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Christiane Taubira, oratrice et comédienne, fait un carton au Festival d'Avignon

Elle était attendue comme une star sur le tapis rouge de Cannes. Au festival d'Avignon ce matin, Christiane Taubira a lancé le premier épisode du feuilleton quotidien sur les grands textes politiques qui l’ont inspirée, et qu’elle animera jusqu’au 23 juillet dans le Jardin Ceccano.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Christiane Taubira à avignon le 8 juillet 2017
 (S.Jouve/Culturebox)

Dès 11h ce samedi matin le jardin Ceccano au cœur d’Avignon était littéralement pris d’assaut, les bancs étant archi-complets, on s’assoit sur le sol poussiéreux. A peine sonné midi au clocher de l’église voisine, Christiane Taubira s’avance au milieu d’une meute de photographes. Le calme revenu, elle monte sur scène, et dans un silence complet sa voix si particulière commence à retentir : "Écoute, écoute, dans le silence de la mer, il y a comme un balancement maudit qui remet le coeur à l'heure".

L'arrivée de Chritiane Taubira dans le Jardin Ceccano
 (S.Jouve/Culturebox)
Un extrait du poème de Léo Ferré, "plein de rage et parsemé d'horreurs", selon ses mots, en guise d’introduction à ce feuilleton politique. "J’ai cédé à mes penchants dit-elle dans un sourire, je vais parler des femmes, leurs combats, nos combats, leurs regards, nos regards et aussi parfois des hommes, les hommes idiots, condescendants, parfois perspicaces" (éclat de rires de l’assemblée). Et voilà l’ancienne Garde des sceaux dans une envolée dont elle a le secret, énumérant les thèmes des jours à venir : droits des femmes, conquête sociales, laïcité, peine de mort…

Reportage : Christian Tortel, Albane Lussien, Philippe Champenois

Femmes de lettre, amoureuse de la poésie, Taubira cite Aimé Césaire, Virginia Woolf ("aucun de nous n’est complètement en lui seul") ou Olympe de Gouges qui met au même niveau le combat pour l’égalité des femmes et celui pour la liberté des esclaves. Il sera aussi question des réfugiés "qui nous ressemblent", de Bernanos s’inquiétant de "ce monde qui a trop de puissance pour ce qu’il a d’honneur", des rêves de lumière qui surgissent un peu partout…

Une "hôtesse privilégiée"

Je serai une hôtesse privilégiée conclut-elle sous des applaudissements nourris, avec cette voix et ce charisme à rendre jaloux les comédiens présents.

Après cette prise de parole d’une quinzaine de minutes, Christiane Taubira s’éclipse dans la foule jusqu’au salut final. Des élèves du conservatoire, et des comédiens plus âgés, se lèvent un a un pour lire son choix de textes du jour qui évoque l’immigration, l’exil forcé, la peur irrationnelle de l’autre et ce paradoxe des réfugiés : leur espoir.
  (Sophie Jouve/Culturebox)
Sur le plateau, de simples chaises avec des pancartes portant le nom des auteurs : "Senghor", "St John Perse", "Neruda", ou la somalienne Warsan Shire a qui l’on doit ces propos sur l’exil : "Personne ne quitte sa maison à moins que sa maison soit devenue la gueule d'un requin".

On regrette cependant de ne pas toujours identifier les auteurs. Malgré cette lacune, le public concentré prend un réel intérêt à entendre ces textes incarnés de façon si différente, et à faire partie de ce moment de partage.
  (Sophie Jouve/Culturebox)
Après “La République de Platon” du philosophe Alain Badiou qui avait démarré ce rendez-vous il y a deux ans et les grandes heures du festival racontées par Thomas Jolly l’année dernière, ce nouveau feuilleton s’annonce comme le hit d’Avignon 2017 !

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