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Pierre Dac : 40 ans sans le Sâr Rabindranath Duval

Il y a quarante ans jour pour jour, le 9 février 1975, disparaissait l’humoriste Pierre Dac. Son humour absurde et loufoque a marqué le public et nombre d’humoristes pour qui il reste une référence incontournable. Mais Pierre Dac était aussi un résistant et un homme secret. A l’occasion des 40 ans de sa disparition, son œuvre est republiée à travers plusieurs ouvrages.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une facette moins connue de Pierre Dac, celle du résistant. L'humoriste fut chroniqueur pour Radio Londres dès 1943.
 (AFP)
Reportage : M. Vial / B. Vidal
D’où ou de qui Pierre Dac tient-il cet humour si particulier qui quarante ans après sa mort reste une référence ? De ses jeunes années, on sait peu de choses. Pierre Dac est né Pierre Issac, le 15 août 1893 à Châlons-sur-Marne (devenu depuis Châlons-en-Champagne), dans une famille modeste d’origine juive. En Août 1914, il a 21 ans et part sur le front dont il revient avec deux blessures. Puis il monte à Paris où il se produit dans plusieurs cabarets dont "La Vache Enragée" à la Butte-Montmartre. 

Ses premières éditions de radio sur le poste parisien débutent en 1934 avec une émission nommée "Le club des loufoques". Après la scène et la radio, Pierre Dac se lance dans l’écrit et fonde en 1938 " L’Os à Moelle", un hebdomadaire humoristique dont les petites annonces sont rédigées par un débutant nommé Francis Blanche.
  (DR)
L’esprit du journal et ses positions contre Hitler lui sont fatales et sa parution cesse en juin 1940. Pierre Dac réussit à rejoindre Londres où il devient un pilier des émissions en français de Radio Londres à partir de 1943. L'après-guerre est une période étrange, marquée par une activité intense mais aussi par une profonde dépression.

Derrière son humour loufoque voire corrosif, Pierre Dac cache en effet une souffrance liée aux deux guerres et à la mort de son frère dans le conflit de 14-18. Pierre Dac tentera à quatre reprises de se suicider. 

Mais cette période est aussi marquée par son duo avec Francis Blanche. Ensemble, ils créent des feuilletons radiophoniques et des sketches dont le célèbre Sâr Rabindranath Duval ou encore celui de "LA voyante Madame Arnica" (1957)
Autre période marquante de la vie de Pierre Dac : sa candidature à la présidentielle de 1965 sous la bannière du M.O.U., le Mouvement ondulatoire unifié dont le slogan est « Les temps sont durs, votez MOU ! » (une initiative qui rappelle celle de Coluche quelques années plus tard). Face à lui, De Gaulle, président sortant, François Mitterrand et Jean Lecanuet. A la demande de l’Elysée, Pierre Dac abandonne sa campagne. son neveu adoptif et ayant-droit, a réédité ses œuvres complètes aux éditions Omnibus.

Dix ans plus tard, cet homme discret s’éteint. "La mort" disait-il (en reprenant Alphonse Allais), "n'est en définitive, que le résultat d'un défaut d'éducation puisqu'elle est la conséquence d'un manque de savoir vivre ".

Des livres pour retrouver l'esprit du "maître 63"

Le journaliste et scénariste Jacques Pessis, son neveu adoptif et ayant-droit, a réédité ses œuvres complètes aux éditions Omnibus. A lire également une réédition au Cherche-Midi des "Pensées de Pierre Dac" (publiées une première fois en 1972)  illustrées par Cabu. Le dessinateur avait accepté de participer à cet ouvrage pour le  40e anniversaire de la mort de l'humoriste, originaire comme lui de Châlons-sur-Marne. Les deux hommes se sont rencontrés une seule fois, en 1969 à Paris, lorsque Pierre Dac a remis à Cabu ( alors âgé de 31 ans) son premier prix, celui du Crayon d'or. Un moment important pour le jeune dessinateur , fidèle lecteur de L'os à moelle, que sa grand-mère lisait et conservait précieusement.

Une exposition intitulée "Cabu et Pierre Dac : deux histoires d'amour châlonnaises" est prévue à Châlons du 24 avril au 5 juin 2015.
  (Cherche-Midi Editions)
"Les Pensées de Pierre Dac illustrées par Cabu",
Aux éditions Cherche-Midi
210 pages - 15 euros. 
 

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