À Rennes, la pièce de théâtre "Barre-toi !" fait revivre la violence du plan social de la Barre Thomas

La brutalité du plan de licenciement avait marqué les esprits. En 2007, à Rennes, 200 salariés de l'usine de la Barre Thomas, étaient remerciés. Aujourd'hui, une pièce de théâtre, basée sur leurs témoignages, raconte leur histoire.
Article rédigé par franceinfo Culture - Joanne MASSARD
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
À Rennes, la pièce de théâtre "Barre-toi" revient sur la brutalité du plan de licenciement de l'usine de la Barre Thomas en 2007. (FRANCE 3 RENNES)

À Rennes, c'est une histoire qui a marqué les esprits. En 2007, quelque 200 salariés de la Barre Thomas, l'ancien site de production automobile Citroën, étaient brutalement licenciés. Aujourd'hui, une pièce de théâtre, entièrement basée sur leurs témoignages, se joue sur les planches. Inspirée du livre éponyme paru en 2009, Barre-toi ! retrace leur lutte contre ce plan social et leur dignité.

Une pièce de théâtre fait aujourd'hui revivre ce conflit social au public.
En 2007, 200 salariés de l'usine de la Barre Thomas étaient licenciés. Une pièce de théâtre fait aujourd'hui revivre ce conflit social au public. (FRANCE 3 RENNES)

Sur scène, les comédiennes et comédiens de la compagnie Le 4e écho adaptent avec talent cette pièce depuis un an et font salle comble à chaque représentation. Ils rejouent une histoire vraie, connue de tous. Une histoire éprouvante. Celle des 200 licenciés de l'ancien site de production automobile Citroën, qui avait été racheté par le fonds de pension américain Silver Point à Rennes. Un plan social en avait découlé, malgré l’avis défavorable du comité d’entreprise et de l’absence d’accord avec les syndicats. À l’époque, ces licenciements violents avaient ému l’opinion publique et une partie la classe politique : "Je connaissais des personnes qui ont fait partie de cette entreprise et qui ont vécu ce plan social. Leur histoire m'a touché. La violence, la rapidité des licenciements, et surtout la non-considération de l'être humain m'ont marqué.", témoigne Maëlle Maugirard, comédienne de la troupe amateur Le 4e écho.

Dans la salle, deux hommes, anciens salariés, ont pu assister aux répétitions avant la première représentation. À l’époque des faits, ils étaient représentants syndicaux et avaient attaqué le plan social au tribunal. Cette pièce, pour eux, c’est beaucoup d’émotions : "J'ai pleuré, plein de fois. J'ai eu beaucoup de peine. C'est quelque chose d'important d'avoir redonné de la dignité à 200 personnes que l'on a piégées comme des chiens dans une usine où l'on avait pourtant besoin d'eux", témoigne Bernard Langevin, ancien représentant syndical CFTC aujourd'hui à la retraite.

En 2009, le plan social est déclaré nulle part le tribunal. Mais après deux ans de lutte, la peur du chômage avec son cortège de violence était toujours ancrée chez certains salariés : "Une partie des employés qui ont été licenciés auraient pu avoir droit à des primes de licenciement supplémentaires. Ils ne les ont pas demandées", avoue Alain Le Bras, représentant CGT, toujours salarié chez Continental.

Une pièce qui permet aujourd'hui au public de ressentir le traumatisme que peut laisser un tel plan de licenciement : "Les personnes qui n'ont pas abordé ce sujet depuis 10 ans ont décidé de le faire auprès de leurs familles, leurs amis après avoir vu la pièce. C'est vraiment des moments forts et touchants pour nous", témoigne David Cabon le metteur en scène. La troupe de théâtre amateur Le 4e Écho a joué ce spectacle à treize reprises. Une pièce, comme un hommage à la lutte de ces salariés et au combat qu'ils ont mené pour leur dignité et le traumatisme qui en a découlé.

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