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"C'est génial d’avoir un rapport immédiat avec son public" : l'humoriste youtubeur Monsieur Poulpe pour la première fois sur scène

Monsieur Poulpe est sur scène avec son spectacle "Nombril" où il se dévoile avec une grande sincérité mais toujours avec ce ton décalé qui plaît tant. L'humoriste raconte à Franceinfo cette première expérience sur scène.
Article rédigé par Marianne Leroux
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
Monsieur Poulpe pour son premier one-man-show. (Léa Rouaud)

Youtubeur, comédien, scénariste, animateur télé... Monsieur Poulpe est sur tous les fronts, mais pour la première fois, à 42 ans, il se raconte dans un spectacle, c'est au Palais des Glaces jusqu'au 1er avril. L'occasion d'apprendre à connaître cet homme un peu mystérieux et sensible qui se cache bien souvent derrière ses blagues et son pseudo. 

Parler de soi pour la première fois 

C'est en 2015 environ que l'humoriste commence à vouloir faire de la scène mais l'homme tentaculaire ne trouvait pas de créneau pour écrire un spectacle. Il a alors beaucoup cogité pendant la période du Covid-19 et s'y est mis enfin l'an dernier. "Ça a été une année assez lourde parce que tester un spectacle de 1h30, c’est beaucoup de temps et d’énergie", nous confie le comédien. Pour son premier one-man-show, il était important avant tout de se présenter. Son public connaît son côté décalé et parfois trash mais il ne soupçonne pas nécessairement l'homme vulnérable derrière le pseudo de mollusque. "Je voulais parler de certaines choses plus profondes mais je ne savais pas comment les aborder, si c’était en série, en film, en BD et je me suis dit que la scène pouvait être finalement le bon endroit pour ça".

Le titre du spectacle, Nombril, a une origine que l'on saisit dès le début du show. Il y a cinq ans, Monsieur Poulpe souffrait de maux de ventre au niveau du nombril. Il a fini par comprendre que ses névroses, son stress et sa peur de l'engagement se traduisaient en cette douleur ventrale. "Certaines personnes vivent la même chose, l'idée c'est qu'en regardant mon spectacle, elles s'y retrouvent. J’en ai beaucoup qui me disent : je comprends pourquoi j’ai mal au ventre", nous raconte-t-il avec un petit rire. "Dans ce métier passion où on fait tout le temps des blagues, on ne se rend pas compte que c’est énormément de charge mentale, de stress et d’angoisse. Ça s'accumule et puis un moment, ça nous pète au visage". Mais le titre vient évidemment aussi du fait que "parler de soi sur scène, c’est quand même très nombriliste de la part d’un artiste, il était important de le rappeler". 

Le plaisir du public

Le spectacle est touchant de sincérité, mais il se veut avant tout drôle, quitte à être parfois malaisant : "Le but c’est qu’il y ait plus de rires que de moments sérieux parce que je suis avant tout humoriste mais j’enlève pas mal de filtres et je parle de ma vie, de ma famille, de mes amours et de mes expériences. Parler de qui je suis vraiment". Il raconte, par exemple, que son manque de stabilité et sa peur de l'engagement dans sa vie d'adulte s'expliquent par ses nombreux déménagements lors de son enfance causés par les affectations d'un père gendarme. Ce qui ne lui a pas permis de créer de liens à l'école, ni d'amitiés sincères.

Dans sa série Les frères Pétoux sortie en décembre dernier sur Canal+, il opte comme dans son spectacle, pour le mélange des genres. "Je trouve ça intéressant de changer mon écriture et de mélanger des blagues avec des sujets plus touchants. Quand on fabrique des blagues, on fabrique de la surprise avant tout... Fabriquer de l’émotion, c’est tout aussi surprenant et très sympa à explorer", avoue le youtubeur. 

Etre sur les planches le comble pour l'atmosphère : "Lorsqu'on fait de l'humour en audiovisuel, on crée de l'émotion chez son public mais on ne le voit jamais. On n'a pas vraiment de retour et on ne se rend pas compte de l’impact. La scène c'est très différent : "C'est génial d’avoir un rapport immédiat avec son audience. Tous les soirs on sent une ambiance générale qui est hyper intéressante à travailler en direct. J’improvise beaucoup et j’aime avoir ce truc où parfois il y a du malaise, parfois du rire, parfois de l’émotion, parfois de l’incompréhension, parfois de la sidération, c'est très stimulant d’avoir un vrai rebond". 

"La vulnérabilité n'est pas une faiblesse" 

Pour le comédien, il était temps que les hommes parlent enfin de leurs émotions et de leur vulnérabilité : "Pendant la période MeToo, il a fallu que les femmes s'expriment et il était important qu’on entende cette indignation et cette souffrance. Aujourd'hui, c'est le bon moment pour que les hommes s’expriment. Parler de sa vulnérabilité, ce n’est vraiment pas une faiblesse. Parler de ce qui nous fait souffrir, ça fait avancer tout le monde : les personnes qui le disent, parce qu’elles se délaissent d’un poids et c'est très libérateur. Mais c’est aussi très inspirant pour les gens qui écoutent", confie Monsieur Poulpe. "Je reçois beaucoup de messages privés d'hommes qui ont vu mon spectacle et qui me disent : ça m’a fait beaucoup réfléchir, je me suis retrouvé dans ce que tu as dit".

Le Palais des Glaces est comble tous les soirs et l'artiste mesure sa chance : "c’est très dur car les gens sortent moins qu’avant. Certains humoristes sont obligés d’annuler des dates ou galèrent à remplir des grosses dates. Et c’est dommage parce qu’en ce moment j’ai l’impression que les humoristes parlent beaucoup plus de choses de fond qu’avant, j’ai l’impression que c’est une période très enrichissante". Pour Monsieur Poulpe c'est loin d'être terminé, l'humoriste prépare déjà son prochain one-man-show. 

Monsieur Poulpe pour son premier spectacle "Nombril". (LEA ROUAUD)

Le spectacle "Nombril" de Monsieur Poulpe, du jeudi au samedi à 19h30, jusqu'au 1er avril au Palais des Glaces à Paris. 

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