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Festival d'Avignon 2015 : tout ce qu'il faut savoir

Le chant des grillons, les trompettes de la Cour d'honneur, le marathon théâtral et son lot de grands frissons et parfois de déceptions, tout cela c'est dans une vingtaine de jours… Et comme chaque année le programme est copieux !
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
"Le Roi Lear" de Shakespeare, mis en scène par Olivier Py
 (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)

Quelques repères pour composer votre menu, en tout cas pour les 1ers jours !


- Avec une boulimie jamais assouvie, il aime explorer tous les genres : cette année c'est Olivier Py lui-même qui ouvre le festival dans la Cour d'honneur du Palais des Papes. Sa mise en scène du "Roi Lear" de Shakespeare, avec Philippe Girard dans le rôle titre (4 au 13 juillet), sera l'occasion aussi d'une nouvelle traduction en vers libres afin que "la pièce soit limpide" et "rapide"… Lear est un texte au galop".

Pourquoi "Le Roi Lear" aujourd'hui ? " : Parce que cette pièce est une prophétie de ce qui allait se passer en Europe trois siècles après son écriture… Le XXe siècle est marqué par un double silence : celui qui a présidé, en philosophie, à un doute sur la force du langage et celui qui a été imposé par la catastrophe d'Auschwitz".

Le Roi Lear sera diffusé en direct le 8 juillet sur France 2 et Culturebox à 22h35 (disponible pendant 6 mois, en audio description et sous-titré en anglais).

Dès le 9 juillet, la retransmission sur Culturebox sera accompagnée d'un dispositif interactif enrichi. Il vous permettra de découvrir les commentaires des principaux personnages autour de l'intrigue. Le fou s'adressera directement aux internautes. 
"Le Roi Lear", mise en scène d'Olivier Py
 (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
Autres affiches intrigantes de ce début de festival :

Tombouctou Déjà-Vu d'Emmanuelle Vo-Dinh, la patronne du Centre chorégraphique national du Havre Haute-Normandie. Elle qui s'intéresse depuis longtemps à la neurologie à travers la répétition du mouvement, met à l'épreuve les liens et l'unité d'une petite communauté de danseurs. Pris au piège d'une narration qui défile en boucle, elle tire des cartes au sort et cherche à faire vaciller chaque situation. Chacun joue avec le bien commun et s'essaie à la liberté. Tombouctou Déjà-Vu sera disponible en replay sur Culturebox mi-juillet.

- La répétition ou plutôt le langage considéré comme une source inépuisable, sera également au cœur du "Vivier des Noms" de Valère Novarina.

"Le Vivier des Noms", est né de l'un des carnets de l'auteur dans lequel il a consigné des noms de personnages. "Plusieurs milliers de noms me sont venus ainsi, comme dictés, je ne les retouche jamais" : la pièce est née peu à peu de ce surgissement.

Au Cloître des Carmes, les comédiens (Agnès Sourdillon, Dominique Parent, Nicolas Struve…) vont prêter leur souffle à ce texte, à ce "tourbillon du langage", selon les propres mots de Novarina qui conçoit l'acteur "comme un moine" qui se livre à "une incorporation profonde du texte, au mangement de la chose écrite…".

- Incontournable, dès le 6 juillet, le "Richard III" de Shakespeare vu par Thomas Ostermeier. Dans une nouvelle traduction en prose (de Marius von Mayenburg), le metteur en scène allemand ultra-doué, engagé et généreux, veut nous faire entendre autrement un monstre du répertoire qui est avant tout un manipulateur de génie.
Richard III avec Lars Eidinger, mis en scène par Thomas Ostermeier
 (Arno Declair)

"Depuis quelques temps, j'ai vu se multiplier des spectacles…qui semblent toujours savoir où était le bien et où était le mal en l'homme et dans le monde, et souvent avec une certain arrogance… J'ai donc choisi une pièce totalement amorale pour me confronter à l'abîme qui se révèle à l'intérieur de chaque être humain. Je voulais comprendre comment Richard peut séduire les spectateurs alors qu'il se présente avec franchise et sans artifices comme un homme aux actes particulièrement noirs. Il est un diable avec qui cependant le public peut pactiser"… D'autant que le public sera dans une grande proximité avec les acteurs et donc avec Lars Eidinger, qui  incarnera Richard III.

