Jacques Weber ne compare pas les hommes politiques à des comédiens. "Il y a de très bon tribuns, de très bons conteurs, des gens qui ont une facilité avec la parole publique mais ça n'a rien à voir avec l'interprétation", assure le comédien  qui avait déjà joué Giscard d'Estaing il y a 10 ans lors de l'élection de 2007.  

Lorsqu'il interprète un personnage politique, Jacques Weber se détache complètement de l'idéologie de l'homme. "Il ne s'agit pas de mettre en valeur ou de militer pour lui, mais j'aurais pu jouer Hitler", lance-t-il avant d'ajouter "certains héros de Shakespeare sont tout aussi épouvantables que Monsieur Le Pen". 

  (Théâtre de l'Atelier)

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