- A guetter un peu plus tard, l'"Ubu" itinérant d'Olivier Martin Salvan (spectacle d'une heure) joué dans quinze lieux pour "rapprocher le Festival d'Avignon des habitants de son territoire". Ubu d'Alfred Jarry dans cette nouvelle version, pratique l'aérobic, comme tout le pays derrière lui ! "Cette discipline fonctionne très bien avec le décervelage qui a cours dans la pièce mais aussi dans la société. On parle beaucoup aujourd'hui d'un besoin permanent de se vider la tête sans se demander à quel moment on la remplit", souligne Martin-Salvan, dont on n'a pas oublié la version de Carmen.
Olivier Martin Salvan dans Ubu d'Alfred Jarry
 (Yvan Clédat)

- Une grande actrice, habituée des lieux, Isabelle Huppert fera résonner, seule dans la Cour d'honneur le dilemme de la morale et du cynisme grâce à des textes de Sade réunis par Raphaël Enthoven. C'est lui qui a eu l'idée de ce spectacle au titre… sadien : "Juliette et Justine, le vice et la vertu".
Isabelle Huppert lit Sade
 (Peter Lindbergh)

"Il y a l'expression de deux chemins possible de l'existence humaine. Il était important que ces deux chemins fussent portés par la même personne, en l'occurrence une actrice suffisamment douée pour, en un sourire, en un regard, en une fraction de seconde, basculer d'une identité à l'autre. Dès le montage des textes, il me semblait naturel que ce fût Isabelle Huppert qui le lût et l'incarnât". Une représentation unique, forcément très courue, le 9 juillet.

- On vous signale aussi un spectacle qui est l'essence même de ce que constitue Avignon depuis sa création. "Des arbres à abattre" d'après Thomas Bernhard, mis en scène par un des grands de la scène européenne, le Polonais Krystian Lupa. Un spectacle en polonais sous-titré. C'est à La Fabrica. 4h20 qui feront courir les amateurs de découvertes.

- Pour se remettre et aussi pour les enfants : "Riquet", le spectacle de Laurent Brethome d'après Riquet à la houppe de Charles Perrault. L'occasion de découvrir un metteur en scène nourri à la Comédie de Saint-Etienne, un des hauts lieux du théâtre populaire.

A partir du 15 juillet d'autres grands rendez-vous, parmi lesquels : "Retour à Berratham", 2e création d'Angelin Preljocaj inspirée d'un texte de Laurent Mauvignier (17 au 25 juillet), "L'amour et les forêts", un concert-spectacle qui marrie les voix du groupe Feu! Chatterton à celle de l'écrivain Eric Reinhardt (19 juillet à 22h), "Meursaults", d'après "Meursault, contre-enquête" de Kamel Daoud, adaptation et mise en scène de Philippe Berling (21 au 25 juillet), "Cassandre" d'après Christa Wolf avec Fanny Ardant (22 juillet à 18h), "Homériade" de Dimitris Dimitriadis, avec Robin Renucci (25 juillet à 18h).

Nouveauté 2015 : La NEF des images 

Eglise des Célestins, du 4 au 25 juillet, de 11h à 19h. Entrée libre.

Découvrir un spectacle auquel on n'a pas pu assister ou revivre un moment fort, ce sera possible dans l'espace de fraicheur qu'offre l'église des Célestins.

Toute la mémoire du festival, depuis 1947 sera proposée : films, documentaires et captations au rythme de deux à trois projections par jour.

Seront proposés également des événements "hors format", comme la projection de l'intégralité du "Henry VI" de Thomas Jolly, création Avignon 2014 qui a remporté le Molière de la mise en scène du théâtre public.

A noter qu'une vingtaine de films proposés dans la NEF des images sera disponible sur Culturebox pendant trois mois : "Richard III" de Ludovic Lagarde, "L'acte inconnu" de Valère Novarina, "Orlando" d'Olivier Py, "Battuta" de Bartabas, "Les pieds dans l'eau" de Jerôme Deschamps et  Macha Makeïeff, "Pouvoir des folies" de Jan Fabre, "Paysage après la bataille" d'Angelin Preljocaj, "Asobu" de Josef Nadj, "Henry VI" de Thomas Jolly, Woyzeck de Thomas Ostermeier, "Médée" de Jacques Lassalle, "Mademoiselle Julie" de Frédéric Fisbach, "Papperlapapp" de Christoph Marthaler, "Inferno" de Romeo Castellucci, "Cour d'honneur" de Jérôme Bel, "La Mouette" d'Arthur Nauzyciel, "Cesena" de Teresa de Keersmaeker…

Exposition Patrice Chéreau, un musée imaginaire 

11h-19h Collection Lambert, à partir du 10 juillet

Pour rendre hommage à Chéreau, l'homme de théâtre, de cinéma et d'opéra, le parcours proposé associera notes, esquisses, entretiens filmés de l'artiste avec des œuvres d'art. Chaque salle est un condensé de ses obsessions et de ses passions : l'engagement politique, les années sida, le rapport au corps et à l'amour, la passion de l'histoire…


Retrouvez ici  tout le programme du festival d'Avignon

Pour réserver en ligne. A partir du 15 juin, 10h

Réservation par téléphone, à partir du 15 juin : 04 90 14 14 14  
Du 15 juin au 3 juillet, du lundi au vendredi de 10h à 17h
A partir du 4 juillet, tous les jours, de 10h à 19h





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